Il faut rappeler que du 3 au 8 mars 2021, le Sénégal a connu des scènes de pillage et des manifestations d’une rare violence. Ces événements faisaient suite au placement en garde à vue de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viol par une jeune masseuse, Adji Sarr, travaillant dans un salon de beauté. Réagissant à ces attaques contre des édifices publics et des biens privés, Macky Sall a, dans son discours à la Nation du 8 mars, lancé à la jeunesse ce message : « Je vous ai compris ».
Depuis lors, la communication gouvernementale s’oriente sur un axe : ces violentes manifestations sont le résultat d’un ras-le-bol social et d’une jeunesse confrontée au manque d’emplois. Il fallait donc une réponse. Celle-ci prend la forme d’une réorientation budgétaire pour faire de l’emploi des jeunes une priorité nationale.
« J’engagerai dans les meilleurs délais une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel », avait indiqué le chef de l’Etat.
Cette ambition de lutter contre le chômage des jeunes a été réaffirmée lors du discours traditionnel de la veille de la fête nationale du 4 avril.
Ainsi, a-t-il décidé d’une réorientation des allocations budgétaires à hauteur de 450 milliards de fcfa au moins, sur trois ans, dont 150 milliards pour cette année. Des ressources destinées au financement du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes dénommé « Xëyu ndaw ñi ».
LANCEMENT DU PROGRAMME D’URGENCE POUR L’INSERTION SOCIO-ÉCONOMIQUE ET L’EMPLOI DES JEUNES
Le gouvernement joue son va-tout
Quinze jours après son message à la Nation du 03 avril, le Président de la République Macky Sall a organisé le Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, le 22 avril dernier au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD). Àvec ce format, il lui a été donné l’occasion d’écouter les doléances et attentes de l’ensemble des conseils régionaux de jeunes, qui sont les instances représentatives des jeunes.
À l’issue de ce forum, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a dévoilé les contours du Programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes. Selon lui, le programme va aider à créer 443 000 emplois et auto-emplois en « mode diligence ». Il s’agit d’après son exposé, de 91 000 emplois, de 352 000 auto-emplois et de 73 000 personnes formées.
« La question de l’emploi reste une préoccupation » rappelles-t-il, avant d’ajouter que « plus d’un million de jeunes sénégalais sont en chômage. Pourtant, poursuit-il, ce ne sont pas les efforts qui manquent. Entre 2010 et 2020, le gouvernement a injecté plus de 450 milliards dans des programmes de jeunesse. Mieux, des structures d’appui comme l'Anpej, le Prodac, la Der ont été mis en place pour accompagner les jeunes. Rien que la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der/Fj) a impacté 105 000 bénéficiaires », avait-il souligné.
Démarrage du recrutement de 65000 jeunes dont 5000 enseignants
Le programme d’urgence pour l’emploi des jeunes prévoit des « recrutements spéciaux ». Il s’agit, entre autres, de l’enrôlement de 5000 enseignants par dépôt en ligne, lancé le 3 mai dernier. Ensuite, il y a le recrutement de 60000 jeunes dans le cadre des travaux d’intérêt commun comme le reboisement, l’hygiène publique, la sécurité, l’entretien routier, le pavage sur l’ensemble du pays. Par ailleurs, d’autres projets seront portés par l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) pour une enveloppe de 24 milliards de fcfa.
Avec l’aménagement de fermes intégrées et le développement des filières horticoles, 26000 emplois seront créés dans ce secteur sur la période 2021-2023.
SECTEUR PRIVÉ MIS A CONTRIBUTION
15000 emplois attendus de la convention État-employeurs
Lors du Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, en avril dernier, le Président Macky Sall avait annoncé que le budget de la convention Etat-employeurs allait passer de 1 milliard de fcfa à 15 milliards par an. Le montant de ce budget pour l’année en cours est de 9,6 milliards fcfa.
Dans la foulée, le Chef de l’Etat a préconisé en Conseil des ministres une « large concertation » en vue de la mise en œuvre effective de « la nouvelle doctrine » de la convention Etat-employeurs, qui doit favoriser la création d’au moins 20.000 emplois.
