LEVEE OBLIGATAIRE DE 300 MILLIARDS DE FCFA : Impaxis Securities à la manœuvre

Jeudi 18 Septembre 2025

Les acteurs du marché financier régional que sont les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI) ont fort à faire avec le recours accru de l’Etat du Sénégal à l’Emprunt Obligataire par Appel Public à l’Épargne (APE), comme celui prévu pour ce 18 septembre 2025. Cette fois, c’est la société IMPAXIS SECURITIES, en tant qu’Arrangeur Principal et Chef de file, qui s’y colle pour mobiliser 300 milliards FCFA sur le marché.


LEVEE OBLIGATAIRE DE 300 MILLIARDS DE FCFA : Impaxis Securities à la manœuvre
Fort du succès de ses deux précédentes émissions, la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP) s’apprête à lancer, à partir de ce 18 septembre 2025, un nouvel emprunt obligataire par Appel Public à l’Épargne (APE). Une opération d’un montant total de 300 milliards de FCFA et dont la fenêtre stratégique aux investisseurs s’ouvre à partir de ce 18 septembre 2025 au 10 octobre 2025, s’inscrit dans le cadre du financement du déficit et est prévue au budget de l’État pour l’année 2025.
 
A la manœuvre de cette opération, la SGI Impaxis Securities, un acteur reconnu dans le secteur financier où il capitalise d’importantes réalisations, mandaté par l’Etat du Sénégal en tant qu’Arrangeur Principal et Chef de file du syndicat de placement. A ce titre, Impaxis Securities est chargée de la structuration technique et commerciale de l’opération, positionner le produit par rapport au marché et assurer le placement auprès des investisseurs.
 
La structuration en quatre tranches (valeur nominale de l’obligation est de 10.000 FCFA) traduit la stratégie de l’émetteur et la manière de séduire le marché en ciblant plusieurs profils d’investisseurs.
La Tranche A concernant un montant indicatif de 60 milliards, avec un coupon (intérêt) de 6,40% payé semestriellement et correspondant à un rendement de 6,50%, avec une maturité de 3 ans « in fine » (remboursement é en une seule fois, à l’échéance du titre). Cette tranche vise à attirer les investisseurs prudents, avec un horizon court (banques, trésoriers d’entreprise, particuliers recherchant de la liquidité).
 
Pour ce qui est de la Tranche B d’un montant de 100 milliards FCFA, elle offre un coupon de 6,60% payé semestriellement soit un rendement de 6,71%, et une maturité de 5 ans avec une année de différée sur le Capital. Cette tranche s’adresse aux investisseurs qui acceptent un peu plus de risque de durée, mais qui veulent rester dans le moyen terme.
 
Pour un montant indicatif de 80 milliards FCFA, la Tranche C offre un taux de coupon de 6,75%, produisant un rendement de 6,86%. La maturité ressort à 7 ans et inclut un différé de 2 ans qui procure un délai supplémentaire pour le remboursement du capital initial. De quoi alléger la pression financière sur les investisseurs. Cette tranche est destinée aux investisseurs intermédiaires/long terme (assurances, fonds), avec une tolérance au différé.
 
Enfin, la tranche D cible une enveloppe de 60 milliards FCFA, avec un coupon de 6,95%, payé semestriellement, qui génère un rendement de 7,07%. Cette dernière tranche présente une maturité prolongée de 10 ans, accompagnée d’un différé de 2 ans sur le capital, permettant ainsi aux investisseurs de bénéficier d’une stratégie d’investissement à plus long terme, tout en optimisant leur rendement sur la période étendue. Cette tranche est pensée pour les investisseurs institutionnels de long terme (fonds de pension, assureurs-vie) capables d’immobiliser des fonds et de gérer le différé.
Cette structuration en quatre tranches permet d’étaler les échéances de remboursement et de réduire la pression sur la trésorerie à court/moyen terme. A signaler que les montants indicatifs des Tranches B et C plus élevées reflète la volonté de capter plus de liquidités à moyen/long terme.
 
