Sénégal - Aywajieune : pour limiter les invendus chez les pêcheurs

Le Point Afrique : quels problèmes essayez-vous de résoudre ?
Malick Birane : Au Sénégal, le commerce des produits halieutiques est une activité très lucrative soutenue par un secteur de la pêche très dynamique et par une forte consommation du poisson qui est à la base de la quasi-totalité des plats quotidiens que nous consommons. Certes, cette activité marche dans l'ensemble, mais il existe des problèmes d'écoulement chez certains vendeurs. Notre start-up, spécialisée dans la vente et la distribution des produits de la mer, a été créée pour permettre à ces vendeurs de faire face à ces difficultés d'écoulement. Elle permettra ainsi de faciliter la vente et l'approvisionnement du poisson au Sénégal.
 
Comment vous est venue l'idée de ce projet ?
L'idée m'est venue à la suite d'une petite discussion avec un vendeur. Selon lui, le milieu génère beaucoup d'argent, mais il rencontrait parfois d'énormes difficultés pour écouler ses produits. Pour survivre, il était obligé de les brader à des prix dérisoires à de grandes entreprises. L'idée de le mettre en relation avec des clients m'est venue. 
Ensuite,  j'ai essayé de vérifier cette hypothèse auprès d'autres vendeurs. Il s'agissait d'un problème général. J'ai donc poussé ma réflexion jusqu'à aboutir à une plateforme en ligne de mise en relation et de vente de produits halieutiques. Objectif : permettre à ce segment de vendeurs de limiter les risques d'invendus.
 
Quelle est votre solution à ce problème ?
Notre plateforme est un site où pourront se rencontrer acheteurs et vendeurs de poissons. Je veux parler des  entreprises, des poissonneries, des groupements de fermes et de mareyeurs, revendeurs, hôtels, restaurants et ménages.
 En fonction du statut (vendeur ou acheteur), nous mettons à leur disposition trois outils :
-  Les annonces d'offres et de recherches de produits ouvertes à toute personne souhaitant vendre ou rechercher un type de produits au Sénégal.
-  Les espaces de vente pour les gros vendeurs disposant de plusieurs catégories de produits. Ces derniers bénéficieront d'un espace personnalisé leur offrant une bonne gestion de leur produit en ligne.
-  L'intermédiation pour les groupements de mareyeurs et revendeurs. Pour ces derniers, un service de mise en relation avec des clients sera mis en place pour leur permettre d'étendre leur portefeuille de clientèle.
 
Avez-vous identifié vos concurrents ? Si oui, qui sont-ils ?
Notre plateforme sera la première de ce type jamais développée au Sénégal. Il n'y a donc pas de concurrents directs pour l'instant. Nous avons toutefois les marchés populaires de vente de poissons qui peuvent être considérés comme des concurrents indirects.
 
Quelle est votre valeur ajoutée ?
Notre start-up permet aux clients de faire des économies de coûts et de temps dans leur approvisionnement. Un service de livraison à domicile sera ainsi proposé à toute personne souhaitant se faire livrer à domicile.
 Elle permettra aussi aux vendeurs de bénéficier d'une nouvelle clientèle autre que celle qu'ils possédaient déjà. Mais aussi, sachant que notre site pourra être disponible partout dans le monde, de possibles commandes venant de l'étranger pourraient faire leur bonheur.
 
Comment comptez-vous rentabiliser votre projet ?
Nos revenus proviennent en grande partie des commissions de mise en relation et des abonnements issus de la location des espaces de vente. D'autres sources de revenus non négligeables sont aussi identifiées, par exemple les publicités sur le site et les recettes de livraison.
 
Présentation de l'équipe qui mettra en œuvre ce projet
L'équipe est composée de trois personnes qui pilotent le projet.
- Malick Birane, CEO de la startup
.
- Mouhamet Sow, responsable développement technique.
- Ali Mballo, responsable acquisition et développement de la clientèle.
 
Quels sont vos besoins cruciaux ?
Notre site sera opérationnel début septembre 2015. Les premiers investissements réalisés (formalisation de l'entreprise, développement de la plateforme, communication) ont été faits sur fonds propres. Nous avons besoin d'un financement de 30 000 euros pour déployer l'ensemble de nos services et nous assurer un fonds de roulement annuel qui nous permettra de travailler tranquillement et de nous développer.
 
Quel est l'état d'avancement du projet ?
Nous avons fait une étude de marché pour tester et ensuite valider notre modèle économique. En attendant le déploiement du site, nous avons lancé une landing page pour un peu expliquer nos services et les opportunités que les futurs utilisateurs pourront saisir sur aywajieune.com
 
Racontez-nous une anecdote illustrant votre difficulté à trouver des financements.
La recherche de financement est une étape redoutable pour tout jeune entrepreneur. On a fait une demande de financement auprès d'une institution publique qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans le financement de leur projet. Notre dossier est en cours d'étude.
 
Comment voyez-vous votre projet dans cinq ans ?
Dans cinq ans, nous voyons Aywajieune comme une plateforme de référence en matière d'approvisionnement et de vente de produits halieutiques au Sénégal. Nous espérons qu'elle jouera un rôle capital dans le renforcement des échanges de produits halieutiques entre le Sénégal et l'extérieur. Notre ambition, c'est d'installer progressivement des points de distribution à l'intérieur du pays pour permettre à la population rurale de s'approvisionner en poissons. Créer des espaces de pisciculture fait également partie de nos perspectives de développement.
 
C'est quoi le rêve de votre vie ?
Avoir un impact social dans le milieu. Faire en sorte que notre plateforme soit un instrument d'appui et d'accompagnement aux vendeurs en difficulté pour le développement de leur activité.
Lepoint.fr