LANCEMENT OFFICIEL DE L’INTEROPERABILITE : La BCEAO casse les « murs » du transfert

Mardi 30 Septembre 2025

Le lancement officiel par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ce 30 septembre 2025, de la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI), marque un changement des règles du jeu pour les opérateurs Mobile Money et reconfigure toute la chaîne de valeur des paiements dans l’espace UEMOA (Union économique et monétaire Ouest-africain).


M. le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest Jean Claude Kassi Brou, effectuant une transaction symbolique de 10 000 FCFA en moins de 10 secondes. L’image est saisissante mais surtout parlante, témoignant par l’exemple, l’opérationnalité de la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI) dont la cérémonie de lancement officiel a été présidée ce mardi 30 septembre 2025, par le ministre des Finances et du Budget du Sénégal , Cheikh Diba. « Plusieurs institutions de microfinance et établissements de monnaies électroniques des huit pays de l’UMOA ont satisfait aux exigences techniques de sécurité, de connectivité et d’homologation définies par la BCEAO, et 45 d’entre eux sont prêts à démarrer à ce jour », a informé M. Brou dans son adresse d’ouverture. Pour lui, ces acteurs qui ont activement pris part aux différentes étapes du processus vont être en mesure d’offrir des services de paiements instantanés.

Jusque-là, un transfert rapide d’argent dépendait souvent des réseaux Orange Money, MTN Mobile Money, Wave, Moov Money ou autres, chacun fonctionnant en silo. Désormais, les transferts se feront « en quelques secondes » et quel que soit l’émetteur ou le récepteur, mettant un terme à la captivité des usagers dans des écosystèmes fermés. Les populations non bancarisées vont ainsi pouvoir recevoir et faire des paiements plus facilement entre comptes bancaires ou mobile money ; et pour les utilisateurs finaux, surtout dans les petites transactions, les frais pourraient baisser. Choix « stratégique » opéré par la Bceao, selon le ministre des Finances et du Budget qui pointe « la gratuité des services notamment pour les particuliers et qui contribuera à l’adoption massive de la monnaie électronique et à la réduction de la dépendance aux espèces », a-t-il indiqué.

La Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI), est en effet une réinitialisation stratégique du paysage des paiements dans les huit pays de l’UEMOA, puisque ce saut qualitatif va accélérer la « commoditisation » du transfert d’argent à très bas coût ; processus par lequel un bien ou un service, initialement différencié par des caractéristiques uniques, devient une marchandise standardisée et interchangeable, où les consommateurs privilégient le prix comme critère d'achat principal en raison d'une offre pléthorique.

Pour la première fois, les flux financiers entre banques, institutions de microfinance, fintechs et opérateurs de mobile money seront ouverts 24 h/24 et 7 j/7. A travers ce modèle, comme l’a rappelé M. Diba, « Ces acteurs se voient offrir de réelles perspectives avec l’élargissement de la base clientèle, la réduction des charges d’exploitation notamment à celles liées à la gestion du cash, sans occulter l’opportunité pour l’innovation. »

Charité bien ordonnée, le ministre a aussi souligné que la plateforme PI-SPI devrait permettre « d’améliorer sensiblement la collecte des recettes publiques et, grâce à cet outil, le paiement de l’impôt, redevances, taxes et droits de douane sera plus simple, plus rapide et moins coûteux pour les contribuables. »
 
L’adaptation continue

Depuis juin 2024, date de lancement du Système de Transfert Automatisé et de Règlement (STAR-UEMOA) brut en temps réel des transactions d’importance systémique, la BCEAO, à la faveur des mutations au niveau international, œuvre à la modernisation des écosystèmes de paiement en adaptant constamment ses infrastructures et son cadre règlementaire. Dès 2015, l’Uemoa a amorcé une transformation digitale marquée par l’adoption d’un cadre règlementaire pour les activités de paiements électroniques, conférant à celles-ci, une place croissante dans les transactions financières.

Initiatives qui se sont traduites par un accroissement significatif du volume des transactions en monnaie électronique qui est passé de 260 millions à 11 milliards entre 2014 et 2024 ; sur la même période, le nombre de comptes a également évolué de 18 millions à près de 240 millions. La forte progression des paiements numériques a été un puissant vecteur de l’inclusion financière qui s’est fortement améliorée, s’établissant aujourd’hui à près de 74% contre moins de 15%. En dépit de ces avancées remarquables, il est apparu nécessaire de renforcer et d’améliorer l’accès des populations aux paiements et services numériques en favorisant l’intégration de l’interopérabilité au sein de l’écosystème financier qui contribue à simplifier l’environnement financier.
 
Tout le monde s’y retrouve

« PI » devrait permettre d’apporter des réponses et bénéfices concrets pour toutes les parties prenantes de l’écosystème des paiements. Pour les commerçants et artisans, la Plateforme est susceptible de transformer la relation de paiements, ouvrant la voie à l’essor du commerce régional à l’échelle de l’Union ; pour les entreprises, elle facilite l’automatisation des encaissements et décaissements, optimise la gestion de la trésorerie et raccourcit les cycles de règlements tout en renforçant la fiabilité des processus internes ; pour les banques et institutions de microfinance, ainsi que les établissements de paiements électroniques, « PI » est de nature à rationaliser   les charges  opérationnelles, élargir l’offre de services financiers et la base clientèle, créant de nouvelles opportunités notamment pour leurs activités ; quant aux Fintechs et start-up, la plateforme offre un interface standardisé permettant de concevoir et déployer des services à valeur ajoutée sans besoin de recourir à des accords bilatéraux ; pour le Trésor public et les administrations, PI constitue un standard centralisé et interopérable pour le paiement de salaires, aides sociales ainsi que d’autres engagements financiers, de même que le recouvrement de créances.
Malick NDAW
Actu-Economie


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