ASTOU DIAO CAMARA, DIRECTRICE ISRA BAME : « L’idéal serait que l’agriculture puisse être financée à partir de ressources privées »

Lundi 4 Décembre 2023

Dans cet entretien, la directrice du Bureau d’analyses macroéconomiques (BAME) de l’Institut sénégalais de recherches agricoles analyse les mécanismes de financement de l’agriculture sénégalaise et leurs faiblesses. Elle invite à réfléchir sur le bon mécanisme pour arriver à produire de façon performante grâce à une utilisation optimale des ressources publiques et une mobilisation de plus en plus accrue de ressources privées. Ce qui, à son avis, permettra à l’agriculture sénégalaise, sur un temps moyen ou long de pouvoir se financer.
Entretien.


Quels sont les types de financement ?
Le financement de l’agriculture sénégalaise provient principalement de deux sources. La première source de financement est publique et la deuxième est privée. Dans les financements dits privés, la part la plus importante est assurée par les agriculteurs qui financent eux-mêmes leurs activités. 

A combien s’élèvent les financements de l’Etat ?

La politique agricole sénégalaise s’inscrit dans une politique régionale (CEDEAO). Et l’Etat, à l’instar des autres pays membres, avait pris (en 2003-2004) l’engagement réaffirmé en 2014 de consacrer 10 % de son budget à l’agriculture. En 2023, le Sénégal s’approche de ce seuil. Le Plan d’actions prioritaires (PAP 1 2014-2018) et le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A) constituent le meilleur moyen d’évaluer les financements publics directs et indirects.

Dans le Pap 1, le Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise (PRACAS) a été le principal programme. Il était évalué à 581 milliards de FCfa. Dans le Pap 2A (2019-2023), les dépenses sont estimées à 1.000 milliards de FCfa. Entre 2014 et 2017, les dépenses publiques sont évaluées autour de 300 milliards de FCfa. Ces montants ne concernent que les productions végétales, alors que si on prend l’agriculture au sens large (agriculture, élevage, pêche), les efforts consentis par l’Etat du Sénégal sont énormes. Et pour mieux appréhender la question du financement de l’agriculture, il faut la prendre au sens large puisque les agriculteurs sont les éleveurs et parfois les pêcheurs. Les financements sont destinés aux mêmes familles, même si certaines sont spécialisées. Il est plus intéressant de regarder cette question de manière globale. Cette approche permet de mieux mesurer le système de pilotage et de gouvernance de l’agriculture sénégalaise.
 
Quelles sont les filières qui mobilisent plus de ressources ? 

Le riz et l’arachide sont les filières qui absorbent les ressources les plus importantes. Cependant, ces dernières années, l’Etat du Sénégal a mis beaucoup de moyens sur les filières horticoles. En atteste, le bond noté dans la production notamment en ce qui concerne l’oignon et la pomme de terre.

Pour une agriculture performante, l’Etat doit-il être le principal bailleur ?

Une agriculture peut être performante avec un soutien important de l’Etat. C’est une question de contexte et de trajectoires agricoles, même si l’idéal serait que l’agriculture puisse être financée à partir de ressources privées puisqu’elle est une affaire de familles. Ces familles cultivent, élèvent, pêchent pour leur propre alimentation, pour vendre et pour satisfaire d’autres besoins. En quelque sorte, ce sont des entreprises même si au Sénégal elles ne sont pas structurées comme telles et ne fonctionnent comme telles. C’est une agriculture dominée par les exploitations familiales qui assurent presque toute la production vivrière. Ailleurs, ce sont les familles qui s’adonnent à l’agriculture, mais elles sont structurées, accompagnées avec une comptabilité et un suivi d’indicateurs de performance.   

Au Sénégal, si l’on regarde le taux de couverture, c’est-à-dire le niveau de satisfaction des besoins de la famille à partir de la production, on se rend compte du manque de performance des exploitations familiales. Par extrapolation, plus de la moitié des 800.000 ménages agricoles sénégalais ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins à partir de leurs productions primaires. Les familles qui ont des taux de couverture excédentaires tournent autour de 20 %. Cette situation fait que l’Etat injecte d’importantes ressources sous diverses formes. Aujourd’hui, le financement de l’Etat reste très important. D’où la nécessité de réfléchir sur le bon mécanisme pour arriver à produire de façon performante grâce à une utilisation optimale des ressources publiques et une mobilisation de plus en plus accrue de ressources privées. Cela permettra à l’agriculture sur le moyen ou long terme de pouvoir se financer.

Quelles sont les contraintes qui empêchent l’agriculture sénégalaise d’être performante ?