Il a ainsi demandé aux ministres chargés de l’Emploi, du Travail, des Finances et de l’Economie d’« organiser, dans les meilleurs délais, une large concertation avec le secteur privé, afin d’opérationnaliser la nouvelle doctrine de la convention Etat-employeurs ».
Pour rappel, cette convention, initiée en 2000, prévoit des stages (d’apprentissage, d’incubation ou d’adaptation et ou de requalification), un programme de « contrat de solidarité », de « contrat d’essaimage » et de financement des ressources humaines des Pme pour les jeunes diplômés sans emploi dans les entreprises. Ces derniers bénéficient d’une allocation mensuelle versée directement pour partie par les entreprises et pour partie par l’Etat à travers le Fonds national d’actions pour l’emploi (Fnae).
La formation, un pilier fondamental du programme
Lors de la présentation du Programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a souligné que la formation professionnelle est un pilier fondamental du projet.
D’après lui, 30000 jeunes, essentiellement des talibés et des déscolarisés, seront formés à des métiers porteurs. 20000 chauffeurs seront aussi accompagnés dans le cadre de ce programme. Aussi, d’après lui, un accent particulier sera mis sur le financement de l’autonomisation et de l’entreprenariat avec l’accompagnement pour l’installation d’unités dans les secteurs de la menuiserie, de l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage.
Pour réussir ce projet, M. Hott insiste sur les facteurs clés à savoir la générosité, la citoyenneté, le respect du cadre de vie, l’équité sociale et territoriale, à travers un « ciblage équitable » qui sera fait avec l’aide de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Pour l’atteinte les objectifs en termes de qualification et d’emploi des jeunes, des Centres de formation professionnelle et technique sont également prévus, en raison d’un Centre par département dont 15 devraient démarrer cette année.
Des pôles-emplois pour une cohérence d’ensemble
Lors de son discours d’ouverture du Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, le chef de l’Etat Macky Sall avait annoncé le démarrage de cinq centres « Pôle-emploi et entreprenariat pour les jeunes et les femmes », à partir de cette année, afin de mieux encadrer les jeunes bénéficiaires des financements.
L’objectif, est « d’améliorer la cohérence d’ensemble des structures pour une meilleure mutualisation de leurs moyens ».
Après la réception de ceux de Colobane et de Guédiawaye par la ministre de la Jeunesse Néné Fatoumata Tall et son collègue en charge de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Dame Diop, le chef de l’Etat Macky Sall a inauguré celui de Kaffrine, le 29 mai dernier, lors de sa tournée économique. Avec ce dispositif dit-il, « L’Etat doit assurer la synergie parce que c’est le même objectif qui est visé. « Il faut que cet esprit de partenariat soit compris par tous, parce que les services de la Der/Fj, de l’Anpej, et de l’Adepme vont concourir à donner un service de qualité à la jeunesse, aux femmes, au public », a souligné M.Macky Sall.
De fortes attentes chez les jeunes
Emplois durables, financement des projets, les jeunes espèrent sortir du chômage et construire leurs vies. D’où les importantes attentes par rapport aux programmes de recrutement lancés le mois dernier par l’Etat et l’accompagnement financier piloté par la Délégation à l’entreprenariat rapide pour les Femmes et les jeunes (Der/Fj).
Malgré la canicule, huit jeunes hommes âgés entre 18 et 30 ans jouent au football sur un terrain réduit, en face de la gare de péage de Thiaroye, en cet après-midi du jeudi 3 juin. Entre tacles, coups de tête et moqueries à la suite de dribbles ratés ou réussis, ils y vont à fond dans ces séances de jeu réduit appelé « petits camps ». D’autres attendent leur tour sur le banc de touche, à côté d’une dizaine de spectateurs. Parmi eux, Ousmane Ndao.
Casquette sur la tête, le corps couvert d’une tenue traditionnelle grise, le bonhomme de 27 ans tire sur sa cigarette. Taquin, il se laisse facilement embarquer sur un autre terrain, celui de l’emploi. Une sur-priorité selon lui. « Le développement passe par la jeunesse. On a l’impression que les gouvernements ne le comprennent pas. Après une formation en transport logistique, je n’arrive même pas à trouver un stage. J’ai fini par postuler au programme de recrutement des 5000 enseignants. J’espère être parmi les candidats retenus », dit-il, le regard suivant le ballon rond.
