Dans un contexte où existent de solides structures, « l’assurance Vie peut être un vecteur efficace pour le développement et, si les risques sont gérés tout efficacement et l’épargne publique bien mobilisée, il n’y a aucune raison pour que l’assurance Vie n’ait pas des effets positifs sur la croissance économique ». Dixit Madame Oumou Niang Touré, présidente de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (FSSA), en lançant la première édition du Salon de l’Assurance Vie qui s’est tenue au king fahd palace à Dakar, les 8 et 9 mai 2025.
Dans sa vision stratégique du secteur, celui-ci est présenté comme un vecteur de souveraineté économique et sociale, en permettant de mobiliser l’épargne domestique pour financer l’économie à long terme. Cette épargne, Pape Seyni Thiam, Directeur général de NSIA Vie Sénégal, situe le taux national en moyenne autour de 25% du PIB. « Sur un PIB évalué à plus de 18 000 milliards de Fcfa, ce sont quelque 4500 milliards de Fcfa qui représentent une source de financement non négligeable, « si elle est bien utilisée », souligne-t-il en précisant que « Cela contribuerait également à réduire notre dépendance à l’épargne extérieure dans un contexte où la ressource coûte excessivement cher. »
Dans sa vision stratégique du secteur, celui-ci est présenté comme un vecteur de souveraineté économique et sociale, en permettant de mobiliser l’épargne domestique pour financer l’économie à long terme. Cette épargne, Pape Seyni Thiam, Directeur général de NSIA Vie Sénégal, situe le taux national en moyenne autour de 25% du PIB. « Sur un PIB évalué à plus de 18 000 milliards de Fcfa, ce sont quelque 4500 milliards de Fcfa qui représentent une source de financement non négligeable, « si elle est bien utilisée », souligne-t-il en précisant que « Cela contribuerait également à réduire notre dépendance à l’épargne extérieure dans un contexte où la ressource coûte excessivement cher. »
On est dans le vif du sujet qui a servi de thème pour la première session des travaux, modérée par Abdou Souley Diop, Managing Partner chez Forvis Mazars (Maroc) entouré des experts comme Pape Seyni Thiam, Mme Dior Diaw Cissé, Responsable commerciale Senior chez UMOA-Titres, Mamadou Faye, Administrateur-Directeur général Sen Assurance Vie Sénégal, Mme Diao DIA, directrice des investissements à la CDC Sénégal, Omar Déme, Directeur général de l’antenne nationale de la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières).
Dans sa présentation du rôle économique de l’épargne « domestique », Pape Seyni Thiam relève qu’en dépit du potentiel d’épargne domestique, « celle-ci n’est pas canalisée à bon escient, contrairement à d’autres pays à taux d’épargne plus faible, mais qui ont l’heur de l’utiliser à travers des véhicules adéquats pour financer leur économie ».
Dans son rôle de mutualisation, l’assurance Vie représente un de ces véhicules important pouvant servir de levier de souveraineté économique, notamment à travers l’Indemnité de fin de carrière (IFC) et son externalisation.
Dans sa présentation du rôle économique de l’épargne « domestique », Pape Seyni Thiam relève qu’en dépit du potentiel d’épargne domestique, « celle-ci n’est pas canalisée à bon escient, contrairement à d’autres pays à taux d’épargne plus faible, mais qui ont l’heur de l’utiliser à travers des véhicules adéquats pour financer leur économie ».
Dans son rôle de mutualisation, l’assurance Vie représente un de ces véhicules important pouvant servir de levier de souveraineté économique, notamment à travers l’Indemnité de fin de carrière (IFC) et son externalisation.
