Planification familiale : des journalistes constatent l'évolution des mentalités à Mbour

Dimanche 13 Avril 2014

Des journalistes en poste à Mbour ont pu constater que la planification familiale s’impose de plus en plus aux mentalités, jeudi dernier lors d’une visite de terrain au quai de pêche de la ville, à l’issue de laquelle ils ont également pu se rendre compte des résistances d’autant plus farouches qu’elles sont souvent résiduelles si elle ne relèvent pas d’une mauvaise compréhension des méthodes contraceptives.


Planification familiale : des journalistes constatent l'évolution des mentalités à Mbour
Pour apporter leur contribution à l’atteinte des objectifs fixés dans ce domaine par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, ces membres de la section mbouroise de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) ont voulu apporter leur participation. Ils ont donc décidé de cette descente au quai de pêche de Mbour, lieu de toutes les attractions dans la capitale de la Petite-Côte.

Par cette initiative, ils comptaient s’imprégner des réalités du terrain, relativement à l’implication des hommes dans la planification familiale (PF), à la lumière des discours nouveaux et actions engagées par le ministère de tutelle.

Pour l’essentiel, les personnes interrogées semblent bien au fait de la planification familiale, au-delà des prises de position de ceux qui s’en disent adeptes. Certains disent se l’interdire au nom la plupart du temps de leurs convictions religieuses.

‘’Je n’ai jamais pratiqué la planification familiale, parce que je n’en veux pas du tout'', déclare Mame Diarra Diouf, la trentaine bien sonnée, micro-mareyeuse de son état et mère de quatre enfants. Et puis, mon mari, qui a certainement ses raisons, s’y oppose catégoriquement’’. ‘’Mais moi, je n’ai pas de problème, puisque j’allaite mes enfants jusqu’à l’âge de deux ans’’, se justifie-t-elle ensuite.

Contrairement à cette première interlocutrice, Ndèye Samba Diouf, également micro-mareyeuse, a été amenée par la force des choses à pratiquer la Planification familiale, à 42 ans révolus, suite à une grosse qui n’a pu arriver à terme. Conséquemment à cet accident, cette mère de quatre enfants dit avoir suivi les conseils de son médecin lui demandant de s’adonner à cette pratique pour ‘’reprendre forme’’. ‘’Et c’est mon mari qui m’a même accompagnée au niveau du district sanitaire de Thiadiaye’’, assure-t-elle.

‘’Je trouve la planification familiale très utile, parce qu’elle permet à la femme de préserver sa santé et celle de son enfant. Non seulement c’est une bonne chose pour la santé de la mère et de l’enfant, mais même sur le plan économique, elle permet au père de famille de faire des économies’’, explique-t-elle.

Alphonse Ndour, un père de famille de 37 ans, est d’avis qu’il faut en priorité penser à la santé de la femme, sans laquelle rien n’est possible. Selon lui, ce qui l’a amené à autoriser son épouser à pratiquer la Planification familiale. ‘’L’homme propose, Dieu dispose ! Je sais que grâce à la planification familiale, je veille sur la santé de ma femme et sur celle de son enfant’’, fait observer le jeune marié, pêcheur en activité.

Pour lui, les temps ont beaucoup changé et le développement de la médecine est tel qu’il faut faire confiance aux spécialistes de la santé qui sont pour la plupart très bien formés. ‘’C’est par ignorance que certains hommes interdisent à leurs épouses de recourir à la planification familiale’’, relève-t-il.

Beaucoup plus jeune que M. Ndour, Ousmane Ndiaye, marié à deux épouses à 24 ans, dit bien connaître la planification familiale à travers les explications des spécialistes. ‘’Avec ma première épouse, on a vécu quatre ans avant d’avoir notre premier enfant cette année. Mais, je me suis rendu compte qu’avoir régulièrement des enfants sans penser à l’espacement des naissances appauvrit certaines familles, surtout avec l’achat des médicaments et autres dépenses, qui grèvent les budgets des ménages’’, a souligné le jeune polygame.

La cinquantaine, Abou Sy, ne semble avoir qu’une connaissance sommaire de la planification familiale. Mais ce célibataire veuf assure que la visite des journalistes lui a permis de se poser des questions sur la pertinence ou non de recourir à cette pratique qui contribue à la santé de la reproduction.

‘’Si Dieu me donne la possibilité de me remarier avec une autre femme, je pense que je ne m’opposerai pas à la planification familiale qui semble être la solution à la mortalité maternelle et infanto-juvénile’’, promet-il.

Serigne Sour, 46 ans et père de huit enfants issus de ses deux épouses, semble lui aussi bien au fait de la planification familiale, ‘’une très bonne chose pour les femmes et leurs progénitures’’. Surtout si l’on prend en compte ‘’les complications qui sont souvent enregistrées lors des accouchements’’, dit-il.

‘’Je n’ai jamais discuté avec ma première épouse avec qui j’ai un enfant conçu après une planification familiale. J’ai par contre parlé de la question avec ma première épouse, mère de sept de mes enfants, pour qu’elle puisse adopter cette méthode, afin de sauvegarder sa santé et celle de ses enfants’’, déclare-t-il.

Pour Oumar Ngalla Guèye, 43 ans, membre du comité de gestion du quai de pêche de Mbour que dirige son père, El Hadji Mame Ousmane Guèye, affirme à son tour que bien connaître la planification familiale.

Il assimile en effet cette pratique à un espace des naissances, estimant que ‘’le meilleur moyen’’ de combattre la mortalité maternelle et infantile, c’est de recourir à la planification familiale. 

Idrissa Ndiaye, en situation de handicap, est du troisième âge. Ce qui ne l’empêche pas de bénir la planification familiale. Avec la vie chère, qui réduit de plus en plus le pouvoir d’achat, ‘’recourir à cette pratique ne fait que du bien à la santé de la mère et de l’enfant, mais aussi à l’économie des ménages’’, fait valoir ce sexagénaire qui tient difficilement sur son unique jambe valide.

Ndiougou Salane, la cinquantaine, n’est pas du même avis. Un livre coranique entre les mains, il se veut formel. ‘’La Planification, je n’en veux pas et je n’admettrai jamais que mon épouse se mette à une telle pratique qui n’épouse pas mes principes. La femme est créée pour avoir des enfants, afin de croître la communauté du Prophète Mohamed (PSL)’’, lance à qui veut l’entendre celui qui dit se référer aux préceptes de l’islam.

La campagne nationale de planification familiale 2013-2014, lancée 6 septembre 2013 pour une durée de 10 mois, compte privilégier l’approche genre, dans l’objectif d’aider le Sénégal à surmonter les obstacles socioculturels et l’amener à atteindre un taux de 27 % de pratique contraceptive en 2015.
APS
Actu-Economie


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