MARY TEUW NIANE, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE«IL Y A DE PLUS EN PLUS, DANS CERTAINES DISCIPLINES, UN AFFAIBLISSEMENT DU NIVEAU DES ETUDIANTS»

Samedi 6 Juin 2015

Corriger les imperfections dans l’enseignement supérieur qui induisent, au niveau universitaire, un chevauchement des années académiques. Telle est la volonté du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Mary Teuw Niane s’appesantit sur ce problème et sur la réforme universitaire, entre autres.


Mary Teuw Niane,l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
Mary Teuw Niane,l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
Qu’est-ce qui explique le fait qu’on ne peut plus s’aligner sur une année académique normale au Sénégal ?
Je pense qu’on a un passif et je pense échanger avec chaque recteur d’université pour aller au fond de ces spécifiés pour chacune de ces structures. Mais de manière générale, on peut dire qu'on a un passif qui est lié aux grèves répétitives aussi bien des étudiants que des enseignants. Puisque ce sont globalement ces grèves qui ont un impact sur le calendrier universitaire. Mais il y a aussi un certain nombre de faits liés aux Masters, particulièrement au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Car cela se passe dans un cadre qui n’est pas le cadre pédagogique normal. Parce qu’ils doivent être des Masters de département, au niveau de la faculté ou même au niveau de l’université qui aurait dû, avec la mise en place de la réforme Lmd (Licence-Master-Doctorat), se développer. Il y a bon nombre de Masters qui sont plus attachés à des enseignants ou à des institutions. 
Et les grèves dans tout ça…
C’est justement la deuxième chose. C’est que c’est les grèves successives des étudiants et des enseignants qui font que globalement qu’on a des années qui commencent quasiment au mois d’avril, mars. Ce qui  n’est pas normal. Je sais que l’année dernière, l’Ucad avec l’assemblée de l’université avaient exploré une solution puisqu’elles se sont aperçues qu’une partie de ce retard est due à la durée des corrections et de remise des notes, alors ils ont proposé aux facultés la mise en place d’un collège de correcteurs pour accélérer la remise des notes au niveau des examens. Je sais aussi qu’il y a des départements qui ont utilisé ce procédé et d’autres qui ne l’ont pas fait. Et cette année, avec la compréhension des uns et des autres, nous allons arriver à la mise en place de ces collèges de correcteurs qui vont permettre, j’espère, que les examens se passent dans un délai très court. Je pense aussi qu’il faut une mobilisation de toute la communauté universitaire. Et pour ça, j’en appelle aux syndicats d’enseignants, notamment au Saes, au Sudes, au Sypros/Sup, tout autant qu’aux départements et aux facultés pour que, ensemble, avec le recteur, ils puissent trouver un consensus pour résorber ce gap. Parce qu’il a un mauvais impact, d’abord au niveau des bénéficiaires que sont les étudiants. Car, aujourd’hui, un étudiant qui fait sa Licence à Dakar et qui veut aller faire son Master à l’étranger perd une année. Mais il est possible de résorber ce gap, parce qu’au sein même de l’Ucad, il y a des structures qui n’ont pas de gap et on en parle pas assez. Ce sont les écoles de formation qui n’ont pas de gap et la Faculté de médecine, pharmacie et odontologie. Il y a certes quelques problèmes, mais qui sont mineurs par rapport au reste.
Quelles sont les risques d’une telle situation en termes de validité des diplômes par rapport au Cames par exemple ?
Nous sommes dans une situation où nous avons un travail très sérieux. Et la solution ne peut  être ce qu'il était traditionnellement. Nous sommes dans le système Lmd et la validation de l’année dépend de la validation des deux semestres qui ne sont pas liés à la période où on les faits. De ce point de vue-là, ceci nous donne une plus large ouverture et il n’y aura pas de difficultés avec le Cames. Mais l’existence même du gap a un impact sur le taux de réussite qui implique l’efficacité interne qui est un des indicateurs des contrats de performances que les universités ont signés avec le ministère de l’Enseignement supérieur et pour lesquels elles reçoivent de l’argent supplémentaire. 
