Le parcours d’un architecte du futur
Double diplôme ISG Nantes-ICMS Sydney, certifications Scrum Master à l’University of Sydney et Lean Six Sigma à l’University of New South Wales (UNSW), lauréat Loire-Atlantique du DCF Challenge en Business Intelligence… Le parcours impressionne. Mais c’est sur le terrain burkinabè que Bowendsom Nikiema a forgé sa vision. Immergé dans les réalités du marché local, il accompagne la transformation digitale de grands groupes, au titre desquels BURVAL Corporate, et forme des équipes entières – de l’exécutif à l’opérationnel – aux subtilités de l’intelligence artificielle. «J’ai découvert que nos entreprises passent leur temps sur des tâches sans valeur ajoutée. L’IA peut libérer ce potentiel. Mais pas n’importe quelle IA, car ce qu’il nous faut, c’est une IA pensée par nous Africains, pour nous Africains.»
Co-fondateur d’Intellifrica spécialisée en Computer Vision, Bowendsom Nikiema développe des solutions pour automatiser «tout ce qui peut l’être». Membre de la FNA Foundation qui lutte contre la pauvreté, celui pour qui l’IA n’a plus le moindre secret, a, chevillé au corps, le social. C’est dans cette logique qu’il affirme, dans un anglais parfait acquis à Sydney en Australie, que, «Technology without humanity is just expensive machinery». Ce qui signifie, en français facile, que «la technologie sans humanité n’est qu’une machine coûteuse.»
L’hybridation comme philosophie
Bowendsom Nikiema croit en la convergence des expertises. C’est ainsi qu’Aïobi s’intègre stratégiquement dans l’écosystème BURVAL Corporate et BBS Holding – le groupe panafricain de 12 000 collaborateurs, présent dans huit pays, où il est reconnu comme le leader de la sécurité privée. Cette alliance n’est pas le fait du hasard: elle transforme 30 ans d’expertise terrain en intelligence artificielle adaptée.
«Les géants tech occidentaux proposent des solutions one-size-fits-all (Standarisée, Taille unique). Nous, nous comprenons que le marché de Ouaga n’est pas celui d’Abidjan, que les défis de Bangui diffèrent de ceux de Lomé. Notre force? Nous connaissons ces réalités depuis des décennies à travers les opérations du groupe Burval Corporate-BBS Holding.»
La conquête méthodique du continent
Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana, Nigeria, Bénin, Togo, Guinée, République Centrafricaine, Mali, Niger, etc.: autant de marchés dans le viseur, des clients pilotes déjà opérationnels. La philosophie d’Aïobi, «The Invisible is Our Playground», soit «l’invisible est notre terrain de jeu», n’est pas qu’un slogan. C’est une déclaration de guerre à l’inefficacité.
Optimisation des processus opérationnels, systèmes de vision par ordinateur, analyse comportementale, visualisation cartographique des flux – autant d’outils pour que, selon les mots de M. Nikiema, «les champions locaux deviennent des références mondiales sans perdre leur âme africaine.»
L’humilité qui précède la gloire?
Dans un écosystème où beaucoup parlent de disruption, Bowendsom Nikiema préfère miser sur l’exécution. «J’ai vu Dubaï se construire en 50 ans dans le désert. L’Afrique a tout pour faire mieux, plus vite. Mais ça demande du travail, pas des discours.»
Quand on lui demande sa vision pour les cinq prochaines années, il sourit: «Dans cinq ans, j’espère qu’on ne parlera plus d’Aïobi comme de la ‘première DeepTech d’Afrique de l’Ouest’, mais simplement comme d’une DeepTech qui a rendu les entreprises africaines plus performantes. Le jour où notre travail sera invisible, nous aurons réussi.»
Un paradoxe pour celui qui a fait de l’invisible son terrain de jeu? «Non, une évidence. Les meilleures infrastructures sont celles qu’on ne remarque pas. Elles fonctionnent, c’est tout.»
L’humilité qui précède la gloire, comme dit le proverbe. Mais à voir l’ambition méthodique du jeune entrepreneur Bowendsom Nikiema, la gloire pourrait bien arriver plus vite que prévu.
Par Wakat Séra
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