Afrique: Le FMI insiste sur la redistribution pour aborder l'inégalité croissante

Dimanche 23 Mars 2014

Le Fonds monétaire international (FMI) s'implique fortement dans le débat mondial sur l'impact de l'inégalité croissante des revenus, offrant une série de conclusions controversées qui rejettent l'orthodoxie économique de longue date - dont le fonds lui-même a été longtemps un partisan clé.


Le FMI, sans doute la première institution financière au monde, déclare sans équivoque que l'inégalité des revenus "tend à réduire le rythme et la durabilité" de la croissance économique. Dans un article publié le 13 mars, le fonds suggère également qu'un éventail d'approches de redistribution "progressive" - les politiques nationales fiscales et de dépenses qui sont délibérément orientées vers les pauvres - diminuerait l'inégalité et "est donc favorable à la croissance globale".
"C'est le jugement final sur l'inégalité qui est en train d'être mauvaise pour la croissance", a déclaré à IPS, dans un communiqué, Nicolas Mombrial, un porte-parole d'Oxfam, une organisation humanitaire.
"La preuve du FMI est claire: Les solutions pour combattre l'inégalité sont l'investissement dans les soins de santé et l'éducation, et une imposition progressive. Les politiques d'austérité font le contraire, elles aggravent l'inégalité ... Nous espérons que cela indique un changement à long terme dans les conseils de politique du FMI aux pays - d'investir dans des politiques de santé, d'éducation et fiscales plus progressives".
Pendant les 50 dernières années, le FMI, basé à Washington, a fonctionné en tant "qu'organisme de crédit en dernier ressort" du monde pour les économies en difficulté. En contrepartie du fait d'avoir offert des prêts à court terme aux gouvernements dans la crise économique, le fonds exige généralement l'imposition d'une gamme de mesures d'austérité souvent strictes visant à solidifier les finances du pays.
Après des années de frustration par rapport à ces conditions de la part des militants anti-pauvreté, le FMI s'est récemment engagé dans une large réévaluation de cette approche. En novembre, le fonds a proposé une refonte de son orientation sur la restructuration des dettes, bien que l'introduction formelle de cette proposition ait été repoussée à juin, à la suite du refoulement.
"Bien que les principaux points ne soient pas nouveaux, le document du FMI est néanmoins important parce que l'organisation a été généralement au côté plus conservatif dans ses conseils de politique - à partir du fait d'être vue comme restreignant les mesures qui amélioreraient les pires effets des crises sur ceux qui sont dans la pauvreté extrême, par exemple, à la promotion de changements régressifs des systèmes fiscaux tout à fait dommageables dans ses conseils pays", a expliqué à IPS, Alex Cobham, un chercheur au bureau du Center pour le développement mondial (CGD), un groupe de réflexion basé à Washington.
"Néanmoins, nous ne devrions pas nous attendre à des changements massifs ou immédiats dans la politique du FMI. La situation de la politique fiscale démontre très bien comment l'organisation peut continuer à promouvoir dans les pays les mêmes approches que ses propres recherches ont discréditées".
Un sujet brûlant
Les nouveaux conseils sur l'inégalité des revenus sont probablement reçus avec scepticisme dans plusieurs coins, bien que le fonds donne aux conclusions son appui total. Alors que la publication du 13 mars est venue sous forme d'un document de travail, le rapport a été lancé avec bruit à Washington, y compris une introduction du deuxième plus grand responsable du fonds, David Lipton.
"Certains peuvent être surpris que le fonds s'engage dans ce débat sur la conception de politiques de redistribution ... [mais] une des raisons pour lesquelles nous discutons de cette question aujourd'hui est qu'elle devient un sujet brûlant", a indiqué à IPS, le 13 mars, Lipton, le premier directeur général adjoint du fonds, lors de la présentation du rapport.
"L'intérêt pour la redistribution, comme le reflètent les enquêtes publiques et nos discussions avec nos membres, montre qu'il est plus élevé que dans le passé. Nos membres veulent explorer avec nous la manière dont ils peuvent développer des politiques de distribution de manière efficace".
Le FMI ne tarde pas à souligner que le nouveau document, qui s'appuie sur une note de recherche publiée en février, ne constitue pas des recommandations, mais plutôt des conseils à ses 188 pays membres, tandis que la conception spécifique à chaque pays pour tout mécanisme de redistribution reste d'une importance primordiale. Néanmoins, les options "efficaces" qu'il offre aux gouvernements en développement et développés à la fois sont frappantes.
Il s'agit notamment de placer des impôts plus élevés sur les riches que sur d'autres segments de la société, ainsi que le renforcement de l'impôt sur les biens immobiliers, le potentiel qui est selon le fonds particulièrement important dans les pays en développement. Il suggère également d'envisager l'augmentation de l'âge auquel les citoyens deviennent éligibles à la retraite et à d'autres programmes publics de la vieillesse.
Bon nombre de ces suggestions ont été longtemps promues par des défenseurs du développement ainsi que des militants des droits du travail dans le monde.
"Nous sommes heureux que le FMI ait finalement rattrapé le retard par rapport à ce que le mouvement syndical mondial dit depuis des années - que l'inégalité constitue la menace numéro un pour la reprise économique", a souligné dans une déclaration, Philip Jennings, le secrétaire général de 'UNI Global Union'. "Le seul moyen pour sortir de cette crise est la croissance économique inclusive, durable, avec un minimum vital pour tous".
Cobham du CGD affirme que le document apportera un appui aux décideurs politiques qui veulent combattre l'inégalité, et pourrait servir de base pour un accord mondial plus large sur la question.
"Il peut marquer en effet un moment important dans l'établissement de l'ampleur du consensus que la réduction de l'inégalité des revenus devrait être l'un des objectifs du cadre post-2015 qui succédera aux Objectifs du millénaire pour le développement", dit-il.
IPS
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