BARRAGE HYDROELECTRIQUE DE MANANTALI : Un symbole de réussite régionale

Mercredi 14 Mai 2025

Malgré des différences politiques, économiques ou culturelles, le barrage hydroélectrique de Manantali illustre comment des pays riverains peuvent s’unir autour d’un projet commun. Les pays membres ont accepté que leurs ressources soient « mises en commun sans perdre leur souveraineté », un précédent rare à l’échelle mondiale.


L’infrastructure hydroélectrique de Manantali n’est pas menacée que par des tensions financières, mais aussi politiques. Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ajoute une couche de complexité à cette situation. Pour éviter une crise énergétique majeure, plusieurs mesures sont envisagées comme le renforcement de la coopération régionale, et une collaboration accrue entre les pays bénéficiaires du barrage pourrait aider à surmonter les défis actuels ; des réformes structurelles à travers l’amélioration de la gouvernance et la gestion financière des entités impliquées dans l'exploitation du barrage.

Une action concertée est en tout cas essentielle pour préserver ce pilier de l'infrastructure énergétique de l'Afrique de l'Ouest. L’hydroélectricité de Manantali constitue l’une des rares sources d’approvisionnement à coût maîtrisé. La Semaf-SA (Société d’Exploitation de Manantali et de Felou ) arrive à sortir un kilowattheure inférieur à 40 Fcfa, intégrant l’exploitation, la maintenance, le remboursement de la dette. Quand on sait que des sociétés comme SENELEC, EDM et SOMELEC ont des centrales qui, le plus souvent, leur reviennent à plus de 100 Fcfa/kWh…
 
Attention à la crise de confiance

Le modèle réussi de l’Omvs (Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal) représente un catalyseur en matière de gestion des ressources transfrontalières, mais surtout par son réseau hydroélectrique. L’OMVS est souvent citée comme exemple de coopération réussie autour d’un fleuve et de l’énergie partagée. Les retombées concrètes s’illustrent par ailleurs à travers l’irrigation de milliers d’hectares de terres agricoles ; la navigation fluviale relancée ; la prévention des inondations saisonnières grâce à une régulation maîtrisée du fleuve. Ce sont des bénéfices multisectoriels tangibles, partagés entre les pays, renforçant l’intégration régionale.

Au-delà, une crise majeure de l’OMVS affecterait l’équilibre du réseau interconnecté ouest-africain, dans lequel ces centrales sont des nœuds importants. Le WAPP (West African Power Pool, ou Système d’Échanges d’Énergie Électrique Ouest-Africain) repose sur des financements extérieurs (Banque mondiale, BAD, AFD, UE, etc.). Une crise de gouvernance à l’OMVS ou des conflits persistants sur les paiements (ex. : SEMAF/SOGEM/EDM) fragiliseraient la crédibilité institutionnelle. Les bailleurs pourraient ralentir les décaissements ou revoir leurs engagements financiers dans les projets d’interconnexion ou de renforcement des capacités.

Dans ce contexte, il y a le projet OMVS-OMVG-WAPP qui vise l’intégration énergétique régionale via des lignes haute tension, dont plusieurs traversent le territoire OMVS. Une crise prolongée dans l’OMVS pourrait retarder la mise en œuvre de ces lignes (Manantali-Bamako-Kayes-Dakar, par exemple) ; retarder l’intégration du réseau électrique de l’OMVS au WAPP ; gêner le déploiement de marchés électriques sous-régionaux.

En somme, une crise interne serait un signal négatif pour les coopérations régionales, en particulier pour les ambitions du WAPP à créer un marché régional de l’électricité compétitif et stable. In fine, un déséquilibre du réseau WAPP, des tensions sur la chaîne de valeur énergétique, une perte de confiance des partenaires et un retard d’interconnexion et du marché régional, ce serait plutôt cher payer.   
 
Malick NDAW
Actu-Economie


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