Election Présidence Commission UA: Bathily, chronique d’une défaite avant l’heure

Lundi 6 Février 2017

La défaite de l’ancien diplomate onusien et homme politique sénégalais n’a rien de surprenant. Pour les observateurs avertis, les germes de l’échec remontent à longtemps. En effet, au 27ième Sommet de l’UA, la CEDEAO, sous l’impulsion du Sénégal demande un nouvel appel à candidature et s’abstient de voter. De fait, aucun candidat n’a pu avoir le quorum 36 voix sur 54.


Ainsi, un nouvel appel à candidature est relancé. A cela s’ajoute un autre événement qui est venu se glisser comme un cheveu dans la soupe. La volonté du Maroc de réintégrer l’UA qui ne fait pas l’unanimité dans les rangs africains au regard de l’épineuse question  du Sahara. 
 
Avec la candidature du Professeur Abdoulaye Bathily à la tête de l’UA, beaucoup y voit un pion du Maroc, compte tenu des relations excellentes entre le Sénégal et le royaume chérifien. Il y a aussi la visite du roi du Maroc à Dakar  avec la déclaration du roi sur la marche verte pour la première fois hors du Maroc et à Dakar. De son côté, Alger voit d’un mauvais œil le retour du Maroc et fait jouer sa diplomatie pour contrer la candidature du Maroc. Et c’est ce qu’il faudrait comprendre dans la sortie du ministre des affaires étrangères Mankeur Ndiaye  pour tenter de justifier le camouflet subit dans sa conférence de presse jeudi passée : « Il y a un pays africain qui a mené campagne contre Bathily, candidat du Sénégal, alors qu’il en avait pas »
Chose facile surtout en Afrique du Nord ou les relations du Maroc entre ses voisins ne sont pas les meilleures. Résultat des courses, le Maghreb a basculé du côté tchadien.
 
Dans la zone ouest africaine, les relations entre le Sénégal et les autres ne sont pas au beau fixe. A preuve, lors du Sommet de la paix et de la sécurité maritime, le Sénégal ne signe pas la charte. Colère côté togolais. Faure Eyadéma  en visite  au Kenya , annonce le soutien de son pays au candidat Amina Djibril Mohamet : une sorte de réponse au Sénégal
 
Pendant ce temps, le Tchad affûte ses armes. Moussa Faki Mahammat annonce sa candidature. La diplomatie tchadienne se met en  marche sous la houlette du candidat ministre des affaires étrangères. Ancien directeur de cabinet de Deby, plusieurs fois à des postes différents. Siégeant pour le compte du Tchad à l’ONU, à l’UA. Diplomate de carrière qui maitrise ses dossiers, Faki sillonne le continent sous la dictée de Deby. Il visite même les Seychelles, les Comores, le Soudan du Sud etc…
 
De même, le Tchad joue sur son influence au niveau de la CEDEAO. Beaucoup de pays lui sont redevables : Niger, Burkina Faso, Mali, Nigéria, etc. Le bloc de la CEDEAO se fissure au fur et à mesure que l’échéance approche.
 
Cette guerre sur la présidence de l’UA atteint son paroxysme avec le Sommet de Dakar sur la paix et la Sécurité. Aucun chef d’Etat n’est venu, sauf à la dernière minute le Nigérian Buhari pour sauver ce qui peut l’être encore. Zuma est absente, de même  que le commissaire à la paix et la sécurité. A  partir du Sommet de Dakar, tous les observateurs avertis savaient que la candidature du Sénégal n’avait aucune chance de passer. L’isolement de la diplomatie sénégalaise se fait perceptible.
 
Malgré la bonne volonté du Chef de l’Etat en mettant  à la disposition du ministre des affaires étrangères des ressources financières et son gouvernement pour prêcher la candidature de Bathily, le combat est perdu d’avance.
 
La réunion de dernière minute  de la CEDEAO pour arrondir les angles fait voler l’unité de façade  en éclats. Les présidents informent qu’ils vont soutenir le Tchadien. La réunion tourne court. Malgré cela, nos diplomates font croire au Chef de l’Etat que nous avons d’autres soutiens et que le candidat tchadien va sortir dès le premier tour et avec le report de voix, la Cedeao reviendra soutenir le candidat Bathily.  Alors qu’il fallait après cette réunion trouver une porte de sortie au président qui devait retirer la candidature puisque il n’y avait pas consensus au niveau de l’instance sous-régionale. Mais que nenni.
 
La sanction est immédiate à l’issue du scrutin. Au 3eme tour de vote décisif, le Sénégal se retrouve avec 3 voix sur 15.  Une bérézina. Le Tchad de Idriss Déby Itno vient de remporter  sa revanche sur le Sénégal. En effet depuis le sommet de la BAD de 2015, le Tchad  n’arrivait pas à digérer le revers de son candidat au bon profil, Kordjé Bedoumra pour le poste de Président de l’institution panafricaine. 
 
La faute au Président de la République du Sénégal qui avait, en dernière minute   donné des  instructions fermes  à son ministre des finances  Amadou Ba de convoquer une réunion extraordinaire de la Cedeao dans les couloirs de l`hôtel Ivoire afin d`harmoniser les positions entre les différents candidats. Et dont ce dernier s’est acquitté avec brio puisqu’ayant réussi le tour de force de fédérer la Cedeao  qui avait plusieurs candidats et signant du coup la défaite du candidat tchadien.
 
Ismaila BA
 
 
Actu-Economie


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