À côté de lui, Abdourahmane Gningue en a marre du chômage. Depuis l’arrêt de ses études, en classe de 4ème, il est tantôt dans la maçonnerie, tantôt dans le business d’habits. Son souhait est de se stabiliser. « J’entends les agents de la municipalité parler de programme de recrutement des jeunes. Je me prépare pour déposer mon dossier, espérant que les accointances politiques ne vont pas nous priver de ces postes », lâche-t-il, le sourire au bout des lèvres. Tout comme Abdourahmane, Ngoné Niang n’a pas fait d’études poussées.
Elle s’est retirée de l’école après deux échecs à l’examen du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Sans emploi, elle songe à un projet entrepreneurial. « Je souhaite acheter des effets de toilette pour les revendre. Mais les fonds de démarrage constituent mon principal souci », dit-elle, assise devant un atelier de couture. La jeune fille de 26 ans veut bien bénéficier d’un appui de l’Etat mais elle est freinée par « la complexité des procédures ». « Le plus grand problème avec les financements, c’est la complexité des procédures. Avec l’aide d’un ami, j’ai tenté de demander à plusieurs reprises un financement de 300 000 francs CFA mais l’opération échoue tout le temps. Il faut plus de proximité et d’efficacité », recommande Ngoné Niang.
À l’intérieur d’un atelier de couture au quartier Lansar de Thiaroye, le maître tailleur Baba Dieng s’entretient avec une cliente. L’un de ses élèves, installé dans un coin, pied sur la pédale transforme un tissu en Wax de couleur verte en robe. Baba veut développer son activité en y ajoutant la vente de tenues traditionnelles. Pour y arriver, il compte sur la Délégation à l’entreprenariat rapide pour les Femmes et les Jeunes (Der/Fj). « J’ai déposé une demande de financement d’un montant de 3 millions de francs CFA. Je souhaite acquérir de nouvelles machines et acheter diverses variétés de tissus. J’espère bénéficier de cet accompagnement », confie -t-il.
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Depuis lors, la communication gouvernementale s’oriente sur un axe : ces violentes manifestations sont le résultat d’un ras-le-bol social et d’une jeunesse confrontée au manque d’emplois. Il fallait donc une réponse. Celle-ci prend la forme d’une réorientation budgétaire pour faire de l’emploi des jeunes une priorité nationale.
« J’engagerai dans les meilleurs délais une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel », avait indiqué le chef de l’Etat.
Cette ambition de lutter contre le chômage des jeunes a été réaffirmée lors du discours traditionnel de la veille de la fête nationale du 4 avril.
Ainsi, a-t-il décidé d’une réorientation des allocations budgétaires à hauteur de 450 milliards de fcfa au moins, sur trois ans, dont 150 milliards pour cette année. Des ressources destinées au financement du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes dénommé « Xëyu ndaw ñi ».
LANCEMENT DU PROGRAMME D’URGENCE POUR L’INSERTION SOCIO-ÉCONOMIQUE ET L’EMPLOI DES JEUNES
Le gouvernement joue son va-tout
Quinze jours après son message à la Nation du 03 avril, le Président de la République Macky Sall a organisé le Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, le 22 avril dernier au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD). Àvec ce format, il lui a été donné l’occasion d’écouter les doléances et attentes de l’ensemble des conseils régionaux de jeunes, qui sont les instances représentatives des jeunes.
À l’issue de ce forum, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a dévoilé les contours du Programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes. Selon lui, le programme va aider à créer 443 000 emplois et auto-emplois en « mode diligence ». Il s’agit d’après son exposé, de 91 000 emplois, de 352 000 auto-emplois et de 73 000 personnes formées.
