La dégradation de la note du secteur bancaire sénégalais par l’agence Fitch Ratings met en lumière des vulnérabilités qui ne sont pas nouvelles. Dans une analyse récente sur « la restructuration de la dette souveraine » du Sénégal, parue le lundi 8 décembre 2025 sur Lejecos.com, nous évoquions déjà un risque latent majeur : le lien étroit entre l’État et les banques, souvent appelé « nexus banque–État », cette « boucle fatale », constitue un point de fragilité depuis plusieurs années.
Les établissements financiers, fortement investis dans les titres souverains, deviennent automatiquement sensibles aux difficultés budgétaires de l’État. Pour Fitch, cette concentration représente un risque systémique majeur qui pourrait peser sur la stabilité du secteur et sur l’économie nationale.
Sa sentence reflète ainsi une hausse significative du risque systémique liée à l’exposition élevée des banques à la dette souveraine sénégalaise, dans un contexte de tensions budgétaires et de liquidité au niveau de l’UEMOA. La note OE (Environnement opérationnel bancaire) du Sénégal est désormais la plus basse parmi les marchés africains où Fitch note les banques, soulignant une plus grande vulnérabilité que ses homologues régionaux et de fortes pressions budgétaires qui pourraient limiter la qualité du crédit du secteur bancaire.
Une première victime
La révision à la baisse de l’environnement bancaire (OE) par Fitch est un avertissement global sur le système bancaire sénégalais, ce qui renforce l’idée d’un risque systémique et partagé. Les premières conséquences sont déjà perceptibles. Certaines banques sénégalaises ont vu leur « Viability Rating » abaissé à « ccc », soulignant des bilans fragiles et une capacité limitée à absorber des chocs financiers.
Entre le 24 et le 28 novembre 2025, Fitch avait déjà publié des décisions de dégradation concernant plusieurs établissements individuels au Sénégal, confirmant une tendance de risque accru dans le secteur bancaire. Le cas d’une banque de la place dont nous tairons le nom sert d’exemple concret d’un établissement dont la « viabilité » a été jugée fragile du fait de l’exposition souveraine.
Fitch a confirmé sa note de défaut émetteur long‑terme « B‑ / Stable », tout en abaissant sa « Viability Rating » (VR) à « ccc » (contre « b‑ » précédemment)), avertissant que l’exposition élevée de ladite banque à la dette souveraine (notamment de l’État sénégalais et d’autres États de l’UEMOA vulnérables) pèse fortement sur la qualité des actifs, la capitalisation et la solidité.
La combinaison fonds propres modestes et accumulation de titres souverains réduit leur marge de manœuvre face à une tension de liquidité, tout en accentuant la dépendance à la BCEAO.
Signal d’alarme précoce
Fitch ne cherche pas à « punir » le pays, mais à signaler un risque latent. L’alerte est claire : si aucune action n’est entreprise pour réduire l’exposition souveraine, renforcer la discipline budgétaire et diversifier les sources de financement, les banques et l’État pourraient se retrouver dans un cercle vicieux où la confiance des investisseurs et des déposants se détériore rapidement.
La dégradation de Fitch anticipe un risque de contagion qui entrainerait des pertes bancaires, une contraction du crédit, un ralentissement économique, une difficulté accrue pour l’État et donc un cercle vicieux.
Si l’État n’a plus accès aux marchés extérieurs à bon prix, il s’appuie encore plus sur les banques locales… aggravant le problème initial.
Le message de Fitch est clair : « Agissez maintenant pour éviter d’avoir à le faire dans l’urgence.”
Une manière de pousser l’État vers davantage de discipline budgétaire, les banques vers une réduction de la concentration souveraine, les régulateurs vers un renforcement prudentiel.
Cela implique pour les 12 prochains mois, si les mesures arrivent rapidement, une réduction du déficit, une diversification des dettes, une meilleure gestion de la liquidité, confiance restaurée.
En revanche, un statu quo entrainerait une augmentation du coût de financement public, une contraction du crédit privé, un risque latent de restructuration, une fragilisation du tissu économique.
