Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Cea : «Les pays africains peuvent faire mieux avec une meilleure politique fiscale»

Jeudi 21 Mars 2019

La 38ème réunion du Comité d’experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique a débuté ce mercredi à Marrakech, au Maroc.


Un appel clair a été lancé aux pays africains leur demandant d’améliorer leur politique fiscale et d’élargir leur base d’imposition afin qu’ils puissent financer efficacement leurs processus de développement.
Dans son allocution d’ouverture reçu au Journal de l’économie sénégalaise (Lejecos), la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, déclare que la capacité d’accroître le recouvrement des recettes est essentielle pour la capacité de financer son développement, en particulier l’Agenda 2030 pour le développement durable et l’Agenda 2063 de l’Afrique.

Selon elle, une économie typique du continent prélève environ 16% de son PIB en impôts, à l’exception des pays comme le Maroc qui en collectent au moins 25%. Mme Songwe dit que l’Afrique du Sud et le Rwanda font partie des pays qui sont en mesure de tirer parti des nouvelles technologies pour accroître la collecte de recettes. « Le potentiel de l’Afrique est, et a toujours été, prometteur. Avec une population croissante en âge de travailler ; des terres arables abondantes et une multitude d’autres ressources, le continent dispose de toutes les conditions préalables à une transformation économique rapide au cours de la prochaine décennie », indique-t-elle.

« Cependant, pour garantir la disponibilité de ressources publiques adéquates et d’investissements de qualité afin d’engendrer un changement structurel, requiert des politiques réactives favorisant la viabilité des finances publiques, optimisant les rendements de l’activité économique et permettant aux économies de participer pleinement à un monde de plus en plus interconnecté et mondialisé », a souligné  Mme Songwe. Elle dit que la réunion d’experts discutera des solutions possibles.

« Nous cherchons comment financer plus efficacement, plus rapidement et plus équitablement notre croissance et comment nous pouvons garantir que nos jeunes populations puissent participer à la croissance dont nous parlons. Nous pouvons le faire en veillant à avoir une bonne politique fiscale. Nous voudrions être comme le Maroc qui se retrouve à 25% et qui peut réellement stimuler sa croissance », a-t-elle précisé.

Elle estime que l’Afrique peut faire mieux si elle parvient à améliorer le recouvrement des impôts. « L’Afrique pourrait augmenter ses recettes de 3% du PIB en remédiant à ses contraintes fiscales en matière de capacité. En outre, en harmonisant mieux les taux d’imposition et les recettes fiscales avec les cycles économiques, les pays peuvent augmenter les recettes publiques de 5% », fait savoir Mme
Songwe, ajoutant que les perspectives de croissance à moyen terme comprises entre 3 et 4% pour l’Afrique sont insuffisantes pour stimuler la qualité des investissements qui créeront des emplois et accéléreront la croissance inclusive.

« Alors qu’il ne nous reste qu’un peu plus d’une décennie pour réaliser les Objectifs de développement durable, il est impératif de révolutionner la portée et les mécanismes de mobilisation des ressources nationales pour combler le déficit de financement, promouvoir la stabilité macroéconomique et limiter les emprunts extérieurs », informe-t-elle.

Mme Songwe évoque également l’importance de la numérisation et de l’économie numérique pour stimuler la croissance et optimiser les performances budgétaires du continent.
Adou FAYE
Economie

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