DOMINATION DU SECTEUR TERTIAIRE: Faut-il un nouveau modèle économique pour assurer la croissance ?

Vendredi 17 Mai 2013

L’économie sénégalaise est dominée par le tertiaire. Une situation qui a entrainé une baisse de sa productivité avec comme conséquence une volatilité de son taux de croissance. Cela résulte du fait que l’économie sénégalaise n’a pas suivi les étapes de développement classiques. Les difficultés du secteur agricole ont annihilé les chances d’une industrialisation massive et à favoriser avant l’heure un développement fulgurant du secteur tertiaire.


DOMINATION DU SECTEUR TERTIAIRE: Faut-il un nouveau modèle économique pour assurer la croissance ?
Le Sénégal ne devrait pas à l’heure actuelle affichait ce niveau de développement qui le place bien loin derrière des pays comme la Corée du Sud. Le Sénégal partageait avec ces pays le même niveau de développement à son accession à l’indépendance, en 1960. Beaucoup d’économistes déplorent cette situation. Mais au fait à quoi est-elle due ? Des réponses souvent politiques ont été avancées. Toutefois les explications économiques restent les plus fiables. Dans une étude approfondie de l’évolution de l’économie sénégalaise ces dernières décennies, Mouhamadou Bamba Diop, économiste à la Direction de la prévision et des enquêtes économiques (DPEE) tire la conclusion suivante : le Sénégal doit redéfinir son modèle économique. Cela voudrait-il dire que toutes les politiques qui ont été appliquées jusqu’à maintenant ne sont pas bonnes ? Mouhamadou Bamba Diop ne l’affirme pas. Toutefois, il a tenté de démontrer dans son étude que ces politiques ont conduit l’économie sénégalaise à une prédominance du secteur tertiaire avant l’heure. Aujourd’hui, il est clair que c’est le tertiaire qui tire la croissance du produit intérieur brut. Ce qui n’est pas une bonne chose pour notre économie. Parce que selon l’économiste de la DPEE, il semble que l’étape cruciale de l’industrialisation a été sautée. Les étapes qu’il faut franchir pour aboutir à une économie dominée par le tertiaire, comme c’est le cas en ce moment au Sénégal, ne l’ont pas été. Si on respecte les étapes de développement classiques, un pays doit selon Bamba Diop passer d’une économie agraire à une économie d’intense industrialisation avant d’être dominée par le tertiaire. L’économie sénégalaise a suivi une trajectoire contraire. Cela s’explique par le fait que le secteur primaire, principalement l’agriculture n’a pas joué pleinement son rôle. Bamba Diop a fait le constat dans son étude que la volatilité de la croissance qui est enregistrée au niveau de l’agriculture expliquerait d’ailleurs en partie celle de l’économie sénégalaise. Le faible niveau de performance de l’agriculture a entraîné une migration de la main d’œuvre vers le secteur secondaire et le secteur tertiaire. Entre 1980 et 2011, on est passé de 65% à 49%. Alors que, pour le secteur tertiaire ce taux est passé au cours de la même période de 19 à 37%. Toutefois, cette migration de la main d’œuvre du secteur primaire vers le secteur tertiaire se fait principalement au profit du sous secteur commerce. Le Directeur adjoint de la DPEE l’explique par un système de vase communicant qu’il y aurait entre l’agriculture et le commerce. Ne  nécessitant pas une formation approfondie, le commerce accueille tous les déçus  des performances du secteur agricole. Les emplois crées dans le secteur tertiaire le sont donc principalement au niveau du commerce, parce que l’immobilier et les télécoms absorbent très peu de main d’œuvre. Ce fut le cas en 2009, année au cours de laquelle, il y a eu seulement 0,17% pour les télécoms et 0,01% pour l’immobilier. Cette domination du tertiaire de l’économie sénégalaise ne rime pas avec productivité. Alors que la productivité joue un rôle important  dans la croissance économique. Puisqu’elle permet selon Bamba Diop de mesurer la capacité productive de la force de travail. Le constat c’est que cette productivité a peu progressé au cours des trois dernières décennies selon l’étude de Mouhamadou Bamba Diop.La productivité du travail se trouve selon Bamba Diop en dessous de la moyenne en Afrique. Cette faible productivité du Sénégal trouve sans doute son explication par rapport au poids de l’informel très dominatrice dans le sous secteur commerce du secteur tertiaire.
 
Cette « tertiarisation » de l’économie sénégalaise qui sans doute ne contribuera pas à booster le taux de croissance et à réduire la pauvreté n’est pas le fruit d’un choix économique mais certainement un mal développement de l’économie sénégalaise. Parce qu’il y a eu un manque d’orientations claires en matière de politiques économiques. Il faudrait dés lors, pour redresser cette situation porter le débat au niveau des décideurs politiques, afin de les inciter à faire des options claires avec un suivi dans le temps. Par exemple, pour un secteur comme l’agriculture. Le secteur agricole a besoin d’investissements lourds pour sa relance et malheureusement ce sont ces types d’investissements qui font défaut. Toujours parmi ces solutions, il faut intégrer la recherche développement. Cela signifie une plus grande implication de l’université dans les choix de politiques économiques.
 
Ismaila BA
 
 
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