La Chine exporte moins, et ça va durer...

Mercredi 14 Août 2013

Les nouvelles inquiétantes se succèdent en provenance de Chine. Au rang desquelles, le ralentissement constant des exportations depuis plusieurs mois. On peut l'expliquer en partie par la conjoncture mondiale. Mais entre perte de compétitivité et absence de montée en gamme de la production, les exportations chinoises souffrent aussi d'un mal structurel.


La Chine exporte moins, et ça va durer...
Depuis plusieurs mois, l'économie chinoise inquiète .Ralentissement de l'activité industrielle, endettement des gouvernements locaux, finance de l'ombre et financement de l'économie déséquilibré posent question. En juin, le chiffre des exportations, inférieur de 3,1% par rapport à l'année précédente à la même époque, est venu doucher les espoirs des plus optimistes. En avril déjà, en excluant Hong-Kong, elles s'étaient contractées de 4,8%. En juillet, le rebond des exportations de 5,1% a été moins important que celui des importations, et l'excédent commercial a chuté de près de 30% sur un an. En grande difficulté pour rééquilibrer son modèle économique, la Chine dépend pourtant encore largement de ses exportations.
La conjoncture mondiale reste peu propice...
Depuis 2009, ces dernières souffrent d'une conjoncture mondiale dégradée. L'Europe et les Etats-Unis, ses premier et deuxième clients à l'export ont en effet subi les affres d'une crise financière sans précédent depuis les années 1930 qui a stoppé net leurs croissances respectives. Leurs richesses se contractant, les deux grandes puissances économiques occidentales ont moins consommé et donc moins importé en provenance de la deuxième économie mondiale.
Ce net ralentissement a chamboulé les esprits des dirigeants chinois, forcés de mettre en place d'importantes mesures de soutien à l'économie pour maintenir les créations d'emplois à un rythme suffisant pour préserver une paix sociale qui repose essentiellement sur le progrès ressenti par les populations. Depuis, les Etats-Unis sont revenus timidement dans la course, et l'Union européenne, en proie à des politiques de réajustement budgétaire qui minent sa demande intérieure, peine à se remettre de la déconfiture.
... mais le déséquilibre est aussi structurel
Mais quand bien même une croissance saine et stable ferait-elle son grand retour en Europe et aux Etats-Unis, pas sûr que cela suffira à faire repartir les exportations chinoises comme avant la crise de 2008. Car comme le souligne une note prospective de Natixis datée d'avril 2013, le mal qui frappe les exportations chinoises est plus profond.
Longtemps championne du monde des produits low-cost produits en masse, la Chine souffre de s'être complu dans son rôle d'atelier du monde en oubliant que son modèle du tout export sans valeur ajoutée ne tenait que grâce à des prix défiant toute concurrence. Or aujourd'hui, il existe désormais en Asie du Sud-est des concurrents plus compétitifs sur ce créneau. La raison est simple. En vue de développer son marché intérieur, la Chine a laissé filer les salaires et permis au yuan de gagner en valeur face aux principales monnaies d'échanges internationaux.
Pour l'heure, c'est un échec. Car si les exportations ralentissent bien, la consommation, elle, ne décolle pas. Voire même elle ralentit. Car augmenter les salaires ne suffit pas. Le ralentissement de l'économie chinoise, sous-estimé selon certains économistes, pèse pour une part sur la consommation. Mais c'est surtout la faiblesse de la couverture sociale et la hausse constante des prix dans l'immobilier qui pousse les Chinois à l'épargne. Le gouvernement a annoncé des réformes sociales afin de lutter contre cette épargne contrainte. Mais leurs effets ne se feront pas ressentir dans l'immédiat.
Le seul choix est désormais de monter en gamme
En attendant, Pékin n'a pas d'autre choix que d'abreuver son système bancaire de liquidités pour maintenir l'investissement. Le problème, c'est qu'en raison de déséquilibres liés à un système financier très peu ouvert et très peu transparent, ces liquidités sont largement drainées par les entreprises publiques qui s'en servent pour mener à bien des grands projets et le secteur immobilier. Alors que les entreprises du secteur privé ont le plus grand mal à se financer.
Ce déséquilibre dans le système financier chinois a eu pour effet d'assécher les crédits à destination d'investissements productifs. Si bien que la hausse des salaires n'a jamais été compensée par une montée en gamme des produits destinés à l'exportation. Consciente de ces problèmes, Pékin tente depuis le mois de juin de réformer le système financier du pays afin de garantir une meilleure transmission de la politique monétaire de la banque centrale chinoise vers l'investissement productif. En vain... pour l'heure.
La tribune.fr
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