Avec ces grèves répétitives, quelle valeur peut-on donner à la formation dispensée dans nos universités ?
Jusqu’à présent, nous avons une formation universitaire de qualité. Elle nous est reconnue par toutes les institutions qui évaluent nos diplômes, qu’elles soient publiques ou privées. Et de par le comportement de nos étudiants à l’extérieur, lorsqu’ils intègrent d’autres systèmes, où ils réussissent très bien. Mais ceci ne peut pas continuer, puisque nous le sentons, il y a de plus en plus, dans certaines disciplines, un affaiblissement du niveau des étudiants de ces filières-là. C’est l’une des raisons d’ailleurs pour lesquelles nous allons beaucoup travailler avec les ministères de l’Education nationale sur les épreuves et la correction du Baccalauréat. Puisque, aujourd’hui, il est d’une notoriété publique que le niveau en français de nos élèves a baissé.
Et particulièrement, le niveau de nos bacheliers en français a baissé et cela sans doute pour d'autres matières aussi. Alors, il nous faut analyser cela et corriger, puisque l’un des atouts du Sénégal, au-delà de tous les domaines, c’est les ressources humaines. C’est pourquoi il nous faut être extrêmement vigilants. Et la correction qui va être portée et qui l’est déjà par l’Autorité nationale d’assurance qualité (Anaq), qui fonctionne depuis des années. Je viens d’avoir le rapport - qui va être publié très prochainement - et l’Anaq va jouer complètement son rôle de conseil, d’accompagnement pour que la culture de qualité, d’évaluation, d’accréditation puisse prendre racine et se renforcer. Et c’est aussi une autorité qui, quand ce sera nécessaire, jouera au gendarme pour dire que telle filière ne remplit pas les conditions. Donc, la réforme a mis en place tout un mécanisme pour permettre à nos formations d’aller vers la qualité.
 Les lois et décrets sont en train d’être pris pour nous permettre de progresser. D’ailleurs, un nouveau décret vient d’être pris, car le Président a signé le décret 2015-582 relatif à la reconnaissance de l’enseignement supérieur. Ce décret stipule que pour qu’un diplôme puisse être classé, il faut d’une part que l’établissement qui le délivre soit agréé par le ministère. Deuxièmement, il faut que le diplôme soit accrédité par l’Anaq ou reconnu par le Cames. Et j’ai écrit aux universités pour qu’elles déposent au mois d’octobre les dossiers d’accréditation des diplômes qui sont en cours au ministère de la Fonction publique. Ce, afin de procéder à leur classement. Donc, on va dans le sens d’assainir, mais aussi d’accompagner pour qu’il y ait d’abord la transparence pour que l’entrepreneur et la société qui doivent recruter ces élèves puissent dire que c’est ça qu’ils ont fait. Et pour ce faire, le portail de «Campusen» va changer et on pourra y voir toutes les offres de formation reconnues ou accréditées par l’Anaq.
Où en êtes-vous avec les accords signés avec le Saes ?
Nous avons déjà introduit dans le circuit gouvernemental un projet de loi portant sur la réforme des titres. La commission qui travaille sur la modification sur la loi relative aux universités fait le travail et je pense que, sous peu, elle pourra être introduite dans le circuit gouvernemental. Il y a un certain nombre d’ateliers qui sont prévus. Aussi, de l’information avec l’assemblée générale sur la réforme des titres et sur l’orientation des bacheliers et l’atelier sur les textes concernant la mobilité des enseignants qui sera tenu d’ici mi-juillet. Il y a aussi la prime académique spéciale, l’étude que doit faire le ministère de l’Economie et des Finances qui a maintenant reçu tous les documents. Donc, d’ici peu, il pourra convoquer une réunion avec les différentes parties pour échanger sur cette question.
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