Lors de la Conférence de l'Union africaine sur la dette qui s’est ouverte à Lomé, Togo le 12 mai pour se poursuivre jusqu’au 14 mai 2025, il a souligné que pour nombre des pays africains, cela se traduit par des coûts d'emprunt plus élevés, une baisse des recettes d'exportation et des budgets plus serrés, à un moment où l'expansion budgétaire est essentielle à une croissance inclusive. La conférence est placée sous le thème : « L’Agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette ».
« En effet, à l'heure où nous nous réunissons, l'Afrique n'est pas seulement confrontée à une crise de la dette ; elle est confrontée à une crise du développement, où le service de la dette entre en concurrence directe avec la santé, l'éducation, les infrastructures et le droit fondamental au développement », a-t-il dit.
La dette publique de l'Afrique atteint 66,7 % du Pib
En 2024, la dette publique totale de l'Afrique a atteint 1 860 milliards de dollars, le ratio dette/Pib moyen passant de 44,4 % en 2015 à 66,7 % aujourd'hui. Sur tout le continent, plus de 20 pays africains sont déjà confrontés au surendettement ou sont sur le point de l'être.
Lorsque le remboursement de la dette dépasse les investissements combinés dans la santé et l'éducation, a-t-il soutenu, nous devons nous interroger sur la viabilité et le coût humain de notre trajectoire budgétaire.
Aujourd'hui, il a confié que 83 % des programmes de l'Usaid ont été annulés et les partenaires traditionnels resserrent leurs budgets. Parallèlement, « le coût du capital a grimpé en flèche et le Cadre commun du G20 reste malheureusement lent, opaque et biaisé en faveur des créanciers ».
Face à ces vents contraires, Claver Gatete est d’avis qu’il n'a d'autre choix que de tracer une nouvelle voie audacieuse et fondée sur des principes. À cet égard, il a souligné cinq impératifs essentiels qui, selon peuvent aider à remodeler le paysage de la dette en Afrique et restaurer la souveraineté budgétaire.
Cinq impératifs essentiels
Tout d'abord, M. Gatete trouve que les dirigeants africains doivent repenser la dette comme un outil de développement, et non de destruction. « Nous devons garder à l'esprit que la dette n'est pas intrinsèquement mauvaise ; ce qui compte, c'est à quoi elle sert », a-t-il expliqué.
À cet égard, il a dit que la Cea défend une « approche développementiste », où l'emprunt est lié à des investissements productifs dans l'énergie, les infrastructures, l'industrie et les services connexes. En termes simples, « nous devons cesser d'emprunter pour consommer et emprunter plutôt pour transformer ».
Deuxièmement, il a suggéré l’approfondissement de la transparence et le renforcement la gestion de la dette. A ce titre, M. Gatete a confié que l'Afrique a besoin de stratégies globales, propres aux pays, qui prennent en compte tous les passifs, y compris ceux des entreprises publiques. A l’en croire, la Cea travaille en étroite collaboration avec les gouvernements africains pour leur fournir un soutien technique, des analyses de la dette et des outils numériques de gestion de la dette à cet effet.
Troisièmement, le secrétaire exécutif de la Cea a soutenu que l'architecture financière mondiale doit être urgemment réformée. Car, a-t-il argué, le système actuel, malheureusement, n'est plus adapté à ses besoins. Dans le même sillage, il a déclaré que le cadre commun du G20 doit être transformé pour devenir prévisible, inclusif et équitable.
Pour lui, ce cadre doit également accueillir les pays à revenu intermédiaire, associer les créanciers privés à la table des négociations dès le début et s'inspirer des neuf principes fondamentaux des Nations Unies, de la durabilité à l'immunité souveraine.
Dans cet esprit, a-t-il poursuivi, nous devons accélérer la création de l'Agence africaine de notation de crédit, une institution qui comprenne les réalités de l'Afrique, reflète son potentiel et rétablit une perception plus juste du risque africain à l'échelle mondiale. Son objectif, selon lui, « n'est pas de remplacer les agences de notation existantes, mais de les compléter par une plus grande transparence ».
Zlecaf, la réponse structurelle la plus puissante de l'Afrique
Quatrièmement, le secrétaire exécutif a estimé qu’il est impératif de développer la finance innovante et verte. En ce sens, il est d’avis que l'Afrique doit montrer la voie en déployant des instruments tels que les obligations vertes, les obligations bleues et la dette liée à la durabilité afin de débloquer des capitaux axés sur le climat.
De plus, M. Gatete trouve que les conversions dette-climat et dette-nature offrent des pistes pour alléger la pression budgétaire, tout en investissant dans notre planète. Il a donné l’exemple de pays comme le Cap-Vert, le Gabon, les Seychelles et le Maroc qui, selon lui, montrent déjà la voie, rappelant que la Cea reste déterminée à fournir l'appui technique nécessaire, à renforcer les capacités et à promouvoir des initiatives telles que la Coalition pour une dette durable.
Cinquièmement, il a soutenu qu’aucune solution n'est complète sans un renforcement de la mobilisation des ressources intérieures. Cela implique, à son avis, d'élargir et de numériser « notre » assiette fiscale, de combler les fuites, de tirer parti des technologies et de lutter contre les flux financiers illicites qui coûtent à l'Afrique plus de 88 milliards de dollars chaque année.
Cela nécessite également le développement de marchés de capitaux robustes et inclusifs, capables de canaliser l'épargne intérieure vers des investissements productifs, de fournir des financements à long terme au secteur privé et de réduire la dépendance à l'égard de la dette extérieure.
Il affirmé que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) constitue la réponse structurelle la plus puissante de l'Afrique. Car, a expliqué M. Gatete, en créant un marché unique africain de 1,5 milliard de personnes, la Zlecaf peut stimuler les chaînes de valeur régionales, l'industrialisation, la création d'emplois et la mobilisation des recettes, réduisant ainsi la dépendance à l'égard des emprunts extérieurs et renforçant la résilience budgétaire.