Pour éviter ce scénario, une coordination étroite entre régulateurs, banques et État s’impose. Une gestion proactive de la dette publique, une meilleure capitalisation des banques et un contrôle prudentiel renforcé pourraient limiter l’impact d’un choc futur et restaurer la confiance des investisseurs.
Malick NDAW
Les établissements financiers, fortement investis dans les titres souverains, deviennent automatiquement sensibles aux difficultés budgétaires de l’État. Pour Fitch, cette concentration représente un risque systémique majeur qui pourrait peser sur la stabilité du secteur et sur l’économie nationale.
Sa sentence reflète ainsi une hausse significative du risque systémique liée à l’exposition élevée des banques à la dette souveraine sénégalaise, dans un contexte de tensions budgétaires et de liquidité au niveau de l’UEMOA. La note OE (Environnement opérationnel bancaire) du Sénégal est désormais la plus basse parmi les marchés africains où Fitch note les banques, soulignant une plus grande vulnérabilité que ses homologues régionaux et de fortes pressions budgétaires qui pourraient limiter la qualité du crédit du secteur bancaire.
Une première victime
La révision à la baisse de l’environnement bancaire (OE) par Fitch est un avertissement global sur le système bancaire sénégalais, ce qui renforce l’idée d’un risque systémique et partagé. Les premières conséquences sont déjà perceptibles. Certaines banques sénégalaises ont vu leur « Viability Rating » abaissé à « ccc », soulignant des bilans fragiles et une capacité limitée à absorber des chocs financiers.
Entre le 24 et le 28 novembre 2025, Fitch avait déjà publié des décisions de dégradation concernant plusieurs établissements individuels au Sénégal, confirmant une tendance de risque accru dans le secteur bancaire. Le cas d’une banque de la place dont nous tairons le nom sert d’exemple concret d’un établissement dont la « viabilité » a été jugée fragile du fait de l’exposition souveraine.
Fitch a confirmé sa note de défaut émetteur long‑terme « B‑ / Stable », tout en abaissant sa « Viability Rating » (VR) à « ccc » (contre « b‑ » précédemment)), avertissant que l’exposition élevée de ladite banque à la dette souveraine (notamment de l’État sénégalais et d’autres États de l’UEMOA vulnérables) pèse fortement sur la qualité des actifs, la capitalisation et la solidité.
La combinaison fonds propres modestes et accumulation de titres souverains réduit leur marge de manœuvre face à une tension de liquidité, tout en accentuant la dépendance à la BCEAO.
Signal d’alarme précoce
Fitch ne cherche pas à « punir » le pays, mais à signaler un risque latent. L’alerte est claire : si aucune action n’est entreprise pour réduire l’exposition souveraine, renforcer la discipline budgétaire et diversifier les sources de financement, les banques et l’État pourraient se retrouver dans un cercle vicieux où la confiance des investisseurs et des déposants se détériore rapidement.
La dégradation de Fitch anticipe un risque de contagion qui entrainerait des pertes bancaires, une contraction du crédit, un ralentissement économique, une difficulté accrue pour l’État et donc un cercle vicieux.
Si l’État n’a plus accès aux marchés extérieurs à bon prix, il s’appuie encore plus sur les banques locales… aggravant le problème initial.
Le message de Fitch est clair : « Agissez maintenant pour éviter d’avoir à le faire dans l’urgence.”
Une manière de pousser l’État vers davantage de discipline budgétaire, les banques vers une réduction de la concentration souveraine, les régulateurs vers un renforcement prudentiel.
Cela implique pour les 12 prochains mois, si les mesures arrivent rapidement, une réduction du déficit, une diversification des dettes, une meilleure gestion de la liquidité, confiance restaurée.
En revanche, un statu quo entrainerait une augmentation du coût de financement public, une contraction du crédit privé, un risque latent de restructuration, une fragilisation du tissu économique.
Pour éviter ce scénario, une coordination étroite entre régulateurs, banques et État s’impose. Une gestion proactive de la dette publique, une meilleure capitalisation des banques et un contrôle prudentiel renforcé pourraient limiter l’impact d’un choc futur et restaurer la confiance des investisseurs.
Malick NDAW


chroniques

