Innovation, formation, durabilité : le triptyque de la révolution numérique en Afrique

Vendredi 14 Avril 2023

L'Afrique connaît depuis plusieurs années une révolution numérique sans précédent, notamment caractérisée par une adoption rapide des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC). Nombreux sont ceux qui voient dans la démocratisation de la technologie et des services numériques l’opportunité d’un avenir durable, où productivité, compétitivité et inclusion seront désormais les maîtres-mots.


En Afrique subsaharienne, l’année 2022 a été marquée par un tournant : bien que l’adoption de la 3G soit restée la technologie de connectivité dominante dans la région, elle a cependant amorcé son déclin au profit de la 4G pour la première fois. Cette nouvelle dynamique est révélatrice de la croissance du nombre de données et combien la connectivité mobile est un pilier de la transformation numérique. En effet, selon le rapport 2022 de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile, la GSMA, la 4G représentera 33% des connexions mobiles en Afrique subsaharienne d’ici 2025. Pour rappel, il était inférieur à un cinquième des connexions en 2021.
 
L’amélioration de la connectivité mobile se présente comme un puissant pilier de la Quatrième Révolution industrielle. Outre permise par le développement des infrastructures de télécommunication, cette révolution est portée par l’innovation, celle-ci étant en partie rendue possible par la formation des populations dans le secteur des nouvelles technologies. Par ailleurs, au regard des impératifs soulevés par le réchauffement climatique, la question de la durabilité est également essentielle afin de faire de la transformation numérique l’un des piliers de la croissance socio-économique de l’Afrique.
 
Quelles opportunités offertes par la révolution numérique ?

 
En Afrique, le rôle de la transformation digitale ne peut plus être négligé. Il est de plus en plus admis que révolution numérique et développement socio-économique vont de pair dans un continent en profonde et constante mutation. Cette dernière est notamment le fait d’une jeunesse de plus en plus connectée et adepte des TIC, consciente que le numérique peut répondre à ses besoins et attentes. En effet, la popularisation du téléphone mobile – et de plus en plus du smartphone – a permis aux populations africaines d’accéder à des services qui leur étaient auparavant inaccessibles.
 
C’est notamment le cas des applications favorisant le paiement mobile. Le secteur de la finance numérique en Afrique est l’un des plus dynamiques au monde. Selon le rapport 2022 de la GSMA, l’Afrique subsaharienne comptait 605 millions de comptes enregistrés, soit une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente. Dans la région, le nombre de transactions s’est ainsi élevé à 36,6 milliards de dollars en 2021, les montants s’étant quant à eux élevés à 697,7 milliards de dollars, soit une augmentation considérable de 40%. En réduisant la fracture financière et facilitant l'accès aux services bancaires pour les populations non-bancarisées, le mobile money s’est ainsi présenté comme un puissant vecteur d’inclusion financière. Les services financiers numériques ont également joué un rôle clé dans l’autonomisation et l’émancipation des femmes, mais également dans le développement de start-ups et de petites et moyennes entreprises.
 
Afin de répondre aux défis sur le continent, mais également aux problèmes et besoins de leurs concitoyens, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’activité entrepreneuriale. EdTech, GreenTech, HealthTech, le développement de solutions innovantes ne manque pas. Du Maroc au Cameroun, en passant par le Kenya et l’Afrique du Sud, ils sont nombreux et ambitieux à construire l’Afrique de demain, et ce, grâce aux nouvelles technologies. La crise de la Covid-19 ayant tout particulièrement confirmé l’importance de la e-santé, les investissements dans ce secteur souligne son utilité plus qu’essentielle : les jeunes pousses ont ainsi levé 141 millions de dollars en 2020, selon Partech Africa. En permettant aux populations et médecins de mieux s’informer, de mieux échanger, d’améliorer l’accès aux soins grâce à des services de télémédecine, notamment pour les patients et communautés éloignés vivant en zones rurales, ces start-ups ont un avenir prometteur devant elles.
 
Bien entendu, l’innovation ne se limite pas aux start-ups. Les gouvernements africains mesurent également toute l’importance que représentent les technologies numériques pour améliorer les services publics et les infrastructures. Ainsi, toujours dans le secteur de la santé, le gouvernement ivoirien a sollicité l’expertise de la start-up américaine Zipline de livraison de produits médicaux. En concevant, fabriquant et exploitant des drones de livraison, l’entreprise sera ainsi en mesure de livrer des vaccins, des médicaments et des fournitures médicales aux établissements de santé de l’ensemble de la Côte d’Ivoire, y compris dans les zones reculées.
 