L’enjeu majeur de l’IFC
Dans ses articles 80-84, la convention nationale interprofessionnelle consacre l’obligation de tout employeur de constituer l’Indemnité de fin de carrière (IFC. « Malheureusement, cette IFC n’est pas externalisée vers les compagnies d’assurance », déplore Pape Seyni Thiam. Le modérateur, Abdou Souley Diop, relance le débat en soulignant qu’ « il y a des actions immédiates à mener entre la Fédération, le patronat et les différents acteurs, pour faire d’abord l’état des lieux des IFC avant de passer à l’externalisation. » Mais pour Mamadou Faye, Administrateur-Directeur général Sen assurance Vie Sénégal, « Si l’Etat rendait obligatoire l’externalisation de l’IFC au niveau des compagnies d’assurance, l’assurance Vie supplanterait l’IARD », précisant que l’IFC permet d’abord à l’entrepreneur de sécuriser son personnel. Sur ce point, il met le doigt sur le caractère « dramatique » des sociétés qui virent à la faillite en laissant en rade leurs employés, « parce que l’IFC y est mal gérée en interne. »
Dans ses articles 80-84, la convention nationale interprofessionnelle consacre l’obligation de tout employeur de constituer l’Indemnité de fin de carrière (IFC. « Malheureusement, cette IFC n’est pas externalisée vers les compagnies d’assurance », déplore Pape Seyni Thiam. Le modérateur, Abdou Souley Diop, relance le débat en soulignant qu’ « il y a des actions immédiates à mener entre la Fédération, le patronat et les différents acteurs, pour faire d’abord l’état des lieux des IFC avant de passer à l’externalisation. » Mais pour Mamadou Faye, Administrateur-Directeur général Sen assurance Vie Sénégal, « Si l’Etat rendait obligatoire l’externalisation de l’IFC au niveau des compagnies d’assurance, l’assurance Vie supplanterait l’IARD », précisant que l’IFC permet d’abord à l’entrepreneur de sécuriser son personnel. Sur ce point, il met le doigt sur le caractère « dramatique » des sociétés qui virent à la faillite en laissant en rade leurs employés, « parce que l’IFC y est mal gérée en interne. »
Très peu d’entreprises, poursuit M. Faye, « provisionnent normalement l’IFC et il y en a qui n’y sont pas du tout.» En définitive, estime M. Faye, « les seuls employés qui sont à l’abri de déboires relatifs à l’IFC, ce sont les employés des compagnies d’assurance dans la mesure où, dans le code CIMA, l’IFC est un engagement réglementé. »
Par ailleurs, dans la dynamique de mobilisation de l’épargne longue, UMOA-Titres, institution sous-régionale créée en 2013 par le Conseil des ministres, joue sa partition. Son objectif est d’accompagner les Trésors nationaux des huit pays de l’Uemoa dont le Sénégal, dans la mobilisation des ressources sur le marché des capitaux, et destinées à financer des déficits budgétaires ou encore à financer des projets structurants.
Dans ce contexte de mobilisation de l’épargne locale et de la diaspora, « les assurances Vie sont identifiées comme des véhicules majeurs et », il s’agit, selon Mme Dior Diaw Cissé, « de renforcer leur rôle d’investisseurs institutionnels car, dans la plupart des pays, les assureurs se positionnent en même temps que les banques, comme les premiers acquéreurs de titres souverains. Il est donc important de développer, ici, cette branche de l’assurance Vie, pour accompagner le développement du marché et donc le développement économique. »
Dans ce contexte de mobilisation de l’épargne locale et de la diaspora, « les assurances Vie sont identifiées comme des véhicules majeurs et », il s’agit, selon Mme Dior Diaw Cissé, « de renforcer leur rôle d’investisseurs institutionnels car, dans la plupart des pays, les assureurs se positionnent en même temps que les banques, comme les premiers acquéreurs de titres souverains. Il est donc important de développer, ici, cette branche de l’assurance Vie, pour accompagner le développement du marché et donc le développement économique. »
Des chiffres qui parlent
Le développement de l’assurance au Sénégal est nourri par les chiffres notamment ceux de 2024, avec un chiffre d’affaires atteignant 291 milliards de FCFA (contre 272 milliards en 2023), des prestations versées s’élevant à 133 milliards en 2024 (vs 119 milliards en 2023), des placements des compagnies s’établissant à 599,17 milliards FCFA fin 2023 (contre 509,51 milliards, +17,6 %). En gros, le secteur générerait 3 237 emplois directs, sans compter les emplois indirects (expertise, garages, etc.).