« La question de l’emploi reste une préoccupation » rappelles-t-il, avant d’ajouter que « plus d’un million de jeunes sénégalais sont en chômage. Pourtant, poursuit-il, ce ne sont pas les efforts qui manquent. Entre 2010 et 2020, le gouvernement a injecté plus de 450 milliards dans des programmes de jeunesse. Mieux, des structures d’appui comme l'Anpej, le Prodac, la Der ont été mis en place pour accompagner les jeunes. Rien que la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der/Fj) a impacté 105 000 bénéficiaires », avait-il souligné.
Démarrage du recrutement de 65000 jeunes dont 5000 enseignants
Le programme d’urgence pour l’emploi des jeunes prévoit des « recrutements spéciaux ». Il s’agit, entre autres, de l’enrôlement de 5000 enseignants par dépôt en ligne, lancé le 3 mai dernier. Ensuite, il y a le recrutement de 60000 jeunes dans le cadre des travaux d’intérêt commun comme le reboisement, l’hygiène publique, la sécurité, l’entretien routier, le pavage sur l’ensemble du pays. Par ailleurs, d’autres projets seront portés par l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) pour une enveloppe de 24 milliards de fcfa.
Avec l’aménagement de fermes intégrées et le développement des filières horticoles, 26000 emplois seront créés dans ce secteur sur la période 2021-2023.
SECTEUR PRIVÉ MIS A CONTRIBUTION
15000 emplois attendus de la convention État-employeurs
Lors du Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, en avril dernier, le Président Macky Sall avait annoncé que le budget de la convention Etat-employeurs allait passer de 1 milliard de fcfa à 15 milliards par an. Le montant de ce budget pour l’année en cours est de 9,6 milliards fcfa.
Dans la foulée, le Chef de l’Etat a préconisé en Conseil des ministres une « large concertation » en vue de la mise en œuvre effective de « la nouvelle doctrine » de la convention Etat-employeurs, qui doit favoriser la création d’au moins 20.000 emplois.
Il a ainsi demandé aux ministres chargés de l’Emploi, du Travail, des Finances et de l’Economie d’« organiser, dans les meilleurs délais, une large concertation avec le secteur privé, afin d’opérationnaliser la nouvelle doctrine de la convention Etat-employeurs ».
Pour rappel, cette convention, initiée en 2000, prévoit des stages (d’apprentissage, d’incubation ou d’adaptation et ou de requalification), un programme de « contrat de solidarité », de « contrat d’essaimage » et de financement des ressources humaines des Pme pour les jeunes diplômés sans emploi dans les entreprises. Ces derniers bénéficient d’une allocation mensuelle versée directement pour partie par les entreprises et pour partie par l’Etat à travers le Fonds national d’actions pour l’emploi (Fnae).
La formation, un pilier fondamental du programme
Lors de la présentation du Programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a souligné que la formation professionnelle est un pilier fondamental du projet.
D’après lui, 30000 jeunes, essentiellement des talibés et des déscolarisés, seront formés à des métiers porteurs. 20000 chauffeurs seront aussi accompagnés dans le cadre de ce programme. Aussi, d’après lui, un accent particulier sera mis sur le financement de l’autonomisation et de l’entreprenariat avec l’accompagnement pour l’installation d’unités dans les secteurs de la menuiserie, de l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage.
Pour réussir ce projet, M. Hott insiste sur les facteurs clés à savoir la générosité, la citoyenneté, le respect du cadre de vie, l’équité sociale et territoriale, à travers un « ciblage équitable » qui sera fait avec l’aide de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Pour l’atteinte les objectifs en termes de qualification et d’emploi des jeunes, des Centres de formation professionnelle et technique sont également prévus, en raison d’un Centre par département dont 15 devraient démarrer cette année.
Des pôles-emplois pour une cohérence d’ensemble
Lors de son discours d’ouverture du Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, le chef de l’Etat Macky Sall avait annoncé le démarrage de cinq centres « Pôle-emploi et entreprenariat pour les jeunes et les femmes », à partir de cette année, afin de mieux encadrer les jeunes bénéficiaires des financements.
L’objectif, est « d’améliorer la cohérence d’ensemble des structures pour une meilleure mutualisation de leurs moyens ».
