Financement durable dans l’Uemoa : Le Sénégal veut devenir le premier État à émettre une obligation verte

Vendredi 31 Octobre 2025

Le ministre sénégalais en charge des finances et du budget, Cheikh Diba, a annoncé, lors de l’ouverture du deuxième Forum Ouest-africain sur la finance durable (Wasfif), l’ambition du Sénégal d’être le premier pays de l’Uemoa à émettre une obligation verte souveraine. Une initiative qui s’inscrit dans la stratégie nationale de financement durable et dans la vision d’un développement résilient et inclusif.


Ouvrant les travaux du West Africa sustainable finance and investment forum, organisé par l’Autorité des marchés financiers de l’Uemoa (Amf-Umoa), le ministre Cheikh Diba a salué la dynamique régionale engagée en faveur du financement durable.
 
Devant un parterre d’investisseurs, de décideurs publics et de régulateurs venus de toute l’Afrique de l’Ouest, le ministre a rappelé que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) représente huit pays, plus de 150 millions d’habitants et un Pib cumulé de 130 000 milliards de francs Cfa, soit l’un des pôles économiques les plus dynamiques du continent.
 
« Malgré les crises successives, notre Union a su faire preuve d’une endurance remarquable, avec une croissance moyenne de 6 % sur la dernière décennie », a souligné M. Diba, annonçant que la croissance régionale devrait atteindre 6,7 % en 2025, tandis que l’inflation reculerait à 1,2 %, selon les prévisions de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
 
Dans cette dynamique, le Sénégal poursuit sa trajectoire ascendante avec une croissance estimée à 7,8 % en 2025, après 6,1 % en 2024 et 4,3 % en 2023. Cette accélération est portée par le démarrage de l’exploitation des hydrocarbures et la relance des investissements publics et privés dans les infrastructures et les services.
 
Cependant, M. Diba a mis en garde contre les risques qui pèsent sur cette trajectoire : resserrement budgétaire, endettement croissant et vulnérabilité face aux changements climatiques.
 
« Les catastrophes naturelles détruisent les moyens de subsistance et menacent la sécurité alimentaire, tandis que les besoins d’adaptation dépassent de loin les financements disponibles », a-t-il rappelé, citant les chiffres de la Banque africaine de développement : 277 milliards de dollars nécessaires chaque année contre 30 milliards de dollars actuellement alloués.
 
Un levier de résilience et de transformation
Face à ces défis, le ministre a appelé à une mobilisation accrue de financements endogènes, viables et durables, estimant que le marché financier régional constitue un levier stratégique pour financer la croissance et la transition écologique de l’Union. L’Amf-Umoa a déjà posé les bases de ce développement à travers la réglementation sur les obligations vertes, sociales et durables adoptée en 2020 et la mise en place en 2024 d’une taxonomie régionale pour mieux identifier les projets à impact environnemental et social positif.
 
Mais pour M. Diba, « il est désormais crucial que ces cadres réglementaires se traduisent par une augmentation substantielle des émissions ». À ce jour, environ 275 milliards de francs Cfa ont été mobilisés par des entreprises privées via des instruments de finance durable, mais aucun État de l’Uemoa n’a encore émis d’obligation verte.
 
Le Sénégal en première ligne de la finance verte
Cheikh Diba a confirmé que le Sénégal entend combler ce vide. Le pays s’est doté d’un document-cadre national de financement durable, intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (Esg). Ce cadre permettra de constituer un portefeuille de projets durables et d’attirer des financements adaptés.
 
« Fidèle à sa tradition d’innovation, le Sénégal donnera l’exemple en devenant le premier État de l’Uemoa à émettre une obligation verte sur le marché régional », a déclaré le ministre, rappelant que le pays avait déjà ouvert la voie dans la région avec l’émission de sukuks souverains, des obligations islamiques, conformes à la charia.
 
Pour réussir cette opération, le ministre a insisté sur la nécessité de collaborer avec le régulateur, les institutions financières de développement et les investisseurs afin de créer des mécanismes de rehaussement de crédit, de réduire le risque et d’abaisser le coût du capital.
 
Le Wasfif, qui réunit cette année à Dakar les principaux acteurs de la finance régionale, se veut une plateforme de dialogue stratégique pour faire de la finance durable un vecteur de transformation systémique de l’économie ouest-africaine.
 
Le ministre a appelé à faire de cette deuxième édition « un tournant décisif dans l’ancrage du marché des capitaux durables dans notre système financier ». « C’est en unissant nos efforts que nous parviendrons à bâtir une économie verte, résiliente et inclusive, capable de répondre aux aspirations de nos peuples », a conclu M. Diba.
Bassirou MBAYE
 
Actu-Economie

La rédaction

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