Sénégal - Energie : Plus de 193 milliards Fcfa de compensations pour Senelec et les concessionnaires

Lundi 1 Décembre 2025

La Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse) a réuni, du 28 au 29 novembre 2025 à Saly, des membres du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes) dans le cadre d’un atelier national de formation consacré à l’importance du secteur de l’énergie et aux mécanismes de sa régulation. Un rendez-vous stratégique dans un contexte où le Sénégal accélère sa transition énergétique, entre montée en puissance du gaz naturel, transformation du mix électrique et gestion sensible des prix des hydrocarbures.


Revenant sur la réforme majeure de 2021, le Président de la Crse, Ibrahima Niang, a rappelé que l’autorité administrative indépendante couvre désormais trois segments essentiels : l’électricité, l’aval des hydrocarbures, les segments intermédiaire et aval du gaz.

« Notre mission est de garantir un secteur énergétique transparent, efficace et financièrement viable, au service de la compétitivité nationale », a déclaré M. Niang, soulignant que l’énergie constitue l’un des moteurs de la productivité des entreprises, de la stabilité macroéconomique et de l’amélioration des conditions de vie.

Un plan stratégique 2025-2029
Pour accompagner ces missions, la Crse s’est dotée d’un plan stratégique 2025-2029 axé sur protéger, préserver et renforcer. L’un des piliers de ce plan porte sur la communication : rendre la régulation plus lisible, plus compréhensible et plus accessible. L’atelier de Saly s’inscrit pleinement dans cette dynamique.

Il a permis aux responsables de la Crse de souligner que celle-ci a connu une montée en puissance en 2024. En effet, l’institution a achevé l’installation du Conseil de régulation et rendu opérationnels ses comités consultatifs, renforçant ainsi son cadre de gouvernance. Elle a également finalisé la cartographie des risques et lancé le Sigir, un système intégré destiné à moderniser la gestion de l’information réglementaire.

Sur le plan technique, la Crse a montré une activité soutenue : elle a rendu 61 décisions tarifaires et 46 avis réglementaires, produit 13 structures de prix des hydrocarbures et traité un volume important de dossiers, dont 345 différentiels de transport et 197 demandes de pertes commerciales. L’année a également été marquée par la conclusion de six conventions de partenariat et par la résolution de sept différends, témoignant d’une régulation de plus en plus active et structurée.

Pour 2024, la Crse a fixé le Revenu maximum autorisé (Rma) de Senelec à 923,8 milliards de francs Cfa, contre un chiffre d’affaires prévisionnel de 709,1 milliards de francs Cfa. En ce sens la compensation de la différence est estimée à 214,7 milliards de francs Cfa, assurant un léger surplus de 7,9 milliards francs Cfa.

Par ailleurs, les échanges avec les membres du Collectifs des journalistes économiques du Sénégal a permis de rappeler qu’une enquête approfondie sur la facturation et le comptage de Senelec, couvrant 23 000 factures et 137 000 transactions prépayées, est en cours. Pour les concessionnaires ruraux, la compensation assurée par l’État en 2024 s’élève à 12,4 milliards de francs Cfa, soit une progression de 24,5 %.

Plus de 193 milliards Fcfa de compensations tarifaires à fin novembre 2025
Les compensations tarifaires que l’État doit à la Senelec et aux concessionnaires d’électrification rurale ont atteint 193,196 milliards FCfa à fin novembre 2025, a confié Marie Gueye Mbengue, directrice des affaires juridiques à la Crse.

Selon la Crse, 56 décisions de compensation tarifaire ont été prises dans le secteur de l’électricité depuis janvier 2025, ainsi que 75 décisions de remboursement des pertes commerciales dans l’énergie. L’institution a également validé les déclarations de différentiel de transport des produits pétroliers.

La directrice en charge des affaires juridiques a souligné que, concernant la Senelec, trois décisions portant sur le Revenu maximum autorisé (Rma) ont été rendues. Ces décisions concernent une compensation tarifaire à hauteur de 178,807 milliards Fcfa au 1ᵉʳ juillet 2025.

Les concessionnaires d’électrification rurale (Cer) doivent également être compensés. Pour ERA, qui couvre Kaffrine, Tambacounda et Kédougou, 20 décisions ont été rendues pour un montant de 6,349 milliards FCfa.

Pour Comasel (Dagana, Podor, Saint-Louis), 11 décisions totalisent 2,808 milliards FCfa. Pour Comasel (Louga, Linguère, Kébémer), les compensations issues de 11 décisions s’élèvent à 4,243 milliards FCfa. Pour SCL, qui gère Mbour, ses 11 décisions représentent 1,724 milliard FCfa.

Hydrocarbures, plus de 33 milliards Fcfa de pertes commerciales
Dans le secteur aval des hydrocarbures, la Crse a validé 12 structures de prix depuis le début de l’année. Les 75 décisions rendues sur les pertes commerciales subies par les importateurs et la Société africaine de raffinage (SAR), portent sur un montant global de 33,487 milliards FCFA. Les validations des différentiels de transport atteignent quant à elles 4,115 milliards FCFA.

La capacité annuelle de raffinage de la Sar a été relevée à 1,5 million de tonnes en 2024, contre 1,2 million précédemment. Le Sénégal compte désormais 55 titulaires de titres d’exercice dans le secteur aval. Les importations globales (Sar et importateurs) se sont établies à 2,938 millions de tonnes en 2024, transportées par 142 tankers.

La Crse note un accroissement annuel moyen de la demande nationale en produits pétroliers de 5 %, soit 3,3 millions de tonnes consommées en 2024, distribuées à travers 1 286 points de vente. Pour le butane, la consommation nationale atteint 231 548 tonnes, tandis que 32 stations-service ont été contrôlées cette année pour la qualité de leurs produits.

Le coordonnateur du Cojes, Dialigué Faye, a rappelé que l’énergie est au cœur de la compétitivité nationale et des services publics. « Les journalistes ne sont pas de simples relais : ils analysent, contextualisent et éclairent le débat public.

Pour cela, ils ont besoin de données fiables et d’un accès direct à l’information », a-t-il indiqué. Saluant une collaboration historique avec la Crse, il a souhaité un partenariat « encore plus fort, fondé sur la précision, la rigueur et l’indépendance ».
Bassirou MBAYE
Actu-Economie

La rédaction

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