Afrique: Forum Forbes Afrique - Bancarisation, surliquidité bancaire et financement des économies

Dimanche 27 Juillet 2014

Inciter davantage les ménages à avoir un compte en banque, tel que le suggère le thème du forum Forbes Afrique de ce 25 juillet à Brazzaville, est en soi une idée noble. Elle est cependant plus qu'exaltante dans le contexte d'un pays qui, comme le Congo ou chacun de ses voisins, voit moisir les espèces en banque alors que l'économie en manque cruellement.


Afrique: Forum Forbes Afrique - Bancarisation, surliquidité bancaire et financement des économies
C'est la triste réalité dont l'une des plus récentes expériences vient d'être vécue, courant juin, par le Comité de pilotage pour la promotion et le développement du secteur privé congolais. Initié par le président Denis Sassou N'Guesso pour les besoins de la cause, ce comité qui s'attèle à mettre sur pied une agence dédiée à la promotion du secteur privé national, s'est précipité, fort des résultats de ses observations, à réunir banquiers et gens d'affaires pour comprendre le pourquoi de ce paradoxe : Pourquoi ceux-ci manquent-ils d'argent pour développer l'économie alors que ceux-là en ont de trop ?
L'échange, organisé dans une salle du 3e étage du ministère des Affaires étrangères, entre représentants de l'Association des banques du Congo et ceux des entrepreneurs, sous la médiation du comité de pilotage, a vite tourné dans un sens. Mis devant l'évidence, les entrepreneurs, souvent plus que plaintifs sur leur abandon par les établissements de crédit, ont écouté les autres.
Il aura fallu beaucoup de dextérité aux représentants du comité que dirige Denis Gokana pour sauvegarder le bon climat dans cette discussion, de plus en plus animée, quand les banquiers se sont mis à tirer à boulets rouges sur les entrepreneurs. « Nous sommes des entreprises, des commerçants comme vous, à la seule différence que nous vendons de l'argent. Quand il n'est pas acheté nous sommes malheureux », ont-ils expliqué, substantiellement. Acheter ou vendre l'argent, ont-ils poursuivi, suppose qu'on soit entouré de dispositions nécessaires pour que cela ne se fasse pas au détriment de l'un ou de l'autre.
Or, la triste réalité dégagée durant cette réunion a été que très peu d'entrepreneurs avaient des projets bancables, manquant souvent des moyens de leurs ambitions (pas d'études de faisabilité, pas de comptabilité, pas d'états financiers de leurs activités, etc.). Conséquence : pour un taux de bancarisation moyen de moins de 10% dans les pays de la Cémac, 7% au Congo, le taux de crédit n'atteint pas 40% des dépôts pour le cas de ce dernier pays. « La vie d'une entreprise ce n'est pas que le financement, c'est aussi et surtout l'organisation et les ressources humaines qui comptent parmi les facteurs déterminants », commentait un des organisateurs à la fin de la séance.
Mais il faut voir les leçons à tirer de cette expérience, notamment le manque de formation et de culture d'entreprise. En réalité, les gens d'affaires n'ont pas à se poser en victimes, ils doivent pouvoir lever la voix, stigmatiser le manque d'accompagnement et de communication, d'environnement adéquat, etc. Car ces tares sont en partie imputables à leurs bourreaux du jour, les banquiers, et à l'État.
Les Dépêches de Brazzaville
Finances & Banques


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