 
 
A la loupe
 
Dans l’ensemble, la structuration de l’opération est claire et suit une logique progressive en termes de durée et de rendement. En analysant de près les Tranche A (3 ans), B (5 ans), et C (7 ans), donne à constater que le rendement augmente avec la maturité, ce qui est logique et attractif pour les investisseurs à long terme.
Pour la tranche A notamment, caractérisée par une maturité de 3 ans avec un remboursement total du capital à l’échéance, le rendement de 6,50% est relativement attractif, surtout comparé aux taux bancaires classiques dans la région ; certes la « maturité in fine » est simple à gérer pour l’émetteur, mais elle expose les investisseurs à un remboursement unique. C’est classique mais mérite d’être signalé ; néanmoins, la semestrialité du coupon offre une bonne liquidité pour l’investisseur.
 
Cependant pour ce qui est de la Tranche B, le différé d’un an réduit la liquidité initiale pour l’investisseur, même si le rendement de 6,71% compense partiellement ce décalage. En revanche, si la hausse du rendement (6,71%) par rapport à la tranche A (+0,21%) semble correcte, elle n’est pas très incitative si l’on considère le différé et le risque de taux sur 5 ans.
 
Pour la Tranche C (7 ans, coupon 6,75%, rendement 6,86%), on note que le rendement ne monte que légèrement (+0,15% par rapport à B) et pourrait sembler faible par rapport au différé de deux ans (pas de remboursement du capital pendant deux ans) et au risque sur 7 ans. Les investisseurs pourraient préférer exiger un « spread » (écart de rendement mesuré par rapport à une référence (souvent les obligations d’État ou une autre tranche)) plus élevé pour ce délai.
 
Sensibilité au risque
 
L’observation générale sur les taux fait remarquer que la progression des rendements suit la maturité et le différé, mais le “premium” (prime) pour le risque supplémentaire (maturité plus longue + différé) est faible. Pour séduire des investisseurs prudents, il aurait été judicieux d’augmenter le « spread » de rendement entre les tranches, surtout pour les tranches avec différé. Par ailleurs, si le différé sur le capital (B et C) permet de réduire la pression sur la trésorerie de l’émetteur, il peut être perçu comme un risque pour l’investisseur. Par conséquent, il aurait fallu communiquer clairement que ce différé n’affecte pas les paiements de coupons dont au demeurant, la semestrialité (cash-flow attractif) est positive pour les investisseurs qui recherchent un flux de trésorerie régulier.
On note une cohérence de la courbe des rendements et la progression jusqu’à 7,07% sur 10 ans est logique, mais les investisseurs s’exposent fortement à l’inflation et à l’évolution des taux. Si les taux du marché augmentent, le rendement net proposé risque de perdre en compétitivité. La semestrialité des coupons est un atout fort pour la régularité des flux et le différé de 2 ans allège la pression de remboursement pour l’émetteur, tout en maintenant l’attractivité du coupon. Cependant, la prime de risque reste limitée notamment entre la tranche C (7 ans, 6,86%) et la tranche D (10 ans, 7,07%), où l’écart est seulement de +0,21%. Pour un horizon plus long et avec un différé, ce « spread » pourrait sembler faible pour convaincre. Ce type de maturité longue séduit surtout les institutionnels (assurances, fonds de pension). Les particuliers et certaines banques pourraient hésiter si la prime n’est pas renforcée.
 
En somme, l’ensemble de la structuration semble bien équilibré et bien pensé, mais les tranches longues (C et surtout D) gagneraient à offrir un écart de rendement un peu plus marqué pour compenser le risque lié au différé et à la durée. La tranche D à 10 ans est pertinente pour élargir la base d’investisseurs institutionnels, mais pourrait nécessiter un coupon légèrement au-dessus de 7% pour être vraiment compétitive. Un meilleur différentiel de rémunération pour les tranches longues et différées permettrait d’éviter que les investisseurs se concentrent sur la tranche courte.
 
In fine, on note une bonne cohérence globale, mais la perception de la valeur sur les tranches longues dépendra de la sensibilité des investisseurs au risque de durée et au différé.
Malick NDAW



 
 
Actu-Economie


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