Elles sont diverses et nombreuses. J’ai l’habitude de dire que nous avons tendance à croire que les équipements, les semences et les fertilisants sont plus importants, ils le sont certes.
A mon avis, les connaissances sont plus importantes surtout dans le contexte actuel de changement climatique. Le Sénégal est un pays où il ne pleut que trois mois sur l’année. Il s’y ajoute que nous n’avons pas une maîtrise de l’eau, alors que tous les programmes de l’Etat ont un volet portant sur cette question. Pourquoi en 2023, la contrainte de l’eau reste entière alors que l’Etat met beaucoup d’argent dans l’aménagement des terres notamment dans la vallée du fleuve Sénégal. Malgré les progrès, les rendements sont en deçà des potentiels sur toutes les productions. 

La question n’est pas technique mais plutôt institutionnelle et organisationnelle. Il est temps de mettre l’accent sur les innovations qui permettront, par exemple, au producteur de mieux s’organiser et de mieux produire, ensuite, au ministère de l’agriculture de mieux comprendre le système, d’évaluer les programmes et de corriger les faiblesses. Voilà des aspects sur lesquels, nous devons faire des efforts pour les améliorer. L’encadrement agricole est tout aussi important, alors que c’est le maillon le plus faible. Le ratio est d’un conseiller agricole pour une commune, alors que celle-ci peut polariser des milliers de producteurs. Ce même conseiller agricole souvent insuffisamment outillé a également du mal à se déplacer. La recherche et le conseil agricole sont les parents pauvres des politiques agricoles. Les maillons les plus forts sont les équipements et les semences qui absorbent la quasi-totalité des budgets des campagnes agricoles. Or chaque année, le même schéma est reproduit.

Aussi, dans un contexte où la durabilité des écosystèmes est en jeu, il nous faut réfléchir sur comment mieux produire, en mettant en avant les ressources du territoire comme la fertilité des sols au lieu de créer une dépendance des producteurs vis-à-vis de l’engrais chimique. Une agriculture performante suppose des ressources humaines de qualité, qui encadrent les producteurs. Il reste néanmoins que le volet pilotage et gouvernance est tout aussi important.

Ces contraintes expliqueraient-elles la réticence des banques à financer les producteurs ?

Les banques commerciales ne sont pas des philanthropes. Nous avons des systèmes de production peu performants. Il s’y ajoute un problème de garantie et d’inadaptation des crédits qui sont structurés sur une campagne de trois mois à quatre mois, alors que la commercialisation est quant à elle, plus longue. Les banques ont souvent des difficultés pour recouvrer les crédits, ce qui explique le taux de 3,5 %. 

Est-ce que le problème de la garantie devrait se poser avec la Compagnie nationale d’assurance agricole ?   

L’assurance agricole a encore du chemin au Sénégal. La question de l’assurance doit être abordée de manière plus large pour inciter les Sénégalais à s’assurer. Cela permettrait à l’Etat de concevoir une bonne politique de protection sociale. On ne peut pas, à chaque crise, se baser sur les filets sociaux pour venir en aide aux populations qui sont dans le besoin. Ailleurs, c’est l’assurance qui intervient. La professionnalisation est encore plus que jamais impérative, et de ce point de vue, il est important de créer les conditions de fonctionnement efficace des coopératives ou des groupements d’intérêt économique pour leur permettre d’accéder facilement au crédit. L’agriculture est un métier qui a besoin d’organisations fortes. Dans les pays où l’agriculture est performante, les producteurs ont des organisations faitières fortes capables de financer les systèmes d’encadrement. En Côte d’Ivoire, l’encadrement est financé par des filières fortes à travers des fonds de garantie. Au Sénégal, le modèle conceptuel existe mais nous avons des problèmes dans l’application.

Comment arriver à la professionnalisation des acteurs ?   

Il y a des modèles de réussite inspirants. Au Sénégal, nous avons des exploitations familiales qui s’insèrent dans des réseaux d’organisations qui fonctionnent bien comme le CNCR (Conseil national de concertation et de coopération des ruraux du Sénégal), fortes dans le plaidoyer et le positionnement, mais également certaines filières plus ou moins abouties comme la tomate industrielle, le riz, etc. Ces organisations et interprofessions ont entamé des trajectoires intéressantes qu’il est important de poursuivre, d’évaluer et de soutenir. Mais nous sommes dans un secteur où les problèmes sont à tous les niveaux et parfois s’alimentent. Ce qui nous ramène encore à la question des ressources humaines et des compétences. Si elle est bien prise en charge sur toute la chaine, c’est-à-dire de la prise de décision à la parcelle en passant par le marché, nous ferons des avancées significatives.

Quid du pilotage ?

La qualité du pilotage est tout à fait primordiale. Il faut une véritable politique agricole qui doit aboutir à des programmes structurants puis à des projets. Si on regarde le budget des ministères, il y a les ressources publiques, mais également des fonds qui proviennent des partenaires. Il y a un travail à faire en termes de coordination, d’articulation et de mise en cohérence. Cette mise en cohérence est à notre sens une priorité.
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