Bassirou MBAYE
« En effet, à l'heure où nous nous réunissons, l'Afrique n'est pas seulement confrontée à une crise de la dette ; elle est confrontée à une crise du développement, où le service de la dette entre en concurrence directe avec la santé, l'éducation, les infrastructures et le droit fondamental au développement », a-t-il dit.
La dette publique de l'Afrique atteint 66,7 % du Pib
En 2024, la dette publique totale de l'Afrique a atteint 1 860 milliards de dollars, le ratio dette/Pib moyen passant de 44,4 % en 2015 à 66,7 % aujourd'hui. Sur tout le continent, plus de 20 pays africains sont déjà confrontés au surendettement ou sont sur le point de l'être.
Lorsque le remboursement de la dette dépasse les investissements combinés dans la santé et l'éducation, a-t-il soutenu, nous devons nous interroger sur la viabilité et le coût humain de notre trajectoire budgétaire.
Aujourd'hui, il a confié que 83 % des programmes de l'Usaid ont été annulés et les partenaires traditionnels resserrent leurs budgets. Parallèlement, « le coût du capital a grimpé en flèche et le Cadre commun du G20 reste malheureusement lent, opaque et biaisé en faveur des créanciers ».
Face à ces vents contraires, Claver Gatete est d’avis qu’il n'a d'autre choix que de tracer une nouvelle voie audacieuse et fondée sur des principes. À cet égard, il a souligné cinq impératifs essentiels qui, selon peuvent aider à remodeler le paysage de la dette en Afrique et restaurer la souveraineté budgétaire.
Cinq impératifs essentiels
Tout d'abord, M. Gatete trouve que les dirigeants africains doivent repenser la dette comme un outil de développement, et non de destruction. « Nous devons garder à l'esprit que la dette n'est pas intrinsèquement mauvaise ; ce qui compte, c'est à quoi elle sert », a-t-il expliqué.
À cet égard, il a dit que la Cea défend une « approche développementiste », où l'emprunt est lié à des investissements productifs dans l'énergie, les infrastructures, l'industrie et les services connexes. En termes simples, « nous devons cesser d'emprunter pour consommer et emprunter plutôt pour transformer ».
Deuxièmement, il a suggéré l’approfondissement de la transparence et le renforcement la gestion de la dette. A ce titre, M. Gatete a confié que l'Afrique a besoin de stratégies globales, propres aux pays, qui prennent en compte tous les passifs, y compris ceux des entreprises publiques. A l’en croire, la Cea travaille en étroite collaboration avec les gouvernements africains pour leur fournir un soutien technique, des analyses de la dette et des outils numériques de gestion de la dette à cet effet.
Troisièmement, le secrétaire exécutif de la Cea a soutenu que l'architecture financière mondiale doit être urgemment réformée. Car, a-t-il argué, le système actuel, malheureusement, n'est plus adapté à ses besoins. Dans le même sillage, il a déclaré que le cadre commun du G20 doit être transformé pour devenir prévisible, inclusif et équitable.
Pour lui, ce cadre doit également accueillir les pays à revenu intermédiaire, associer les créanciers privés à la table des négociations dès le début et s'inspirer des neuf principes fondamentaux des Nations Unies, de la durabilité à l'immunité souveraine.
Dans cet esprit, a-t-il poursuivi, nous devons accélérer la création de l'Agence africaine de notation de crédit, une institution qui comprenne les réalités de l'Afrique, reflète son potentiel et rétablit une perception plus juste du risque africain à l'échelle mondiale. Son objectif, selon lui, « n'est pas de remplacer les agences de notation existantes, mais de les compléter par une plus grande transparence ».
Zlecaf, la réponse structurelle la plus puissante de l'Afrique
Quatrièmement, le secrétaire exécutif a estimé qu’il est impératif de développer la finance innovante et verte. En ce sens, il est d’avis que l'Afrique doit montrer la voie en déployant des instruments tels que les obligations vertes, les obligations bleues et la dette liée à la durabilité afin de débloquer des capitaux axés sur le climat.
De plus, M. Gatete trouve que les conversions dette-climat et dette-nature offrent des pistes pour alléger la pression budgétaire, tout en investissant dans notre planète. Il a donné l’exemple de pays comme le Cap-Vert, le Gabon, les Seychelles et le Maroc qui, selon lui, montrent déjà la voie, rappelant que la Cea reste déterminée à fournir l'appui technique nécessaire, à renforcer les capacités et à promouvoir des initiatives telles que la Coalition pour une dette durable.
Cinquièmement, il a soutenu qu’aucune solution n'est complète sans un renforcement de la mobilisation des ressources intérieures. Cela implique, à son avis, d'élargir et de numériser « notre » assiette fiscale, de combler les fuites, de tirer parti des technologies et de lutter contre les flux financiers illicites qui coûtent à l'Afrique plus de 88 milliards de dollars chaque année.
Cela nécessite également le développement de marchés de capitaux robustes et inclusifs, capables de canaliser l'épargne intérieure vers des investissements productifs, de fournir des financements à long terme au secteur privé et de réduire la dépendance à l'égard de la dette extérieure.
Il affirmé que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) constitue la réponse structurelle la plus puissante de l'Afrique. Car, a expliqué M. Gatete, en créant un marché unique africain de 1,5 milliard de personnes, la Zlecaf peut stimuler les chaînes de valeur régionales, l'industrialisation, la création d'emplois et la mobilisation des recettes, réduisant ainsi la dépendance à l'égard des emprunts extérieurs et renforçant la résilience budgétaire.
Bassirou MBAYE