Sénégal : une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans, selon les nouvelles statistiques officielles

Samedi 13 Octobre 2018

Au Sénégal, une fille sur trois est mariée avant même d’atteindre l’âge de 18 ans, selon les dernières statistiques officielles. Ce qui ne constitue pas seulement une violation de leur droit, mais elles sont, en effet, plus exposées aux abus et subissent des conséquences qui peuvent durer toute leur vie, a affirmé Mme Oulèye Dème de l’ONG Save the Children, selon qui le mariage signifie très souvent la fin de leur scolarisation.


Mme Oulèye Dème de l’ONG Save the Children(Image d'archive)
Mme Oulèye Dème de l’ONG Save the Children(Image d'archive)
Prenant part à la commémoration de l’édition 2016 de la journée internationale de la fille (JIF), dont la cérémonie officielle a eu lieu jeudi dans la ville de Mbour, sous la présidence de Mme Ndèye Saly Diop Dieng, ministre sénégalaise de la Femme, de la Famille et du Genre, avec pour thème ‘’Des espaces sûrs pour les filles’’, Oulèye Dème a déclaré que c’est la pauvreté qui est l’une des principales causes des mariages précoces.

‘’Si nous voulons réellement lutter contre la pauvreté et mettre fin aux mariages précoces des enfants, nous devons donner aux filles les outils dont elles ont besoin. Par ailleurs, l’abandon des mariages d’enfants demande des réponses multisectorielles, une coordination étroite est nécessaire entre les acteurs de la santé, de l’éducation, de la justice, de la protection de l’enfant, de la famille, des droits humains, de la bonne gouvernance, du développement économique et social et de la jeunesse’’, a-t-elle indiqué.

Selon elle, plus de 50 millions de mariages d’enfants dans le monde pouvaient être évités d’ici 2030, si toutes les filles du monde finissent leur cycle secondaire. Ce qui lui fait dire qu’il est donc ‘’essentiel’’ d’investir dans l’éducation des filles, car, au-delà de répondre à un droit fondamental, il s’agit aussi de leur offrir la chance de bénéficier de meilleures perspectives économiques, de réaliser leur rêve d’avenir et de réinvestir plus tard dans leurs propres familles.

‘’Assurer l’autonomie économique des filles permettra aussi de réaliser l’égalité de genres’’, a insisté Oulèye Dème réitérant l’engagement de Save the Children auprès des familles, des communautés et des autorités dans la création d’un environnement sûr où le mariage d’enfants, comme les autres types de violence deviennent des pratiques révolues.

Représentant les organismes du système des Nations-Unies à cette cérémonie, Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente du Fonds des Nations-Unies pour la population (FNUAP), a rappelé que le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations-Unies, dans sa résolution 66-170, avait retenu la date du 11 octobre comme journée dédiée à la jeune fille, dans le souci de promouvoir les droits fondamentaux de celles-ci, mettre en évidence les inégalités de genre qui subsistent entre filles et garçons et combattre les différents ordres de discrimination et d’abus dont souffrent les filles dans le monde entier.

‘’Il y a plus d’un milliard de filles dans le monde et chacune d’entre elles devrait avoir une chance d’accéder à un avenir meilleur. Toutefois, les filles rencontrent des difficultés de taille pour rester en bonne santé, aller à l’école et prendre leurs propres décisions’’, a plaidé Mme Cécile Compaoré Zoungrana qui soutient que 16% des adolescentes sénégalaises de 15 à 19 voire 20 ans sont déjà des épouses, donc privées d’éducation.

Selon elle, en Afrique, la situation est préoccupante, puisqu’il y a 1,125 million  mariées avant 18 ans et d’ici à 2050, le nombre de filles épouses risques de tripler pour atteindre 310 millions de filles à cause d’une croissance démographiques galopante et d’une lente réduction du taux de mariage d’enfants.

‘’Excisées, harcelées, violées, mariées de force, la société à la fille impose de se taire’’, ont lancé les porte-paroles des filles dans un mémorandum rendu public à l’occasion de la commémoration de cette journée qui leur est dédiée. Selon l’une des représentantes des filles, Rokhaya Ngom, toutes les deux secondes, une adolescente est mariée de force quelque part dans le monde, toutes les sept minutes, une fille adolescente est tuée par un acte violent quelque part dans le monde.

‘’120 millions de filles dans le monde ont des relations sexuelles par contrainte ou subissent des actes sexuels forcés à un moment de leur vie. Au Sénégal, 14% de nos sœurs âgées entre 11 et 14 ans sont encore excisées. Tandis que ma sœur Coumba me confie qu’elle a été agressée sexuellement sur le chemin de l’école, ma cousine Fatou a honte de dire qu’elle subit la discrimination et les coups de ses paires et de son enseignant’’, a martelé Mademoiselle Ngom qui a lu ledit mémorandum.

Face à ces situations, Rokhaya Ngom et ses paires ont décidé d’être les porte-paroles de leurs sœurs pour qu’elles ne subissent plus toutes ces atrocités et autres atteintes. ‘’Aujourd’hui, les filles ont besoin que vous, décideurs politiques, femmes d’influence, agences des Nations-Unies, ONG internationales et nationales s’allient afin qu’il soit créé des espaces au niveau des Etats pour libérer leurs paroles, animer des causeries et inclure les garçons dans la lutte pour le respect des droits humains, particulièrement engager un dialogue pour le respect des droits des filles’’, ont plaidé les filles à l’occasion de la journée internationale de la fille.

Présidant la cérémonie officielle de cette journée, Ndèye Saly Diop Dieng, ministre sénégalaise de la Femme, de la Famille et du Genre, en choisissant la capitale de la Petite Côte pour commémorer cette journée, on a voulu rendre hommage à la jeune Diary Sow, native de la localité, lauréate du dernier concours général notamment dans des filières scientifiques, mais aussi parce que la Petite Côte, en raison de la politique d’émergence économique conduite par le Chef de l’Etat, le président Macky Sall, connait un boom économique.

‘’En effet, face à une mutation profonde et rapide, les parcours des filles sont forcément parsemés d’embûches’’, a fait noter la ministre, selon qui, face aux enjeux liés à la mondialisation, le gouvernement sénégalais est fier de compter sur un partenariat national fort et engagé  qui va  contribuer à relever les défis liés à l’éducation, à la santé, à la contribution et à la participation des filles pour leur insertion harmonieuse dans la société.

Saluant l’action et l’engagement de tous les partenaires activistes regroupés au sein de la coalition agissante pour la promotion et la protection des droits des filles, Ndèye Saly Diop Dieng déclare que le Sénégal dispose d’atout puissant pour accélérer sa marche vers la sécurisation des espaces dédiés aux filles et vers l’éradication de toutes les formes de discrimination.

‘’Au nom du gouvernement de la République du Sénégal, je reçois le mémorandum des filles et je m’engage à ne ménager aucun effort pour asseoir les réponses les plus pertinentes aux préoccupations articulées par les filles’’, a-t-elle promis au cours de cette cérémonie qui a enregistré la présence de plusieurs personnalités politiques, administratives, militaires et paramilitaires, religieuses et coutumière ainsi qu’une très forte présence de filles.

Serigne Makhtar Fall
Actu-Economie


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