Afrique: Leçon de choses de Barak Obama à l'Afrique

Dimanche 3 Août 2014

Par Nadir Bacha
Des attentes du sommet USA- Afrique
Washington s'apprête à recevoir la visite d'une cinquantaine de chefs d'Etat africains, les 5 et 6 août prochain, pour débattre des relations entre les Etats-Unis et l'ensemble du continent africain.


Barak Obama, président des Etats Unis d'Amérique
Barak Obama, président des Etats Unis d'Amérique
L'idée serait venue à l'actuel président américain lors de sa dernière visite en Afrique en juin 2013, où il s'est rendu au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie et qui a duré toute une semaine - on ne peut pas ne pas remarquer ici la signification géostratégique des rives atlantique, australe et indienne et en même temps les trois types de colonisation dont a été victime le continent, ni la traversée du chef d'Etat yankee jusqu'à l'île de Gorée, dans le golfe du Sénégal, histoire qu'il soit laissé entendre qu'il n'oublie pas l'origine de la douloureuse histoire de la traite, sans pour autant trop s'attarder, car le voyage était pensé sur une orientation vers les devenirs.
La grande réunion dans la capitale américaine, voulue donc sous le signe de la projection sur les attentes nouvelles, il a été donné à son thème l'intitulé «Investir dans la prochaine génération», qui forcerait à supposer que l'état actuel de la pensée de l'entreprise en Afrique, avec les générations du passé, est caduque et qu'elle a un besoin urgent de se remettre en cause, de se prendre en charge, pour les paradigmes de la modernité. L'administration américaine -dès 2010- aura prévu pour aider à se faire une bourse d'études (de six semaines, en été de la mi-juin à la fin juillet) en management au profit des jeunes leaders dans le sein des universités et des entreprises américaines, la Washington Fellowship, afin de s'initier à l'entreprenariat efficace et la gestion intelligente de la société civile. Un stage qui se clôturera par une grande réunion autour du président américain. Il a été aussi prévu pour les boursiers, une fois retournés dans le continent, des stages de développement professionnel continu, avec des possibilités d'accès à des fonds de démarrage pour des activités de service communautaire.
La bourse de cette année, la Washington Fellowship 2014, a eu lieu lundi passé, regroupant pas moins de 500 jeunes investisseurs africains de divers pays, autour du président Barak Obama, à une semaine du sommet inédit, où pour la première fois dans l'histoire, les USA reçoivent tous les chefs d'Etat de l'Afrique en même temps; d'aucun considèrent ce regroupement de la jeunesse entrepreneuriale dans la capitale américaine comme une sorte de répétition générale préparant les grands sujets de la rencontre au sommet, dans un jeu de questions-réponses, censé mettre la main sur les préoccupations majeures pour le devenir, dans l'amélioration du quotidien et le bien être à long terme. Dont principalement l'installation du confort indispensable dans les zones rurales, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, récupérer la gent féminine victime du trafic humain et améliorer l'intégration des personnes handicapées. Ceci, du point de vue formel, inscrit noir sur blanc dans les documents officiels et les journaux et montré avec force dans les images de toutes les télévisions du monde, captées même dans le fin fond de l'Afrique - en attendant le grand plateau mirifique du 5 et 6 août prochain.
Les observateurs des problèmes de l'Afrique se posent donc la question : qu'est-ce qui pousse, cette fois, Washington, à mettre le paquet dans ce jeu de la séduction pour le continent noir ? Nul n'ignore, depuis assez longtemps, qu'on ne peut pas parler «sérieusement» de l'Afrique sans inférer dans les intérêts de ses anciens colonisateurs, dont principalement la France - le Royaume-Uni est exonéré de facto de tout reliquat historique passif, dès lors qu'il est partie prenante dans tous les desseins de Washington bien avant la mise en place de l'Otan. Mais on sait aussi que depuis à peu près la même durée, les Etats-Unis font tout le nécessaire pour que cette relation «naturelle», étendue à l'Europe, soit réduite à sa plus simple expression dans les influences importantes : pour frapper l'Europe, la principale puissance en affaires avec l'Afrique, il ne faut pas hésiter à agir pour créer des problèmes et nouer des imbroglios dans les plates-bandes françaises dans ses anciennes colonies.
Barak Obama, a exhorté lundi, chez lui à Washington, la jeunesse africaine entrepreneuse à agir pour combattre les pratiques de leurs dirigeants, qui s'éternisent au pouvoir, ne manquant pas de s'enrichir, non sans corrompre les processus d'évolution; il les invite à revoir à la base les types de relation à admettre dans leurs méthodes de gouvernance, vouées à l'échec depuis les indépendances - dans cette marge temporelle, il est inclus évidemment, avec les traditionnels rapports postcoloniaux dans les matières premières et les services, la participation de la Chine, devenue en un laps de temps presque aussi poignante que celle de la vieille Europe.
Officiellement tous les pays invités, en la personne de leurs chefs d'Etat respectifs, ont répondu positivement à l'invite et les observateurs du monde entier attendent de pied ferme ce qui va en ressortir de concret de ce sommet, unique en son genre dans les principes de confrontation internationale yankee. Mais d'ores et déjà une chose est pour le moins certaine - tout en considérant comme valeur de casting les propositions lyriques faites aux centaines de jeunes Africains de tâter de la fac et de l'entreprise américaines. Il ne va pas y avoir de coup de théâtre, qu'on peut imaginer que la Maison-Blanche se mette à tirer les oreilles des présidents et chefs de gouvernement africains, ce n'est pas ce langage qu'il faut prêter aux dirigeants du Tiers-monde en général, ils sont trop susceptibles. Barak Obama va leur faire profiler l'Europe et sa crise économique, qui lui provoque la terrible baisse de la croissance, qui engendre le chômage dans toutes ses villes et qui a besoin de l'Afrique contre les propres intérêts de l'Afrique.
Mais il restera quand même au numéro un américain à expliquer, du moins à commenter, à ses invités la mauvaise fréquentation de la Chine à qui il doit un argent fou.
La tribune/allafrica.com
Actu-Economie


Nouveau commentaire :

Actu-Economie | Entreprise & Secteurs | Dossiers | Grand-angle | Organisations sous-régionales | IDEE | L'expression du jour




En kiosque.














Inscription à la newsletter