Marché financier : Les investisseurs sont-ils à court de liquidités ?

Mardi 14 Février 2017

Depuis le début du 4eme trimestre de l’année 2016, les Etats de l’Union Economique Monétaire Ouest Africain(Uemoa) ont du mal à lever leurs adjudications. Que se passe-t-il sur le marché financier ? Les conditions de marchés sont-elles défavorables ? L’environnement économique se détériore-t- il ? Les investisseurs de notre marché sont-ils à bout de souffle ?


Il convient de rappeler que le marché financier est constitué de trois marchés : le marché monétaire créé par la banque centrale pour jouer sur la liquidité et l’inflation. Ensuite le marché interbancaire, libre qui concerne  les banques. Et enfin le marché financier. Il convient également  de souligner que  ces différents marchés soutiennent l’économie de la zone Uemoa et rappeler que seul le  marché interbancaire n’est pas réglementé.
Au niveau du marché  financier, s’il y a trop de liquidités, la banque centrale  diminue la liquidité et s’il y a un déficit de liquidité, elle procède à  des injections de liquidité.  Mais la première hypothèse  se pose rarement  car nos Etats ont toujours besoin de liquidités pour le financement de nos infrastructures et nous assistons le plus souvent à des injonctions de liquidités.
Au niveau du marché financier, certaines banques achètent des bons et obligations du trésor pour les remettre dans le circuit du refinancement de la banque centrale. Par contre, d’autres banques ont préféré ne pas jouer ce jeu. A un moment donné, la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest(BCEAO) a compris qu’à travers ce modus operandi des banques, l’économie propre n’était pas financée.
Ainsi, la  BCEAO depuis sa session  de politique monétaire du 06 décembre 2016 a sorti les décisions N°4 et N°5  qui stipule que «le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’open market est fixé à 2.5% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,5%» et entre en vigueur à compter du 16 décembre 2012.
Mieux, la décision N°5 vient renforcer le nouveau dispositif en stipulant dans son article premier : «l’encours des refinancements cumulés accordés à une contrepartie sur le guichet de prêt marginal et le guichet spécial de refinancement de la BCEAO est fixé à deux fois maximum les fonds propres de base de la partie concernée » et en son article 2 que : «A titre transitoire, les établissements de crédits qui ne sont pas en conformité avec le plafonds fixé à l’article premier , disposent d’une période échéant le 30 juin 2017 pour s’y conformer».
Contre toute attente, la banque centrale met en application  cette disposition qui devait entrer en vigueur en juin 2017. Beaucoup de banques ayant déjà dépassé deux fois le seuil de leurs fonds propres, la BCEAO leur restitue  leurs titres. Par conséquent, on se retrouve dans une  situation de liquidité bancaire sur le marché.
Cette décision soudaine de la banque centrale fait  que les banques qui détiennent 95% des titres publics revoient leur stratégie, en ce sens qu’elles détiennent déjà  beaucoup de titres. Dès  lors, il apparait  de fortes hausses sur les taux du marché et avec pour conséquence néfaste, un renchérissement du coût de la dette pour nos Etats  qui sollicitent tous le marché financier  pour la couverture de leur budget nationaux.
Pour ce banquier rencontré sur la place de Dakar, l’analyse de la banque centrale  sur le marché  est tronquée. «La Bceao n’a pas décelé les tensions qui étaient déjà perceptible depuis le début du quatrième trimestre de l’année 2016 sur le marché monétaire et du, notamment à la  liquidité. Aussi il est apparu vers la fin de cette même année, un niveau d’endettement très élevé des Etats  et des niveaux de couverture des adjudications qui devenaient moins importants».
Un autre acteur du marché financier ajoute pour expliquer les difficultés actuelles, que les grands groupes bancaires ne participent pas dans les opérations de marchés. En effet, ils sont obligés pour cela de passer par leurs maisons mères, alors que ces dernières sont déjà dans les dispositions de BALE 2 et  BALE 3 qui sont extrêmement contraignantes. C’est pourquoi, les filiales de ces grands groupes gardent beaucoup de trésorerie oisive. Et pour disposer de cette trésorerie oisive, deux solutions s’offrent au législateur : en faire une obligation ou  appliquer des taux qui  pourraient dissuader la rétention de cette liquidité dont nos économies ont tant besoin.
  Ismaila BA
 
Actu-Economie


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