Après la réception de ceux de Colobane et de Guédiawaye par la ministre de la Jeunesse Néné Fatoumata Tall et son collègue en charge de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Dame Diop, le chef de l’Etat Macky Sall a inauguré celui de Kaffrine, le 29 mai dernier, lors de sa tournée économique. Avec ce dispositif dit-il, « L’Etat doit assurer la synergie parce que c’est le même objectif qui est visé. « Il faut que cet esprit de partenariat soit compris par tous, parce que les services de la Der/Fj, de l’Anpej, et de l’Adepme vont concourir à donner un service de qualité à la jeunesse, aux femmes, au public », a souligné M.Macky Sall.
De fortes attentes chez les jeunes
Emplois durables, financement des projets, les jeunes espèrent sortir du chômage et construire leurs vies. D’où les importantes attentes par rapport aux programmes de recrutement lancés le mois dernier par l’Etat et l’accompagnement financier piloté par la Délégation à l’entreprenariat rapide pour les Femmes et les jeunes (Der/Fj).
Malgré la canicule, huit jeunes hommes âgés entre 18 et 30 ans jouent au football sur un terrain réduit, en face de la gare de péage de Thiaroye, en cet après-midi du jeudi 3 juin. Entre tacles, coups de tête et moqueries à la suite de dribbles ratés ou réussis, ils y vont à fond dans ces séances de jeu réduit appelé « petits camps ». D’autres attendent leur tour sur le banc de touche, à côté d’une dizaine de spectateurs. Parmi eux, Ousmane Ndao.
Casquette sur la tête, le corps couvert d’une tenue traditionnelle grise, le bonhomme de 27 ans tire sur sa cigarette. Taquin, il se laisse facilement embarquer sur un autre terrain, celui de l’emploi. Une sur-priorité selon lui. « Le développement passe par la jeunesse. On a l’impression que les gouvernements ne le comprennent pas. Après une formation en transport logistique, je n’arrive même pas à trouver un stage. J’ai fini par postuler au programme de recrutement des 5000 enseignants. J’espère être parmi les candidats retenus », dit-il, le regard suivant le ballon rond.
À côté de lui, Abdourahmane Gningue en a marre du chômage. Depuis l’arrêt de ses études, en classe de 4ème, il est tantôt dans la maçonnerie, tantôt dans le business d’habits. Son souhait est de se stabiliser. « J’entends les agents de la municipalité parler de programme de recrutement des jeunes. Je me prépare pour déposer mon dossier, espérant que les accointances politiques ne vont pas nous priver de ces postes », lâche-t-il, le sourire au bout des lèvres. Tout comme Abdourahmane, Ngoné Niang n’a pas fait d’études poussées.
Elle s’est retirée de l’école après deux échecs à l’examen du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Sans emploi, elle songe à un projet entrepreneurial. « Je souhaite acheter des effets de toilette pour les revendre. Mais les fonds de démarrage constituent mon principal souci », dit-elle, assise devant un atelier de couture. La jeune fille de 26 ans veut bien bénéficier d’un appui de l’Etat mais elle est freinée par « la complexité des procédures ». « Le plus grand problème avec les financements, c’est la complexité des procédures. Avec l’aide d’un ami, j’ai tenté de demander à plusieurs reprises un financement de 300 000 francs CFA mais l’opération échoue tout le temps. Il faut plus de proximité et d’efficacité », recommande Ngoné Niang.
À l’intérieur d’un atelier de couture au quartier Lansar de Thiaroye, le maître tailleur Baba Dieng s’entretient avec une cliente. L’un de ses élèves, installé dans un coin, pied sur la pédale transforme un tissu en Wax de couleur verte en robe. Baba veut développer son activité en y ajoutant la vente de tenues traditionnelles. Pour y arriver, il compte sur la Délégation à l’entreprenariat rapide pour les Femmes et les Jeunes (Der/Fj). « J’ai déposé une demande de financement d’un montant de 3 millions de francs CFA. Je souhaite acquérir de nouvelles machines et acheter diverses variétés de tissus. J’espère bénéficier de cet accompagnement », confie -t-il.
Lejecos Magazine