Les négociations partaient de loin. Elles étaient menées dans de drôles de circonstances - confinement oblige - mais les 27 pays de l'Eurogroupe ont annoncé jeudi soir avoir scellé un accord en vue d'apporter une réponse commune à la crise du coronavirus. Les échanges s'étaient pourtant tendus, après une première réunion infructueuse, mardi.
Preuve d'un certain soulagement, le porte-parole du président de l'Eurogroupe y est allé de son petit tweet à l'issue des négociations : « La réunion s'est achevée sous les applaudissements des ministres », a-t-il publié jeudi en début de soirée.
Bruno Le Maire, qui s'est chargé de défendre la position française de ses bureaux à Bercy, s'est quant à lui satisfait de la conclusion d'un « excellent accord ». Dans le détail, les 27 pays membres de l'Eurogroupe se sont entendus sur une enveloppe de 500 milliards d'euros disponibles immédiatement. Un budget qui pourra encore être complété par un fonds de relance dont les contours doivent encore être précisés.
Trois leviers pourront être utilisés en réponse à la crise : jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du fonds de secours de la zone euro ainsi qu'un fonds de garantie de 200 milliards d'euros pour les entreprises. Les 100 milliards restants serviront à soutenir le chômage partiel.
Depuis l'échec des négociations mardi, la tension était montée d'un cran. Les Etats membres reprochaient aux Pays-Bas, soutenus par l'Autriche, la Suède et le Danemark, d'empêcher tout accord en bloquant l'activation du Mécanisme européen de stabilité (MES). La Haye entendait conditionner les prêts que pourrait octroyer ce fonds de secours de la zone euro à des réformes économiques. Un positionnement jugé « contre-productif » et « incompréhensible » par la présidence française.
La conclusion d'un accord était primordiale d'un point de vue politique, alors que de l'aveu même du Fonds monétaire international, le continent traverse sa plus grave crise depuis 1929. Elle n'occulte pas pour autant de réelles dissensions. L'épineux dossier des « coronabonds », réclamé par les pays les plus frappés par la crise, comme l'Italie, l'Espagne ou la France, n'a pas été arbitré. Ces derniers réclament l'instauration d'un plan de relance européen financé par de la dette commune. Cette mutualisation des dettes demeure à ce jour absolument inenvisageable pour l'Allemagne et les Pays-Bas. Continent le plus durement touché par l'épidémie de coronavirus, l'Europe se trouve aussi confrontée à ses faiblesses politiques, peut-être plus flagrantes que jamais.
http://www.leparisien.fr/
La question des « coronabonds » pas tranchée
http://www.leparisien.fr/