BancAssuranceBourse
Etablissement public à caractère spécial, créée par une loi en 2006 et revue en 2017, la Caisse des dépôts et Consignation (CDC) en tant que tiers de confiance, collecte également des ressources déterminées par ladite loi de création, certaines étant obligatoires et représentant à peu près 90% à travers les notaires, d’autres sont détenues par les compagnies d’assurance, etc… Comme le souligne Mme Diao Dieng, Directrice des investissements à la CDC, « Dans ces ressources qui sont dévolues à la CDC, la partie longue est réinvestie dans l’économie et la CDC joue un rôle catalyseur à travers notre principal mécanisme d’intervention, qui est la prise de participation dans des sociétés de droit privé, permettant ainsi aux acteurs privés d’avoir un accès plus facile à ces ressources », explique-t-elle. Pour la petite histoire entre la CDC et l’assurance Vie, Mme Diao Dieng indique que « La CDC est actionnaire fondateur de Sen Assurance Vie et nous pensons que le potentiel reste encore inexploité, avec le démarrage de l’exploitation de nos ressources extractives et l’arrivée des multinationales avec son corollaire d’employés, le développement d’une classe sociale médiane, cela pourrait permettre de hisser le développement de l’assurance Vie. » Il ya ainsi de nouveaux besoins de couverture à prendre en charge.
Le développement de l’assurance au Sénégal est nourri par les chiffres notamment ceux de 2024, avec un chiffre d’affaires atteignant 291 milliards de FCFA (contre 272 milliards en 2023), des prestations versées s’élevant à 133 milliards en 2024 (vs 119 milliards en 2023), des placements des compagnies s’établissant à 599,17 milliards FCFA fin 2023 (contre 509,51 milliards, +17,6 %). En gros, le secteur générerait 3 237 emplois directs, sans compter les emplois indirects (expertise, garages, etc.).
BancAssuranceBourse
Etablissement public à caractère spécial, créée par une loi en 2006 et revue en 2017, la Caisse des dépôts et Consignation (CDC) en tant que tiers de confiance, collecte également des ressources déterminées par ladite loi de création, certaines étant obligatoires et représentant à peu près 90% à travers les notaires, d’autres sont détenues par les compagnies d’assurance, etc… Comme le souligne Mme Diao Dieng, Directrice des investissements à la CDC, « Dans ces ressources qui sont dévolues à la CDC, la partie longue est réinvestie dans l’économie et la CDC joue un rôle catalyseur à travers notre principal mécanisme d’intervention, qui est la prise de participation dans des sociétés de droit privé, permettant ainsi aux acteurs privés d’avoir un accès plus facile à ces ressources », explique-t-elle. Pour la petite histoire entre la CDC et l’assurance Vie, Mme Diao Dieng indique que « La CDC est actionnaire fondateur de Sen Assurance Vie et nous pensons que le potentiel reste encore inexploité, avec le démarrage de l’exploitation de nos ressources extractives et l’arrivée des multinationales avec son corollaire d’employés, le développement d’une classe sociale médiane, cela pourrait permettre de hisser le développement de l’assurance Vie. » Il ya ainsi de nouveaux besoins de couverture à prendre en charge.
Associée à l’évènement, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) représentée par son Directeur national Oumar Déme, a « secoué » la fourmilière en proposant même de prolonger la terminologie « BancAssurance en BancAssurance Bourse », « les trois étant intimement liés quand on parle de marché financier et de mobilisation de l’épargne », selon M. Déme. Dans son argumentaire et eu égard à l’organisation et la structuration du marché, M. Déme souligne que la place de l’assurance est au cœur. Selon lui, « Traditionnellement, les compagnies d’assurance sont des partenaires historiques du marché en leur qualité d’investisseurs institutionnels qui jouent un rôle essentiel dans la mobilisation des ressources. »
En termes de ressources, sur 18 731 milliards de Fcfa mobilisés sur le marché de la BRVM de 1998 à 2024, le Sénégal en a mobilisé quelque 1937 milliards de Fcfa dont une contribution assez substantielle venant des compagnies d’assurance, en termes de placements, après collecte de ressources qu’elles viennent ainsi fructifier sur le marché financier. « C’est là, l’articulation qui fait que ces titres sont rémunérés d’autant plus que, rien que sur l’année 2024 en termes de dividendes payés, de remboursements et d’intérêts payés sur obligations, ce sont plus de 2 300 milliards de Fcfa qui ont été injectés dans l’économie sénégalaise », a déclaré M. Déme.
