Julien Lefilleur, responsable de l’activité de Proparco en Afrique de l’Ouest, revient, entre autres, dans cet entretien sur le périmètre de Proparco, ses interventions dans le réaménagement de l’Aéroport d’Abidjan, l’approvisionnement en énergie éléctrique, l’agriculture... Les Afriques : Quel est le champ d’intervention de Proparco ? Julien Lefilleur : Proparco est une institution financière de développement, conjointement détenue par l’Agence française de développement (AFD), majoritaire au capital, et par des actionnaires privés du Nord et du Sud. Proparco finance le secteur privé dans les pays émergents et en développement. Son intervention vise à soutenir la croissance économique en apportant au secteur privé des ressources difficiles à mobiliser sur les marchés locaux. Proparco compte parmi les principales institutions financières bilatérales de développement dans le monde. Elle intervient sur quatre continents, allant des grands pays émergents aux pays aux revenus les plus bas, en particulier en Afrique. Le champ d’intervention de Proparco couvre des secteurs variés, des infrastructures jusqu’au secteur financier, en passant par le financement des industries et des services. LA :Vous ciblez le marché de l'Afrique de l’Ouest, et particulièrement la Côte d’Ivoire ? Pourquoi ce choix ? J.L. : Proparco est présente en Afrique de l’Ouest depuis sa création en 1977. Le bureau régional basé à Abidjan couvre l’ensemble des pays de la Cedeao (à l’exception du Nigéria, couvert directement depuis Lagos). Le portefeuille de Proparco dans la sous-région s’élève à plus de 600 millions d’euros avec environ 50 projets. La Côte d’Ivoire est le premier pays d’intervention de Proparco en Afrique de l’Ouest et l’un des tout premiers pays en Afrique subsaharienne. Elle est par exemple présente aux côtés du concessionnaire de l’aéroport d’Abidjan (Aéria) dans le cadre de son programme de réhabilitation et d’extension de ses infrastructures. Elle participe également, aux côtés de plusieurs autres institutions financières de développement (SFI, DEG, FMO…), au financement de l’efficacité énergétique en Côte d’Ivoire pour le compte des deux principaux producteurs indépendants d’énergie (Ciprel et Azito). Enfin, elle intervient dans les secteurs de l’huile de palme, du sucre et de l’hévéa, en particulier via son partenariat avec le groupe Sifca, ainsi que dans le secteur financier, au travers de différents partenariats avec les principales institutions financières régionales (Groupe BOA, Groupe Ecobank, Oragroup, Groupe BNP Paribas, Alios Finance, NSIA).Le portefeuille de Proparco en Côte d’Ivoire avoisine 200 millions d’euros, ce qui représente une douzaine de projets financés. Par ailleurs, plusieurs projets sont en cours d’étude, notamment dans le secteur du tourisme, de l’agro-industrie et du secteur financier. LA : Quels sont les outils dont vous disposez pour l’accompagnement des PME ? J.L. : Le financement en direct des PME en Afrique nécessite un accompagnement rapproché des promoteurs et une certaine qualité dans l’information financière pour une appréciation du risque adaptée. En outre, rares sont les PME qui atteignent une taille suffisante pour satisfaire aux critères d’éligibilité de Proparco, dont les financements individuels moyens se situent entre 5 et 10 millions d'euros. Enfin, Proparco n’intervient qu’en devises fortes (euro ou dollar) souvent peu adaptées au besoin de PME qui disposent la plupart du temps de devises locales. Ces facteurs rendent difficile le financement direct des PME par Proparco. Cependant, le financement des PME en Afrique représente une priorité pour Proparco et nous cherchons donc à soutenir ce segment principalement par le biais d’intermédiaires financiers. Nous accompagnons tout d’abord les banques en les incitant via des financements adaptés (dettes long terme) et en encourageant le «down-scaling». Nous intervenons également à travers des institutions financières spécialisées (institutions de microfinance, institutions de crédit-bail) et des fonds d’investissement spécialisés (I&P, Cauris, Africinvest). LA : Le financement du secteur bancaire de la sous-région a-t-il un impact sur l’économie ? J.L. : Le secteur financier en général représente environ le tiers de nos engagements en Afrique de l’Ouest et concerne la banque universelle, l’assurance, le crédit- bail, le crédit hypothécaire et la microfinance. Audelà des ressources long termes nécessaires à leur activité, nous cherchons à apporter des produits innovants pour permettre aux institutions financières de se développer sur des créneaux porteurs. Au Ghana, par exemple, Proparco soutient le développement du crédit hypothécaire, encore relativement peu développé. En Côte d’Ivoire, Proparco travaille avec Advans – l’institution de microfinance – sur un projet visant à améliorer l’accès aux financements pour les petits planteurs de cacao. De même, Proparco s'emploie à encourager l’ouverture des banques aux marchés internationaux en développant, par exemple, des produits financiers visant à soutenir le commerce international (garanties «trade finance»). Enfin, nous cherchons également à mettre en place des outils permettant une meilleure utilisation des ressources financières disponibles sur le marché local. Un des projets à l’étude, par exemple, consiste à réorienter les ressources long terme du secteur de l’assurance vers les banques pour que celles-ci puissent à leur tour les utiliser pour financer les investissements du secteur productif à long terme. LA : Comment soutenez-vous le développement des marchés financiers ? J.L. : Le groupe AFD est déjà familier avec la BRVM puisque nous avons octroyé plusieurs garanties d’émissions obligataires et même émis nous-mêmes sur le marché il y a quelques années. Proparco souhaite aujourd’hui être plus active sur le marché boursier régional. Plusieurs pistes de développement sont en cours d’étude, comme par exemple le soutien à l’épargne salariale dans le cadre de privatisation, le développement de produits d’épargne (FCP garanti), le développement de fonds Pré-IPO ou le financement des infrastructures via les marchés financiers. LA : Quelle est la valeur ajoutée de Proparco au-delà du financement ? J.L. : Proparco cherche à capitaliser autant que possible sur son réseau et son expertise, en orientant les flux d’investissements vers des secteurs clefs pour le développement et en encourageant les synergies entre acteurs nationaux et internationaux. Nous pensons en effet que le rôle d’institution financière de développement va au-delà du simple octroi de financements. Nous dépensons ainsi beaucoup d’énergie à mettre en relation des acteurs complémentaires, opérant sur différents marchés, qui pourraient avoir le potentiel de développer des synergies et ainsi donner naissance à de nouveaux projets. Les réseaux de Proparco et de manière générale du groupe AFD s’étendent, en effet, sur une grande partie des pays émergents et en développement, dans des secteurs très variés. Ce réseau est un actif très utile pour contribuer à dynamiser l’investissement dans les pays en développement et nous nous employons à l’exploiter. Dans cette logique également, Proparco publie la revue Secteur Privé et Développement visant à valoriser le retour d’expériences d’investissements privés réussis dans les pays en développement et émergents. Les Afriques |
Julien Lefilleur «Le financement des PME en Afrique représente une priorité pour Proparco»
Mercredi 27 Août 2014
Julien Lefilleur, responsable de l’activité de Proparco en Afrique de l’Ouest, revient, entre autres, dans cet entretien sur le périmètre de Proparco, ses interventions dans le réaménagement de l’Aéroport d’Abidjan, l’approvisionnement en énergie éléctrique, l’agriculture...
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