Evaluation du risque souverain en Afrique : Des dirigeants dénoncent des ‘’méthodologies opaques et incohérentes’’

Lundi 26 Mai 2025

Les décideurs politiques africains multiplient les appels en faveur d’une plus grande transparence et d’une plus grande équité dans la manière dont les agences mondiales de notation de crédit évaluent le risque souverain. Pour eux, des méthodologies opaques et incohérentes coûtent au continent des milliards en pertes d’investissement et en coûts d’emprunt plus élevés.


Lors d'un atelier visant à promouvoir la transparence et renforcer les capacités autour des processus de notation de crédit souverain utilisés par les principales agences internationales de notation de crédit, des responsables financiers et des économistes de toute l'Afrique ont déclaré que le système actuel ne reflète pas les véritables fondamentaux économiques et la résilience des économies africaines.
 
« C'est un espace où le pouvoir s'exerce », a déclaré Raymond Gilpin, économiste en chef pour l'Afrique au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). « Et si vous ne comprenez pas comment ce pouvoir s'exerce, vous serez toujours à la traîne », a-t-il confié dans la foulée.
 
Cet atelier de deux jours, organisé par le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep) en partenariat avec la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (Cea), le Pnud Afrique et Africatalyst, s’est tenu juste avant la première conférence annuelle sur la notation de crédit en Afrique, qui s'ouvert le 21 mai.
 
Les organisateurs affirment que cet événement vise à doter les gouvernements d'outils pour gérer, remettre en question et participer activement au processus de notation de crédit, tout en relevant les défis macroéconomiques qui impactent la solvabilité nationale.
 
McBride Nkhalamba, directeur de la recherche au Maef, s'exprimant au nom de l'ambassadrice Marie-Antoinette Quarte, Pdg du Maep, a déclaré que les enjeux étaient considérables. « Les méthodologies utilisées par les principales agences de notation sont souvent opaques et mal comprises », a déclaré McBride. Pour lui, l’atelier a été une occasion opportune de démystifier ces méthodologies, de renforcer les capacités techniques des institutions gouvernementales africaines et d'approfondir l'engagement.
 
L'événement comprendra des études de cas, des simulations et des séances d'apprentissage entre pairs impliquant des responsables financiers et des banques centrales du Ghana, du Kenya, d'Éthiopie et de Zambie.
 
Zuzana Schwidrowski, directrice de la division macroéconomie, finance et gouvernance de la Cea, a souligné l'importance d'un engagement proactif. En ce sens, elle a indiqué que l'engagement avec les agences de notation doit être éclairé, confiant et proactif, fondé sur des données et soutenu par une coordination interne.
 
Mme Schwidrowski a exhorté les institutions africaines à prendre en main le discours sur le crédit. « L'Afrique doit s'approprier son discours sur le crédit », a-t-elle déclaré, ajoutant que « cet atelier n'est pas seulement un forum de discussion technique, c'est une plateforme d'autonomisation stratégique ».
Les notations de crédit sont plus que de simples exercices techniques. Elles façonnent l'accès de l'Afrique au financement du développement, influencent les décisions des investisseurs et ont un impact sur tous les aspects, des coûts d'assurance à la gestion de la dette publique.
 
M. Gilpin a exhorté les gouvernements africains à remettre en question les hypothèses souvent ancrées dans les notations de crédit. « Nous devons être prêts à remettre en question ce qu'on nous dit, avec respect et clarté », a-t-il suggéré.
 
Bassirou MBAYE
Actu-Economie


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