Mais le secteur de la e-santé n’est pas le seul à connaître une croissance prolifique. En effet, au regard des enjeux et conséquences que représente le changement climatique en Afrique, l’histoire des GreenTech ne fait que commencer sur le continent. Ces entrepreneurs sont convaincus que l’innovation technologique jouera un rôle clé dans le développement durable de l’Afrique. Ils cherchent notamment à répondre à un défi de taille : comment s’adapter à un climat changeant dont la population n’est que faiblement responsable, tout en développant durablement l’économie ? Proposant des solutions pour la gestion des déchets, investissant dans des projets de production d’énergie propre ou mettant au cœur de leur action l’agriculture durable, les innovations des start-ups sont nombreuses dans ce secteur. Ayant au cœur de son modèle économique la lutte contre les défis climatiques, l’entreprise malienne OKO utilise des données satellitaires et de capteurs afin de suivre les conditions météorologiques et ainsi indemniser les exploitants qui auraient vu leurs cultures détruites en raison des sécheresses ou des inondations. Jusqu’à aujourd’hui, OKO aurait ainsi indemnisé 3 000 agriculteurs maliens, ivoiriens et ougandais, empêchant ainsi ces derniers de vendre leurs exploitations et équipements ou d’emprunter faute d’un revenu insuffisant.
 
L’innovation est donc au cœur de la révolution numérique en Afrique. Cependant, afin de stimuler pleinement la croissance économique, l’innovation se doit d’être inclusive mais également durable, car tout développement ne peut être durable s’il n’est pas respectueux de l’environnement et des ressources naturelles. Dès lors, la formation joue un rôle clé : elle est le corollaire de cette transformation numérique car sans talent formé aux nouvelles technologies, l’Afrique ne pourra émerger comme un pôle de compétitivité sur la scène internationale.
 
La formation, point focal de la révolution numérique en Afrique

 
Lors de la conférence de presse régionale organisée par Huawei Northern Africa le 31 mars 2023, dans le cadre de la publication du rapport annuel 2022 de l’entreprise, Adnane Ben Halima, Vice-président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa, soulignait que « pour que cette révolution numérique puisse être durable, il est essentiel de former un capital humain capable de mettre en place une véritable innovation par le biais de la recherche et du développement ».
L’accent doit en effet être mis sur le capital humain, innovation et formation entretenant une relation étroite et interdépendante. En effet, l'innovation technologique nécessite une main-d’œuvre compétente et qualifiée pour développer et utiliser les nouvelles technologies, tandis que la formation aux nouvelles technologies peut stimuler l'innovation en offrant des compétences et des connaissances nécessaires pour créer de nouveaux produits et services et ainsi rester compétitifs sur le marché du travail. Plus de la moitié de la population allant avoir moins de 25 ans d’ici 2050, il est crucial de les encourager et de les former pour un avenir numérique pérenne, inclusif et durable.
 
Si les universités africaines développent de plus en plus des programmes de formation en technologies numériques – exemple de l’Université Mohammed VI Polytechnique qui a lancé en janvier 2023 un master exécutif sur les stratégies des smart cities -, les initiatives de formation développées par les entreprises et institutions se multiplient en Afrique pour permettre aux talents de se former aux dernières technologies. Ainsi, en coopération avec la Banque africaine de Développement, Microsoft a mis en place un programme visant à exploiter le dividende démographique de l'Afrique avec pour objectif de créer des millions de nouveaux emplois pour les jeunes d'ici 2025. Les investissements dans la formation aux technologies numériques doivent donc être encouragés pour assurer le développement durable de l'Afrique et renforcer sa position sur le marché mondial de l'innovation technologique.
 
Parallèlement, il est également essentiel de former les populations africaines aux compétences techniques et numériques afin de concevoir, installer et de maintenir les réseaux. Les infrastructures de télécommunication sont en effet des éléments clés pour le développement de l’innovation. En améliorant la connectivité, elles permettent aux individus d’accéder à des technologies disruptives et de facto à de nouvelles idées. Elles peuvent par ailleurs être utilisées pour soutenir l’ensemble des activités économiques, tels que l’agriculture, l’éducation ou la médecine. La télémédecine a ainsi permis aux praticiens de communiquer avec les patients à distance, notamment pour ceux résidant en zones rurales où les services de santé sont limités.
 
Cependant, ces infrastructures doivent de plus en plus tendre vers la durabilité, la technologie pouvant être énergivore. C’est dans cet esprit que Huawei a développé la solution de panneaux solaires hors réseau Rural Solar Power. En combinant les réseaux Internet et l’énergie solaire, les opérateurs et les gouvernements locaux peuvent couvrir les zones rurales et reculées à un coût relativement faible. Par ailleurs, à travers cette solution, Huawei favorise l’accès à l’électricité pour ces populations, cruciale dans l’accès à la connectivité et aux technologies numériques.
 
La révolution numérique que connaît actuellement l’Afrique offre des opportunités sans précédent pour le développement socio-économique du continent. Cependant, afin de pleinement les saisir, il sera essentiel d’accorder une attention particulière à l’innovation, à la formation et à la durabilité. En effet, ces trois piliers entretiennent une relation étroite et interdépendante, chacun étant le corolaire de l’autre. En mettant l’accent sur ce triptyque, l’Afrique pourra s’affirmer comme l’un des leaders de la révolution numérique, tout en créant des avantages pour tout un chacun sur le continent.
 
Amadou DIOP
 
 
 
 
Actu-Economie


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