Notation : GCR abaisse les notes de long et court terme du Port Autonome de Dakar.

Mardi 2 Septembre 2025

Pour sa notation d’août 2025, GCR ratings (GCR) a abaissé les notes d’émetteur de long terme et de court terme du Port Autonome de Dakar (PAD) respectivement de A-(WU) à BBB-(WU) et de A2(WU) à A3(WU)sur son échelle régionale de notation, ont annoncé les responsables de cette agence de notation basée à Dakar.


Notation : GCR abaisse les notes de long et court terme du Port Autonome de Dakar.
La perspective attachée à cette notation est stable. « De même, souligne l’équipe de notation, GCR a abaissé la note de long terme de A-(WU) à BBB-(WU) de l’emprunt obligataire « Port Autonome de Dakar 6,6% 2020- 2027 ». La perspective est stable.

« L’abaissement de la notation du Port Autonome de Dakar (PAD) repose sur l’intensification des risques dans son environnement opérationnel (détérioration du risque pays) » ont avancé les responsables de GCR. Cette contrainte est compensée marginalement par l’amélioration de ses marges et de sa liquidité qui soutiennent son profil financier. Dans ce contexte, souligne GCR, le PAD continue de bénéficier de sa position géographique stratégique, mais le renforcement en cours de son attractivité génère d’importants besoins de financement destinés à la modernisation de ses infrastructures qui pèsent sur sa flexibilité financière.

GCR a observé une dégradation de l’environnement opérationnel du PAD, conséquence directe de l’accroissement du risque pays au Sénégal, lui-même alimenté par un niveau d’endettement public élevé et par des déséquilibres macroéconomiques persistants. « Malgré ces facteurs défavorables, estime l’équipe de GCR, la position concurrentielle du PAD demeure un élément clé de soutien à sa notation ». Selon elle, sa localisation centrale sur la côte atlantique confère en effet aux navires un avantage compétitif en termes de temps de navigation par rapport aux autres ports de la sous-région ouest-africaine, et place le PAD au croisement des principaux flux commerciaux reliant l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Toutefois, cette position stratégique est fragilisée par des défis opérationnels et structurels significatifs. Selon GCR, le maintien de l’avantage compétitif du PAD dépendra de sa capacité à moderniser ses infrastructures et à se repositionner comme une plateforme logistique régionale incontournable. « Sans investissements accrus dans la capacité et la productivité, l’attractivité du port pourrait s’éroder face à la concurrence croissante des autres hubs de la région », note GCR.

Sur un autre registre, l’agence de notation avance que la marge d’exploitation du PAD s’est améliorée en 2024, soutenue par une progression de la marge d’EBITDA à 35,8%, résultat d’une croissance des revenus de 9,3%, de l’augmentation des autres produits d’exploitation (+27%) et de la réduction des charges de personnel (-4,4%), reflétant une politique sociale maîtrisée. Cette performance a permis au PAD d’afficher une marge nette de 25% (31 décembre 2023 : 20% ; 31 décembre 2022 : 109% ; 31 décembre 2021 : 5% ; 31 décembre 2020 : 18% ; 31 décembre 2019 : 23%). GCR estime que les revenus devraient rester élevés sur les 12 à 18 prochains mois. Toutefois, la capacité du PAD à maintenir une dynamique positive de marge en 2025 dépendra largement de l’efficacité des mesures de contrôle des charges opérationnelles et financières. La liquidité du PAD s’est nettement renforcée en 2024, ses sources couvrant plus de 200 % des besoins de liquidité à un an. « Toutefois, note GCR, les importants besoins de financement liés aux projets de modernisation et à la construction du Port de Ndayane devraient maintenir une pression élevée sur la trésorerie au cours des 12 à 18 prochains mois. » GCR estime néanmoins que la couverture des besoins de liquidité par les ressources disponibles restera confortable, dans une fourchette de 125% à 175%. Le PAD améliore également sa structure financière en 2024, mais conserve un niveau d’endettement élevé. Son ratio dette brute/EBITDA reste faible à 8,9x (31 décembre 2023 : 12,9x ; 31 décembre 2022 : 9,8x ; 31 décembre 2021 : 11,7x ; 31 décembre 2020 : 2,2x ; 31 décembre 2019 : 1,2x) traduisant une capacité de désendettement limitée. La couverture des intérêts nets demeure également contrainte, s’établissant à seulement 1,3x en 2023. GCR prévoit que le PAD maintiendra un niveau élevé d’endettement et de charges financières au cours des 12 à 18 prochains mois, en raison de sa politique d’endettement agressive, dictée par ses besoins importants de financement d’infrastructures. L’exploitation ne génère pas encore de flux de trésorerie suffisants pour couvrir ces besoins, ce qui accentue la pression sur sa capacité de remboursement. Selon toujours GCR, les investissements continus dans la modernisation du port renforcent sa compétitivité à long terme mais accroissent, à court terme, la contrainte financière qui pèse sur son profil de crédit. Les orientations stratégiques du PAD sont définies par son actionnaire unique, l’État du Sénégal, qui établit le cadre réglementaire régissant ses activités. GCR note que le PAD a renforcé ses fonctions de contrôle interne tout en consolidant ses infrastructures de sécurité de l’information et de sauvegarde des données. Par ailleurs, la stratégie du PAD intègre de manière croissante des considérations de responsabilité sociétale et environnementale, reflétant son engagement à promouvoir le développement durable et à réduire son empreinte environnementale.

