Catastrophes naturelles : la moitié des pays ne sont pas préparés, selon l’ONU

Mercredi 19 Octobre 2022

La moitié des pays du monde ne sont pas préparés aux catastrophes, faute de posséder des systèmes d’alerte précoce multirisques qui permettent d’anticiper plusieurs types de désastres, ont averti jeudi les Nations Unies.


« Les phénomènes météorologiques extrêmes sont inévitables. Mais ils ne doivent pas nécessairement se transformer en catastrophes mortelles », a prévenu le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, appelant les pays à investir dans les systèmes d’alerte précoce.

Les pays en développement sont encore moins bien lotis alors même qu’ils se trouvent en première ligne du changement climatique, selon un nouveau rapport publié par deux agences de l’ONU, le Bureau pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Moins de la moitié des pays les moins avancés et seulement un tiers des petits États insulaires en développement disposent d’un système d’alerte précoce multidangers.
« Des populations entières sont prises de court par des catastrophes climatiques en cascade, car il n’y a aucun dispositif permettant de les prévenir », a déclaré le chef de l’ONU. C’est le résultat d’un manque d’investissement dans la protection de la vie et des moyens de subsistance de personnes qui sont en première ligne.
 

Investir dans des systèmes multirisques


Le rapport a été publié à l’occasion de la Journée internationale de la réduction des risques de catastrophes. La publication de ce document intervient alors que le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq entre 1970 et 2019 sous l’effet du changement climatique et de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
« Cette tendance devrait se poursuivre », a affirmé Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM.

De nombreux systèmes d’alerte ne couvrent qu’un seul type de catastrophes naturelles, comme les inondations ou les cyclones, mais l’ONU souligne qu’il est plus urgent que jamais d’investir dans des systèmes multirisques.

« Ce qui est inquiétant, c’est que ce rapport met en évidence des lacunes importantes en matière de protection, puisque seule la moitié des pays dans le monde disposent de systèmes d’alerte précoce multirisques », a affirmé Mami Mizutori, qui dirige l’UNDRR, dans un communiqué.

Or le document montre que les pays dont la couverture en matière d’alerte précoce est limitée ont un taux de mortalité lié aux catastrophes huit fois plus élevé que les pays dont la couverture est importante ou complète. « Les personnes qui ont le moins contribué à la crise climatique sont celles qui en paient le prix fort », a ajouté M. Guterres.
 

Mettre en garde les populations


Ces systèmes permettent par exemple de mettre en garde les populations contre le risque de liquéfaction du sol suite à un séisme ou un glissement de terrain, ou d’alerter sur une menace épidémiologique suite à de fortes précipitations.
À l’occasion de la Journée météorologique mondiale le 23 mars dernier, l’ONU avait annoncé vouloir que chaque personne sur Terre soit protégée d’ici à 5 ans par un système d’alerte contre les phénomènes météorologiques extrêmes et les changements climatiques.
De nombreux systèmes ne couvrent qu’un seul type d’aléa, comme les inondations ou les cyclones. « Nous devons faire en sorte que les alertes précoces atteignent les plus vulnérables et qu’elles se traduisent par des mesures rapides », a ajouté M. Taalas, relevant la détermination de son organisation pour être « le fer de lance d’une initiative des Nations Unies sur les alertes précoces pour tous au cours des cinq prochaines années ».
Le rapport montre que les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays d’Afrique ont besoin des investissements les plus importants pour accroître la couverture des systèmes d’alerte précoce et se protéger correctement contre les catastrophes.
 

La COP27 en Egypte examinera un plan d’action de l’OMM


« Au moment où ce rapport était en cours de préparation, le Pakistan était confronté à sa pire catastrophe climatique jamais enregistrée, avec près de 1.700 morts. Malgré cette hécatombe, le nombre de morts aurait été bien plus élevé sans les systèmes d’alerte précoce », a fait remarquer Mme Mizutori.

Plus globalement, le rapport a catalogué les pays selon que la couverture en système d’alerte précoce multirisques est faible, modérée, élevée ou complète, avec un taux de mortalité multiplié par huit dans les deux premières catégories. Le document contient donc des recommandations visant à étendre et à renforcer l’alerte précoce et l’action rapide afin de couvrir tous les groupes vulnérables.

Le rapport recommande aussi que les systèmes d’alerte soient plus rapides. Il appelle aussi à renforcer la capacité des communautés menacées à agir plus rapidement, et à investir pour améliorer l’accès aux technologies permettant de renforcer la surveillance des dangers.

La mise en œuvre des recommandations du rapport par les donateurs et les pays permettrait de répondre à l’appel de M. Guterres, qui souhaite que chaque habitant de la planète soit couvert par un système d’alerte précoce dans les cinq prochaines années. L’OMM doit présenter en novembre en Égypte à la prochaine conférence climatique de l’ONU, COP27, un plan d’action visant à atteindre cet objectif ambitieux.
https://news.un.org/fr
 
 
 
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