Genre : La Zone de libre-échange continentale devrait aider à combler les écarts en matière d’égalité des sexes en Afrique

Vendredi 23 Novembre 2018

La signature de l’Accord de libre-échange continental africain (ALECA) en mars 2018 à Kigali a ouvert la voie à l’intégration du continent africain dans un marché unique.


Pour garantir que les femmes ne soient pas laissées pour compte de ce processus historique, le Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Est de la Commission économique pour l’Afrique (BSRO-AE) s’est associé à Trademark East Africa (TMEA) et a organisé un dîner de travail mardi soir, sur le thème «Exploiter la ZLECA pour l’égalité des sexes», lors de la 22ème réunion du Comité intergouvernemental d’experts pour l’Afrique de l’Est.

Lerato Mbele, de la BBC, a modéré et ouvert la voie à une grand débat en félicitant l’Éthiopie, le Rwanda et les Seychelles d’avoir instauré l’équité entre les sexes dans leurs cabinets et en veillant à ce que les femmes occupent des postes décisionnels de haut niveau.

«Le principal objectif de notre discussion de ce soir est de savoir comment l’Afrique de l’Est peut exploiter la ZLECA pour une meilleure égalité hommes-femmes. Comme nous l’avons entendu durant la journée, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda ont ratifié la ZLECA. Il est essentiel que l’élan derrière la ZLECA soit maintenu de manière à améliorer l’égalité des sexes», déclare-t-elle.

Les résultats de l’Afrique de l’Est en matière d’égalité des sexes sont mitigés. L’Éthiopie, le Rwanda et les Seychelles ont fait beaucoup de progrès sur le plan politique. Mais dans le domaine économique, les progrès sont à la traîne.

Giovanie Biha, Secrétaire exécutive adjointe de la CEA dit : «Malgré une meilleure représentation politique, les barrières culturelles empêchent toujours l’égalité des sexes et les changements dans la société sur le continent».

Elle dit qu’il est nécessaire de faire appel à des experts pour garantir que la ZLECA ouvre de nouvelles perspectives aux femmes et les aide à s’intégrer davantage dans des secteurs de l’économie productifs et bien rémunérés.

«Il est crucial de s’assurer que tous ses citoyens, en particulier les femmes, participent à sa mise en œuvre. Ce qu’il faut, c’est renforcer la participation des femmes aux politiques commerciales et à leur mise en œuvre sur tout le continent», indique Mme Biha.

Le Président-Directeur général de TMEA, Frank Matsaert, a quant à lui déclaré que «le commerce, c’est tout le monde, et par conséquent, les politiques commerciales doivent prendre en compte les résultats spécifiques liés au genre. Établir des liens clairs entre les politiques commerciales et l’autonomisation économique des femmes se traduira par de meilleurs moyens de subsistance pour les familles et une réduction de la pauvreté. Nous travaillons en étroite collaboration avec les gouvernements d’Afrique de l’Est pour s’assurer que les femmes jouent un rôle clé dans les initiatives commerciales».

Amelia Kyambadde, Ministre ougandaise du commerce, de l’industrie et des coopératives, informe que « en ce qui concerne les femmes commerçantes transfrontalières dans la région, nous devons simplifier et rendre applicables les accords mondiaux sophistiqués et les politiques commerciales qui favorisent l’intégration régionale ».

Elle ajoute que le crédit abordable, le renforcement des compétences et la facilitation des échanges figurent parmi les éléments susceptibles de contribuer à combler le fossé entre les sexes dans le commerce en Afrique de l’Est.

La Déclaration de Buenos Aires de 2018 sur le commerce et l’autonomisation économique des femmes, signée par de nombreux pays africains, a également fait l’objet de discussions. La déclaration est un engagement qui consiste à rendre les politiques commerciales plus sexospécifiques. Les délégués ont partagé leurs points de vue illustrant comment les citoyens africains ordinaires peuvent tenir les décideurs politiques responsables de ce qu’ils ont souscrit.

Ils ont également abordé certaines des contraintes qui empêchent les femmes de tirer pleinement parti de la ZLECA et de ce qui, à leur avis, peut être fait pour garantir que l’Accord soit sensible au genre.
Ils ont convenu que les économies offrant de meilleures possibilités pour les femmes sont plus compétitives et bénéficient davantage de l’ouverture que les économies moins favorables à la participation des femmes.

Les pays d’Afrique de l’Est ont été instamment priés de faire preuve de prévoyance pour garantir que les politiques commerciales soient conçues en tenant compte des conclusions relatives au genre ou que de telles politiques risquent d’accentuer les disparités hommes-femmes.
 
Pathé TOURE
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