Alioune Badiane, directeur bureau des projets Onu Habitat : «Il est important que les politiques urbaines durables tiennent compte des jeunes»

Lundi 15 Septembre 2014

L’atelier régional sur le thème : «Efficacité énergétique dans le bâtiment en zone tropicale et ville durable», organisé à Dakar par la Francophonie a baissé ses rideaux hier. En marge de cette cérémonie, Alioune Badiane, directeur bureau des projets et programmes d’Onu-Habitat est largement revenu sur le projet de résolution qui a été adopté par l’atelier et qui sera soumis au Sommet de la Francophonie prévu pour fin novembre 2014 au Sénégal.


Alioune Badiane, directeur bureau des projets Onu Habitat
Alioune Badiane, directeur bureau des projets Onu Habitat
Il était assigné à l’atelier de Dakar de préparer le Sommet de la Francophonie de Dakar de novembre par l’adoption sur la ville durable. Quelle est l’importance d’une telle résolution ?
Nous sommes arrivés au terme de deux ans de travail entre Onu-Habitat, le gouvernement du Sénégal, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (Ifdd) pour la préparation de cette résolution, qui devrait permettre aux chefs d’Etat de la Francophonie, sous le leadership du Président Macky Sall, d’adopter une résolution qui concerne l’avenir du monde, des villes et des établissements humains dans le monde. Nous sommes réunis à Dakar avec tous nos partenaires au développement. Cette rencontre est précédée par une autre rencontre de deux jours, sur les questions énergétiques. Vous savez sans énergie, il n’y a pas de développement durable et le Sénégal en sait quelque chose. Nous vivons un moment où l’énergie est à la base  du développement et nous devons renforcer les investissements dans ce secteur. Les experts qui étaient réunis à Dakar pendant deux jours ont travaillé durement et nous devons adopter aujourd’hui (hier), la résolution sur la ville durable dans le monde francophone, mais surtout en Afrique particulièrement. Alors, Onu Habitat en tant que représentant des Nations-Unies sur ces questions là s’est engagée avec le Sénégal et les partenaires au développement pour faire de telle sorte que les prochaines résolutions qui vont avoir lieu à New York, dans le cadre de la préparation de Habitat 3, tiennent compte de cette résolution sur le développement urbain durable. Nous sommes aussi en préparation de Habitat 3, qui est la 3ème conférence des Nations-Unies sur les villes et les établissements humains et qui devrait préparer un agenda urbain dans les 20 années à venir. Alors, le Sénégal est très engagé dans ce processus. Nous en sommes très contents. Le Sénégal est engagé dans l’ouverture de pôles urbains de développement, de croissance, qui devraient permettre d’ouvrir des perspectives en matière d’investissement, de construire des villes nouvelles et de permettre à la croissance de se faire au-delà des deux chiffres. Il n’y a que l’économie de l’habitat qui est à la base d’une croissance économique durable. Et si la croissance économique est durable, c’est parce que les gens sont bien logés, ont accès à l’eau, à l’énergie, à l’assainissement. Voilà les principes sur lesquels nous sommes en train de travailler. Nous savons ce qui se passe dans les pays en termes d’inondation, de difficultés. Mais nous avons confiance que les engagements qui sont déjà pris par les Etats et les actions en cours devraient permettre au Sénégal et surtout aux pays de la sous région de s’engager durablement. Nous espérons que la résolution nous permettra de travailler ensemble dans l’espace francophone. Cette résolution devra préparer le prochain sommet des chefs d’Etat qui sera tenu à Dakar en novembre, de même que la conférence de Habitat 3.

 Quels seront les grands axes de cette résolution qui sera soumis aux chefs d’Etat ?
Premièrement, cette résolution va être basée sur le fait qu’il est inéluctable que l’urbanisation  puisse être combattue. Il y a beaucoup de pays dans le monde surtout en Afrique, qui pensent que  l’urbanisation n’est pas utile.  Nous voulons renforcer le principe d’une urbanisation durable. Deuxièmement,  l’urbanisation est porteuse de croissance. On va y discuter et  je pense que les pays qui seront là vont tomber d’accord sur cela, parce que dans la plupart des pays africains, la croissance économique est   portée par les villes à plus de 60%. Quand on investit dans les zones urbaines, on investit pour la santé, l’éducation, pour le bien-être. Naturellement, il ne faut pas opposer les zones urbaines et les zones rurales. Ceci n’est pas notre démarche. C’est une démarche intégrée qui permet à la fois aux zones rurales de bénéficier des produits de la croissance urbaine et aux villes de bénéficier aussi des produits qui viennent du monde rural. 
L’autre principe que nous allons discuter c’est le rôle du genre. Les hommes et les femmes dans un développement économique durable dans l’espace francophone. Il faut faire la promotion des femmes, des filles pour qu’un pays puisse être durable. Les pays qui l’ont compris avancent et ceux qui ne l’ont pas compris reculent. Il est aussi extrêmement important que les politiques urbaines durables tiennent compte des jeunes, en termes d’éducation. Je crois que le Sénégal est actuellement en train de travailler dans ce domaine. La crise universitaire est un grand problème. Il faut asseoir les bases d’une éducation durable vis-à-vis des jeunes. Quand les jeunes sont formés, ils ont besoin d’accès au travail. Ce n’est pas forcément le travail de l’Etat. Il faut créer des espaces pour que les jeunes qui sont diplômés puissent créer leur propre entreprise. Naturellement, il faut traiter les questions de crise. Les jeunes sont à la base de plusieurs crises dans notre sous région. Et nous pensons qu’en leur donnant les moyens de travailler, nous les sortons des griffes des agents recruteurs qui les mettent dans des chemins de perdition. 

Y a-t-il un lien entre cette résolution et l’Acte 3 de la décentralisation que le Sénégal vient d’adopter ?
Absolument, parce que l’Acte 3 de la décentralisation est fondateur au Sénégal. Quel que soit les difficultés, il n’y a pas de réforme facile. L’essentiel c’est d’avoir le courage de s’y engager. Je crois que le Sénégal, quel que soit le défi, s’est engagé dans l’Acte 3. Nous en tant que Nations-Unies, nous sommes là pour réaffirmer notre détermination à accompagner le Sénégal, parce qu’une réforme aussi fondatrice, c’est révolutionnaire. Il faudra beaucoup de courage pour y arriver. Nous disons bravo au Sénégal de s’engager dans cet Acte 3 de la décentralisation.

Une urbanisation durable requiert d’importantes ressources financières. Est-ce que les pays disposeront suffisamment de financements ?
Nous Onu-Habitat, sommes déterminés à accompagner les pays qui sont déterminés à avancer. Quand on refuse d’avancer sur certains domaines qui sont difficiles en disant que je vais attendre qu’ils soient faciles, vous ne le ferez jamais.  Il y a beaucoup d’entregent qui s’est développé depuis la réunion du Groupe consultatif à Paris, avec les partenaires au développement. Quand un pays est stable, il n’y a aucune raison que les financements du développement surtout en ce qui concerne le secteur privé, ne viennent pas. Les financements sur le plan des Nations-Unies ne sont que des financements catalytiques, des financements de soutien. Mais les réelles ressources de développement seront des ressources de notre propre zone. Vous savez que la Cedeao ou l’Uemoa à une banque qui s’appelle la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm). Le Sénégal peut lever toutes les ressources dont il a besoin pour son développement. Il suffit d’avoir de la transparence, éviter la corruption.
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Actu-Economie


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