AFIS 2025 – CASABLANCA, CAPITALE DE LA FINANCE AFRICAINE : Le capital est là, reste à le mobiliser

Lundi 3 Novembre 2025

À Casablanca, plus de 1 200 décideurs, régulateurs et dirigeants financiers se sont réunis pour repenser les fondations de la finance africaine. Sous le thème « Notre capital, notre puissance : libérons la souveraineté financière de l’Afrique », la 5ᵉ édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) a réaffirmé une conviction désormais partagée : l’avenir du continent dépendra de sa capacité à mobiliser ses propres ressources et à parler d’une seule voix sur le terrain de la finance.


« L’an dernier nous avions lancé un appel à la transformation, cette année, nous venons constater la confirmation d’une communauté financière plus forte, plus unie », a déclaré Mme Nadia Fettah, Ministre marocaine de l'Economie et des finances, qui a donné le top départ de la 5ème édition de l’Africa Financial Summit (AFIS) qui s’est ouverte ce lundi 3 novembre à Casablanca, la capitale marocaine. Mobiliser, libérer… Au fur et à mesure que se déroulent les éditions de l’AFIS, il n’est plus question que du capital africain et pour cause. Raréfaction des capitaux internationaux, hausse des taux d’intérêt, montée des tensions géopolitiques… Les économies africaines font face à de nombreux défis, et peinent à sortir de la dépendance aux financement extérieurs.

Comme pour l’édition passée, la préoccupation majeure reste la même et tourne autour de la mobilisation du capital africain. L’Afrique, ainsi que l’a rappelé Nadia Fettah, épargne près de 500 milliards de dollars par an. Or, 80 % des transactions intra-africaines se font encore en devises internationales, « renchérissant les coûts et alimentant la vulnérabilité financière », a-t-elle souligné. Le sénégalais Makhtar Diop, Directeur général de l’IFC, confirme en déclarant dans son discours inaugural : « L’État ne peut plus financer seul le développement. » Et puisqu’il est question désormais de passer à l’action, M. Diop se dit prêt, à travers son institution, à accompagner le mouvement de mobilisation de l’épargne domestique et la consolidation des marchés financiers locaux que doit porter le secteur privé. L’institution du Groupe Banque mondiale, selon le Directeur général de l’IFC, investit de plus en plus en monnaie locale tout en renforçant ses capacités de garantie à travers la plateforme Unify Guaranty, et cible des secteurs stratégiques comme l’agriculture et les collectivités locales.
 
Le thème : « Notre captal, notre puissance, libérons la souveraineté financière de l’Afrique », n’est donc pas choisi au hasard.

Un peu plus tôt, devant un parterre de plus de 1 200 dirigeants financiers, décideurs publics et régulateurs venus de tout le continent, Amir Ben Yahmed, PDG de Jeune Afrique Media Group, initiateur et président de l’Africa Financial Summit, avait d’emblée insisté sur l’urgence de « moderniser nos instruments et de mobiliser nos propres capitaux pour les orienter sur les projets stratégiques afin de consolider notre développement économique », a-t-il déclaré.

L’urgence est d’autant plus présente dans un contexte mondial traversé par des tensions géopolitiques, des marges budgétaires réduites, une volatilité financière persistante, entre autres.
 
Il n’y a pas un problème de capital

La séance inaugurale a ouvert une fenêtre à travers laquelle, un panel a été consacré à la nécessité « Débloquer » la puissance financière africaine. Au cours des échanges, il est apparu que cela passe par la nécessité d’approfondir les marchés et d’attirer davantage les investisseurs institutionnels. De même, le défi monétaire a été évoqué pour souligner la multiplicité des monnaies sur le continent, mais surtout, la fragmentation règlementaire ainsi que la problématique de la perception du risque pointée par Jérémy Awori, CEO du Groupe Ecobank.  

Cependant, Aigboje Aig-Imoukhuede, président de Access Bank PLC, a, lui, plaidé pour « dé-risquer » le marché africain, tandis que Jules Ngankam de African Guarantee Fund, a rappelé que les coûts de transaction constituent le premier frein pour les PME.
L’AFIS veut repenser les fondations de la finance africaine autour de six piliers clés : la stabilité économique mondiale, l’avenir de la banque commerciale, la gestion d’actifs et les marchés des capitaux, la finance durable, l’assurance et l’innovation numérique. Aussi, « Nous devons continuer à travailler ensemble. Les PME doivent être soutenues. Nous avons besoin de champions pour changer le narratif. Mobiliser nos ressources, travailler mieux, plus vite et plus fort », suggère Mme Nadia Fettah, ministre marocaine de l’Economie et des finances.

Finalement, il est convenu que l’ « Afrique n’a pas un problème de capital », c’est du moins la conviction de Amir Ben Yahmed qui estime que le continent dispose de ressources, d’épargne et d’investisseurs. Toute la question est relative à la mobilisation de ces ressources et, les travaux qui vont se poursuivre jusqu’au mardi 4 novembre prochain devraient déboucher sur des actions concrètes.

Rappelons que l’AFIS est organisé par Jeune Afrique Media Group, en partenariat avec la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, et avec le soutien des hautes autorités marocaines.
Malick NDAW, Casablanca
Actu-Economie

La rédaction

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