Rejet de toute hausse des salaires : Volonté de créer des emplois ou aveu d’austérité du président Macky Sall

Jeudi 2 Mai 2019

« Si on suit cette dynamique de hausse des salaires à quand pourrons nous créer suffisamment d’emplois pour les jeunes ».


C’est la réponse sans détour que le président de la République, Macky Sall a servi aux centrales syndicales qui ont défilé devant lui, ce mercredi 1er mai, pour déposer leurs cahiers de doléances dont la plupart des points sont vieux d’au moins de cinq ans.

Contrairement aux années précédentes où le chef de l’Etat faisait preuve de plus générosité face aux requêtes des syndicalistes, cette fois le président a été intransigeant.

Il refuse de céder face à la « pression »et menaces d’aller en grève souvent brandies et qui amènent généralement l’Etat à prendre des engagements qu’il ne pourra pas honorer.
« Nous avons une volonté sociale, mais nous n’avons pas les moyens d’augmenter les salaires », lance-t-il aux syndicalistes.

A l’en croire, depuis son accession à la haute magistrature, l’Etat a bloqué le prix du carburant et subventionne le prix de l’électricité, permettant aux salariés de les « supporter ».

« Au Sénégal les salaires s'élèvent à 80 milliards par mois. Ce qui nous revient à 800 voire 1000 milliards par an ».
Dans la même foulée, il a également rejeté l’idée d’alignement salarial suggérée par les syndicats.
A la place, il propose de trouver une meilleure solution pour éviter de se retrouver avec une masse salariale de plus de 300 milliards de F Cfa.

Aveu d’austérité ou contrainte budgétaire?

Les observateurs ont diversement interprété cette sortie du chef de l’Etat. Certains estiment qu’avec un deuxième mandat en poche, le président Sall n’a plus froids aux yeux, ni les mains liées devant une quelconque pression. 
En mode fast track, il fonce devant tout dossier pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre du PSE2.
L’économiste, M. Birane Sané ancien Directeur général de l’antenne nationale de la BRVM, semble épouser cette option du président Sall.

Pour lui, le chef de l’Etat, dans sa déclaration, cible le pouvoir d’achat qui peut être augmenté sans augmenter les salaires.

Il juge contradictoire la position des syndicalistes car, « compte tenu des contraintes budgétaires, on ne peut pas augmenter les salaires et continuer à subventionner les produits sensibles ».

En contrepartie d’une hausse des salaires, stipule-t-il, les syndicalistes doivent faire des propositions sur la productivité des travailleurs sénégalais qui est très bas par rapport à la norme internationale.

D’autres, par contre, y voient un aveu d’austérité qui amène l’Etat à réduire tout ce qui est poste de dépense.
L’économiste, M. Maissa Babou pense que « la position du président ne tient pas la route car malgré les subventions, les prix sont encore élevés ».

Pour lui, « le coût de la vie est extrêmement cher au Sénégal et qu’il nous faut nous réajuster ».
Devant cet état de fait, l’Etat est dans l’obligation de continuer à accompagner le capital humain sur lequel il a beaucoup investi.

Avant d’avertir : « Les augmentations annoncées sur les prix de certains produits mènent vers l’application de la vérité des prix avec la fin des subventions ».

D’autres observateurs jugent « fallacieux » l’argument brandi comme alternative en optant pour la création d’emplois pour les jeunes, à la place de toute augmentation de salaire.
Pour mettre à nue cette option, ils ont mis sur la table l’échec des politiques d’emplois confirmé par la persistance du phénomène des pirogues de l’immigration clandestine et la précarité du travail offert aux nouveaux arrivants sur le marché.

A cela s’ajoute l’attitude du régime actuel qui a la propension à refiler la patate chaude à un secteur privé qui ne cesse de se plaindre d’un climat des affaires ni favorable encore moins incitatif pour la création d’emploi. 

Une déclaration de guerre ?

Réponse du berger à la bergère. Les syndicalistes n’ont pas perdu du temps pour exprimer leur courroux suite à la sortie du président de la République qui a rendu amer leur fête du travail.

En plus de ce refus d’augmenter les salaires, dans la même foulée, le chef de l’Etat annonce aux travailleurs une hausse prochaine du prix du ciment avec la mise en place d’une nouvelle taxe.

Une taxe qui, selon lui, va permettre de rendre accessible les logements surtout pour les jeunes travailleurs et sans apport.

Une hausse qui confirme la récente inquiétude soulevée par les organisations de consommateurs et confortant la position des cimenteries (Sococim, Dangoté et Ciment du Sahel).
Interrogés dans la presse, certains d’entre eux qualifient cette position du chef de l’Etat de « déclaration de guerre ».

A leur croire, ce point faisait partie des engagements que le président de la République avait pris dans le cadre des négociations tripartite Etat-secteur privé-syndicats.

Devant cet état de fait, les syndicalistes estiment que l’heure est à la mobilisation pour faire face à cette mesure qu’ils qualifient d’injuste.
Mariama Diallo
 
Actu-Economie


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