GCR justifie la perspective stable attachée à la notation du PAD par l’amélioration attendue des performances opérationnelles et financières de l’entreprise, soutenue par le début du désengorgement du port et par la stratégie de maîtrise des coûts opérationnels et financiers mise en œuvre par la nouvelle direction. « Cette approche devrait permettre de renforcer les marges, de stabiliser le niveau d’endettement et de maintenir adéquate la couverture des besoins de liquidité » soulignent les responsables de l’agence de notation.

Selon GCR, un abaissement de la notation du PAD serait la conséquence : (i) d’une baisse de la marge nette en raison des pressions exercées par les importantes charges d’intérêt résultant de la politique d’endettement agressive du Port ; (ii) d’une hausse non soutenable du niveau des dettes entrainant une dégradation supplémentaire du taux de couverture de ses dettes et des intérêts d’emprunt par l’EBITDA ; (iii) d’une baisse de ses liquidités de nature à dégrader la couverture des besoins de liquidité par les sources de liquidité ; ou (iv) d’une dégradation continue de ses indicateurs opérationnels impactant davantage la compétitivité du PAD à l’échelle régionale de sorte à compresser durablement ses revenus.

A contrario, GCR soutient qu’un rehaussement de la notation du PAD serait tributaire : (i) d’une hausse de ses marges portées par des revenus en croissance et une gestion efficiente de ses coûts ; (ii) d’une tendance au désendettement se traduisant par un taux de couverture de l’EBITDA par ses dettes en dessous de 5x et un taux de couverture des intérêts au-delà de 4,5x ; (iii) d’une amélioration de la couverture de ses besoins de liquidité par les sources de liquidité dont dispose le PAD pendant un an ; ou (iv) d’une amélioration continue de ses indicateurs opérationnels entrainant l’augmentation de la compétitivité du PAD à l’échelle régionale et une croissance de ses revenus.

Concernant l’emprunt obligataire « Port Autonome De Dakar 6,60% 2020-2027 », admises à la cote de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) dans son compartiment obligataire, pour une capitalisation boursière de 60 milliards FCFA, GCR note que l’émetteur honore régulièrement le service de la dette, tant au titre du remboursement du principal qu’au paiement des intérêts. L’agence est d’avis que méthodologiquement, la note de cet emprunt obligataire correspond à celle de l’émetteur, puisque l’émission est considérée comme senior non sécurisé, en l'absence de tout élément de subordination ou, au contraire, de collatéralisation. GCR a abaissé par conséquent la note d’émission de long terme de cet emprunt obligataire de A-(WU) à BBB-(WU) sur son échelle régionale, avec une perspective stable.
Oumar Nourou
 
Actu-Economie


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