FORUM DE L’ENTREPRENARIAT DE LA FONDATION TONY ELUMELU : Les start-ups, porteurs du développement de l’Afrique

Lundi 31 Octobre 2016

L’innovation et le leadership ont été au rendez-vous de la deuxième édition du Forum de l’entreprenariat, organisé par la Fondation Tony Elumelu, à Lagos (28-29 octobre 2016), et durant lequel 1 000 entrepreneurs africains, jeunes pour la plupart, ont démontré leur capacité à porter le développement inclusif et durable du continent.


L’Afrique a de quoi être fière de ses enfants. Pas seulement de ceux qui ont eu du succès dans leur entreprise, à l’instar du philanthrope nigérian Tony Elumelu, mais également de ses jeunes et de ses femmes. Pour ceux-ci, elle peut afficher un grand optimisme. Tenez, par exemple, Olamide Olabode, 21 ans, participante de la seconde édition du Forum de l’entreprenariat de la Fondation Tony Elumelu (28-29 octobre 2016). Malgré son âge relativement jeune, cette nigériane est pétrie d’ambition pour son continent. Evoluant dans le secteur de l’agriculture et de l’agrobusiness, elle croit dur comme fer en la possibilité de l’Afrique de sortir du sous-développement. A l’heure où les filles de son âge préfèrent se consacrer à la mode, au divertissement, elle a jeté son dévolu sur un secteur porteur et important pour le continent. Elle dit : « Je veux participer à la lutte contre la malnutrition et la faim qui touchent plus les enfants et les femmes. » Au moment où beaucoup de jeunes Africains tentent de gagner l’Occident en bravant tous les risques ou se jettent dans les bras de l’extrémisme religieux, elle préfère rester sur le continent et participer à son développement. « Il n’est pas facile d’être une femme en Afrique et de monter son propre business, mais je crois en l’avenir du continent, à son développement par ses enfants et, pour rien au monde je ne dévierai de mon objectif », dit Olabode. Sage décision, puisque son start-up, « Mide Empire » a fait partie des 1 000, qui ont participé du Forum de l’entreprenariat.
Pour cette édition, 45 000 candidatures ont été reçues, provenant des 54 pays d’Afrique. Chacun des participants a reçu un préfinancement de 5 000 dollars, qui sera renouvelé si le récipiendaire mène son projet à terme. Très engagé dans l’accompagnement de l’entreprenariat privé africain, notamment chez les jeunes, l’initiateur du forum, Tony Elumelu s’engage à débourser 100 millions de dollars sur 10 ans pour accompagner les entrepreneurs africains, afin qu’ils puissent créer leur propres entreprises, dans les domaines de l’agriculture, de l’agrobusiness, des Tics, des médias, de la santé, des télécoms, de l’environnement, etc. « Nos entrepreneurs changeront le visage de l’Afrique, créant ainsi une vague de business africains dynamiques, enrichissant leurs communautés et leurs pays, et étant des locomotives de la croissance économique à travers le continent tout entier », espère M. Elumelu, par ailleurs président du Groupe bancaire UBA. La directrice générale de la fondation, Mme. Parminder Vir Obe, ne dit pas autre chose lorsqu’elle évoque la fierté qui anime le promoteur et toute l’équipe « d’avoir établi une plateforme unique pour les entrepreneurs africains, leur permettant de forger des relations et des partenariats d’affaires  à même de créer un écosystème favorable à l’innovation et à la collaboration. »
 
Appel à plus de participation d’entrepreneurs femmes et de francophones
 
Pour l’édition de cette année, 36 % des participants sont des femmes. Un taux qui devrait augmenter, surtout après le plaidoyer de Mme Elumelu. Les pays francophones sont également sous-représentés. Ils ne représentent que 10 % des entrepreneurs. « Ce n’est pas parce qu’ils sont moins entreprenants que les anglophones », a rassuré M. Elumelu, qui compte d’ailleurs sur les médias francophones présents à ce rendez-vous pour vulgariser le forum auprès des entrepreneurs africains francophones.
Trois jeunes entrepreneurs sénégalais étaient de la partie. Deux femmes, Ousseynatou Diallo, qui s’active dans la transformation industrielle alimentaire, Belinda, dans la promotion des produits artisanaux créés par les femmes détenues et Edouodji Sekou Oumar Sow, dans l’agriculture.
Noé Igor Semanou, est un jeune entrepreneur béninois de 31 ans. Titulaire d’un Master de Droit des affaires, il peine à trouver un emploi dans son domaine de prédilection. De guerre lasse et refusant le fatalisme et l’oisiveté, il décide, alors, de monter son start-up. « L’idée est partie d’un constat : le Bénin compte un nombre important de juristes. Pour autant, la loi et les règlements du pays ne sont pas compris et assimilés par la majorité des citoyens ; instruits comme les illettrés. Je me suis demandé, comment faire pour inverser la tendance, d’autant que selon le dicton, nul n’est censé ignorer la loi », dit-il.
Avec le support des technologies de l’information et de la communication, Noé met sur pied un projet de centre d’appel, qui permettra à tous les Béninois d’avoir accès à un conseiller juridique, quel que soit le problème de droit auquel il est confronté. « Vous savez, dit-il, que les services d’un avocat ont un coût inaccessible pour une grande partie de la population. » C’est ainsi que « He ! Lawyer » voit le jour. Par téléchargement de l’application ou en se connectant sur Internet, l’usager peut entrer en contact avec un conseiller juridique par SMS, appel ou courriel, moyennant un « paiement forfaitaire accessible aux plus démunis. »
Actuellement en phase de pénétration du marché, Noé espère sauver du déluge juridique nombres de ses compatriotes. Et pas seulement, puisqu’il espère dupliquer sa trouvaille dans les 17 Etats membres de l’Organisation pour l’harmonisation droit en Afrique (OHADA).
L’Afrique est confronté à la problématique de la préservation de l’environnement. Le Bénin ne fait pas exception. C’est tout le sens du projet d’Enoc Roméo Azouhoumon, 35 ans. 2voluant dans le domaine des énergies renouvelables, le jeune a mis au point une petite unité de production de charbon écologique. « Nous récupérons des déchets organiques, des résidus agricoles comme les tiges de maïs, par exemple, que nous recyclons pour produire du charbon écologique », confie ce jeune entrepreneur, présent lors du second forum de l’entreprenariat de la Fondation Tony Elumelu. Créée en 2015, sa jeune entreprise, « Almighty services plus » espère produire 75 à 100 tonnes de charbon vert, par mois à partir de 2017.  Actuellement en phase d’essai, ses premières productions, offertes gratuitement en échantillon, sont très bien accueillies par les populations béninoises. De bon augure pour ce jeune entrepreneur, qui vient de participer, du 19 au 23 octobre 2016, à Paris, aux African rethink awards, consacré à l’entreprenariat.
 Amadou BA, Envoyé spécial à Lagos, Nigéria
 
 
 
 
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