INDUSTRIE DE LA FARINE : En route vers la faillite de minoteries

Vendredi 13 Mars 2015

La guerre de la farine s’est muée en une concurrence sauvage où des industries risquent d’y laisser les plumes. Entre fraude, vente à perte, et baisse de taxation de la Tva, passée de 18 à 13 mille francs le sac de 50kg, l’Etat est roulé dans la farine. Ainsi, cette concurrence sauvage avec des prix bridés, hypothèque la survie de nombres de minoteries.


 La morosité économique touche l’industrie de la farine. Jadis très lucratif, le secteur n’est plus rentable à cause surtout des distorsions de concurrence causées par l’Etat. En effet, homologué à 18 mille francs Cfa depuis 2013 pour maîtriser le prix du pain, le sac de 50 kg de farine est en train de connaître une baisse spectaculaire qui, selon une source du ministère du Commerce, ne reflète pas la réalité économique du secteur. Laquelle baisse, sous-tendue par de la «triche», ferait planer une grosse menace chez les meuniers, surtout les structures les plus formelles. Selon une source boulangère bien au fait de ce qui se trame dans la filière pain, le sac est «officiellement» facturé à 16 500 francs en lieu et place des 18 mille francs décidés par l’Etat. Pis, s’indigne-t-il, dans certaines zones de Dakar, notamment en banlieue, des minoteries, loin de produire de la qualité, l’échangent même contre 13 mille francs. Ce qui provoque d’énormes pertes de recettes fiscales pour l’Etat car une base de taxation à 18 mille est très loin de celle à 1 500 francs de moins.
Interpellé sur cette réduction de la base de taxation, un officiel sénégalais du secteur, sous le sceau de l’anonymat, confirme et l’explique par des leviers de régulation du marché. En effet, selon lui, cette guerre de la farine ne profite ni au consommateur, ni à l’Etat. Donc, dit-il, face à la crainte de voir des acteurs user d’astuces comme le dumping par exemple pour éjecter du marché d’autres acteurs en vendant à perte, l’Etat a sorti un arrêté en septembre 2014 pour fixer des prix planchers. Il a, de ce fait, accepté une baisse de la base de taxation de la Tva pour une facturation des prix à 16 500 francs pendant 4 mois, de septembre à décembre 2014. Une mesure qui devait prendre fin en janvier mais, sur le terrain les meuniers continuent de facturer à ce prix, faisant perdre au Fisc beaucoup d’argent.
Mais, selon un meunier, également joint par téléphone, avec la situation de suroffre et l’administration des prix, «pas mal de minoteries survivent en contournant les obligations douanières ou fiscales». Il signale qu’enmoins de quatre ans, le potentiel de production a pratiquement doublé. «Les acteurs se retrouvent avec des capacités de vente de moins de 40 % de chiffre d’affaires. Ce qui est révélateur des problèmes sous-jacents parce que cela ne peut pas permettre de régler les charges fixes qui sont dimensionnées pour une production double. Ce qui ne peut pas continuer», explique-t-il. Selon lui, l’administration des prix dans cette forte concurrence va éliminer du marché les structures formelles qui s’acquittent de toutes leurs charges, fiscales et sociales. Et confie-t-il, pendant ce temps, «d’autres industries essaient de vivre en essayant de transgresser ce qui peut l’être». Ainsi, indique cette source, ceux qui n’investissent pas dans la qualité se retrouvent avec des prix de revient similaires aux autres. Un système qui favorise les fainéants et qui pénalise les nouveaux investissements et ceux qui s’étaient inscrits dans une logique de qualité. «La première mesure à prendre pour permettre à cette concurrence de se faire dans un cadre souple, c’est que l’Etat arrête de mettre sa main en administrant les prix. Quand on parle de concurrence, on suppose un marché libre. La seule porte qui peut être aménagée pour que tout le monde ne suffoque pas, c’est de laisser à chacun le soin de se débrouiller face au marché sans limitation ni en bas, ni en haut. Ce pour faire parler la qualité en différents lieux. Car, aujourd’hui, toutes les industries qui ne sont pas capables de faire de la qualité se retrouvent à l’aise dans une concurrence on inhibe le choix de certains de faire de la qualité», suggère le meunier.
La conséquence de cette lutte pour la survie est que certaines minoteries risquent de fermer boutique. «A cause de cette forte concurrence sauvage instaurée dans le secteur, beaucoup de minoteries pataugent dans des difficultés. Avant, on avait quatre industries qui produisaient 140 % des besoins du marché. Avec les trois minoteries qui sont arrivées, il y a une suroffre qui est en train silencieusement de faire des victimes chez eux. Parce qu’actuellement la farine est bazardée», fait remarquer notre source boulangère.
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