M. ADAMA NDIAYE, PRESIDENT DE LA FANAF : «Les assureurs africains doivent relever le défi qui est de capter les nouvelles demandes solvables.»

Vendredi 7 Octobre 2016

Dans cet entretien accordé à LEJECOS, M. Adama Ndiaye, président de la FANAF et vice-président du Comité d’organisation du forum de la réassurance revient sur les choix stratégiques à faire pour l’industrie africaine de l’assurance. Avec seulement 2% du marché mondial, il est conscient « qu’il existe une marge de progression considérable à combler. »
Entretien.


M. ADAMA NDIAYE, PRESIDENT DE LA FANAF
M. ADAMA NDIAYE, PRESIDENT DE LA FANAF
Quels sont les nouveaux choix stratégiques à opérer par la réassurance africaine, thème de XXIe Forum de la réassurance africaine, qui se tient à Dakar du 2 au 4 septembre ?
 
Il faut dire que ce Forum se tient à un moment particulier, où dans le monde de l’assurance et de la réassurance, nous avons affaire à une inflation réglementaire. Les autorités de régulation, de la CIMA ou des autres zones ont tendance à intégrer dans leur corpus réglementaire un certain nombre de recommandations de l’International Association of Insurance Supervisors (IAIS) qui sont en train de changer fondamentalement la marche de l’assurance dans la zone en édictant des normes de plus en plus contraignantes pour régir la fois l’assurance, la réassurance, le contrôle et tout le reste. Face à ces mutations et au regard des contraintes induites par l’écosystème dans lequel évoluent nos entreprises, écosystème qui intègre un marché financier, une plateforme technologique, etc. il est devenu nécessaire de voir les choix stratégiques qu’il faudrait opérer si nous, assureurs africains ne voulons pas être largués.
 
 
Au Sénégal, comment faire pour améliorer le taux très faible de pénétration de l’assurance qui n’est que de 1, 4 %?
 
Ici, on a tendance à traiter l’assurance comme un secteur à part, alors qu’elle est une composante de l’économie globale. L’Afrique pèse moins de 5% dans le commerce mondial, moins de 5% du Pib mondial, il est donc normal que l’assurance ait un poids, somme toute, proportionnel au poids économique de l’Afrique dans l’échiquier mondial.
Il est vrai que nous ne représentons qu’environ 1,5% de l’assurance mondiale. Nous pourrons faire plus si nous réussissons à capitaliser les retombées des mutations en cours sur le continent qui enregistre près de 93 milliards de dollars par an d’investissement dans les infrastructures. Il y a un réseau routier en extension, une urbanisation galopante, un dynamisme des secteurs automobiles et télécommunications, mais surtout il y a le fait que les jeunes africains sont de mieux en mieux formées. Face à tout cela, le besoin de sécurité s’accroit et nous sommes convaincus que les assureurs africains ont pour défi de capter cette demande solvable. Pour cela, il faudrait qu’ils puissent mieux communiquer, mieux structurer leurs produits  et qu’ils s’appuient sur les nouveaux relais et leviers pour collecter les primes. C’est tout le sens du digital dont on parle aujourd’hui, avec la téléphonie mobile qui offre beaucoup de possibilités. C’est également tout le sens des initiatives en matière de micro-assurance, d’assurance agricole, ne serait-ce que pour permettre à la couche jadis laissée en marge de pouvoir bénéficier pleinement des protections qu’offre l’assurance.
 
Le ministre sénégalais du Budget a lancé un appel pour une plus grande implication de l’industrie de l’assurance au financement du développement. Concrètement, comment allez-vous répondre à cet appel ?
 
 
 Les assureurs contribuent déjà. Dans un pays comme le nôtre, on a tendance à ramener l’assurance au chiffre d’affaires qui, somme toute, reste modeste. Au-delà du chiffre d’affaires, il y a des placements directs dans l’économie, qui font le double du chiffre  d’affaires, plus de 200 milliards de francs CFA. Il y a également les placements induits.
La notion de poids économique ou financier a tout son sens dans l’assurance, parce que lorsqu’on place 200 milliards de francs CFA, la capitalisation et les effets induits qui en découlent devraient être pris en compte dans l’analyse.
Il n’en demeure pas moins que notre secteur aurait pu mieux faire si l’écosystème lui était plus favorable. Nous sommes confrontés à des impératifs de rentabilité minimale pour être en mesure de respecter nos engagements et de liquidité pour les honorer à bonne date. Or, nous évoluons avec des marchés financiers pas très performants et une fiscalité insuffisamment incitative. Il s’y ajoute que l’horizon temporel des investissements publics n’est pas toujours compatible avec celui de l’assurance dommage qui représente la plus grosse part. Ailleurs, c’est l’assurance vie qui porte la croissance et les placements du secteur en permettant de de drainer l’épargne longue des ménages.
Ce type d’assurance a besoin de plus d’incitation fiscale et légale pour permettre un développement harmonieux et des placements sur un horizon temporel de 10 voire 20 ans.
 
Propos recueillis par Amadou BA
 
 
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