Dans cet écosystème de mobilisation de ressources, il y a tout de même un pan entier de l’économie qui n’est pas assez inclus : le secteur informel. « Il y a aujourd’hui quelque 200 milliards de Fcfa d’IFC en dehors des circuits de l’assurance (chiffres datant d’à peu près cinq ans). Pour Mamadou Faye, il faudrait un soutien fort de l’Etat dans le sens de réformes visant à rendre l’assurance obligatoire et booster ainsi le taux de pénétration (part des primes d’assurance dans la richesse nationale) de l’assurance, qui est encore très faible au Sénégal. Dans tous les pays développés, soutient-il, « le constat est que le développement du secteur est fortement corrélé au nombre d’assurances obligatoires. »
In fine, il convient de retenir que la mobilisation des ressources, qui a comme objectif le développement économique et social « doit être considérée comme une chaîne de valeur, de la collecte à l’utilisation effective des fonds et chaque maillon, compagnies d’assurance, banques, régulateur, SGI (Société de gestion et d’intermédiation), Etat, a son rôle à jouer », conclut Mme Diao DIENG.
Cet appel qui fait écho à celle de la présidente de la FSSA plus tôt, et pour qui l’assurance Vie contribue à la résilience des États africains face aux chocs économiques.
Au préalable, il ya la nécessité d’un cadre fiscal attractif, d’une régulation adaptée, et d’une défiscalisation des produits d’assurance vie, qui soit bien prise en compte pour stimuler l’épargne nationale. Dès lors, le rôle que peut jouer l’assurance vie dans le développement économique “dépendra surtout des actions prises par les autorités de tutelle à savoir la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA), la Direction des assurances) pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser”, Dixit Madame Oumou Niang Touré.
Lejecos Magazine Août 2025
En termes de ressources, sur 18 731 milliards de Fcfa mobilisés sur le marché de la BRVM de 1998 à 2024, le Sénégal en a mobilisé quelque 1937 milliards de Fcfa dont une contribution assez substantielle venant des compagnies d’assurance, en termes de placements, après collecte de ressources qu’elles viennent ainsi fructifier sur le marché financier. « C’est là, l’articulation qui fait que ces titres sont rémunérés d’autant plus que, rien que sur l’année 2024 en termes de dividendes payés, de remboursements et d’intérêts payés sur obligations, ce sont plus de 2 300 milliards de Fcfa qui ont été injectés dans l’économie sénégalaise », a déclaré M. Déme.
Dans cet écosystème de mobilisation de ressources, il y a tout de même un pan entier de l’économie qui n’est pas assez inclus : le secteur informel. « Il y a aujourd’hui quelque 200 milliards de Fcfa d’IFC en dehors des circuits de l’assurance (chiffres datant d’à peu près cinq ans). Pour Mamadou Faye, il faudrait un soutien fort de l’Etat dans le sens de réformes visant à rendre l’assurance obligatoire et booster ainsi le taux de pénétration (part des primes d’assurance dans la richesse nationale) de l’assurance, qui est encore très faible au Sénégal. Dans tous les pays développés, soutient-il, « le constat est que le développement du secteur est fortement corrélé au nombre d’assurances obligatoires. »
In fine, il convient de retenir que la mobilisation des ressources, qui a comme objectif le développement économique et social « doit être considérée comme une chaîne de valeur, de la collecte à l’utilisation effective des fonds et chaque maillon, compagnies d’assurance, banques, régulateur, SGI (Société de gestion et d’intermédiation), Etat, a son rôle à jouer », conclut Mme Diao DIENG.
Cet appel qui fait écho à celle de la présidente de la FSSA plus tôt, et pour qui l’assurance Vie contribue à la résilience des États africains face aux chocs économiques.
Au préalable, il ya la nécessité d’un cadre fiscal attractif, d’une régulation adaptée, et d’une défiscalisation des produits d’assurance vie, qui soit bien prise en compte pour stimuler l’épargne nationale. Dès lors, le rôle que peut jouer l’assurance vie dans le développement économique “dépendra surtout des actions prises par les autorités de tutelle à savoir la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA), la Direction des assurances) pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser”, Dixit Madame Oumou Niang Touré.
Lejecos Magazine Août 2025

chroniques







