Africa investment Forum : Plaidoyer pour un investissement massif dans l’agro-industrie en Afrique

Dimanche 12 Novembre 2023

Lors de la 4ème édition de l’Africa investment Forum (Aif), un panel s’est tenu avec comme thème : « Agro-industrie : libérer l’innovation et la croissance », organisé dans le cadre des Market Days.A cette occasion, des experts ont plaidé pour que les banques, les partenaires institutionnels et le secteur privé investissent massivement dans l’agro-industrie en Afrique, secteur qui souffre d’un déficit de financement alors qu’il est amené à devenir la nouvelle manne des pays du continent, estiment des experts.


De gauche à droite : Mme Raïssa Okoi a modéré le panel qui comprenait Mme Mireille Esther Gninahophin, fondatrice de la société OKEDJENOU et M. Adeel Malik, professeur du développement à l’université d’Oxford.
De gauche à droite : Mme Raïssa Okoi a modéré le panel qui comprenait Mme Mireille Esther Gninahophin, fondatrice de la société OKEDJENOU et M. Adeel Malik, professeur du développement à l’université d’Oxford.
«L’Afrique dispose d’un énorme potentiel pour nourrir sa population et le monde entier, et l’agro-industrie sera le moteur de la croissance, du développement durable et de la création d’emplois en Afrique », ont estimé  Adeel Malik, professeur du développement à l’université d’Oxford, et Mme Mireille Esther Gninahophin, fondatrice de la société Okedjenou. Pour libérer le potentiel de l’agro-industrie africaine, les panélistes estiment qu’il faut investir dans les infrastructures, l’innovation et le développement de la chaîne de valeur.

Des opportunités d’investissement existent également dans la transformation, source de valeur ajoutée, la logistique et la technologie ainsi que dans les chaînes d’approvisionnement résilientes et durables, créatrices d’emplois et susceptibles de favoriser une croissance économique inclusive. Toutefois, les panélistes sont unanimes , le déficit de financement dans ce secteur est abyssal.

 « Les entrepreneurs agricoles se plaignent du manque de financements à long terme. Au mieux, ils ont des crédits pour un an », a souligné le professeur Adeel Malik qui a interrogé de nombreux « agribusinessmen » à travers l’Afrique, notamment au Nigeria. « Les banques disent qu’il y a trop de volatilité dans ce secteur. Elles ne sont pas prêtes à accorder des crédits de plus d’un an », a-t-il indiqué, remarquant que « les banques sont mal organisées, sinon organisées contre les agriculteurs qui doivent acheter des semences, des engrais, etc. ». « Le manque de financement est un frein à l’innovation. Les investissements sont aujourd’hui très concentrés sur les technologies, c’est bien, mais plus de deux tiers des terres arables du monde sont en Afrique, a fait observer Mme Gninahophin. Les producteurs ont des difficultés logistiques pour acheminer leurs produits dans des zones de consommation, il y a des pertes de production, faute de transformation. Les jeunes pousses ont besoin d’appui ». 

« L’innovation a un coût, que ce soit dans la recherche ou l’équipement. Quand on produit 50 à 200 kilogrammes, tout va bien, mais quand on passe à 10 ou 20 tonnes, cela demande plus de financement. Les coopératives agricoles, les start-up, ont besoin de financements immédiats », a-t-elle ajouté. Les deux panélistes ont appelé à des approches innovantes pour financer ce secteur en tenant compte de ses contraintes, comme les aléas pluviométriques et les effets des changements climatiques. Mme Gninahophin, commercialise de l’« attiéké » (semoule de manioc) de Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest et surtout en France. Elle souhaite un accompagnement des pouvoirs publics africains pour appuyer les entrepreneurs agricoles à respecter les normes européennes, ces barrières non tarifaires qui réduisent les exportations. Dans de nombreux pays, les panélistes ont noté des progrès dans les réformes pour faciliter l’accès des terres, notamment aux femmes, et attirer les investissements privés nationaux et internationaux. « Des stratégies sont définies, mais c’est la coordination entre les secteur public et privé qu’il faut renforcer.

Le potentiel du marché africain mérite fortement d’être exploré par les investisseurs africains eux-mêmes », a souligné Mme Gninahophin. Elle voit en la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) une aubaine pour l’agro-industrie. « Ce qu’il faut, c’est plus de financements, de coordination et de formation tant des agriculteurs que des intermédiaires », a insisté M. Malik.
Ismaïla BA, Envoyé spécial à Marrakech
Actu-Economie


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