ALIOUNE DIOUF, CHEF DU BUREAU DE LA POLITIQUE D’ENDETTEMENT DU SENEGAL : « L’endettement ne posera pas de problème tant que les ressources sont bien utilisées. »

Lundi 26 Septembre 2016

LEJECOS a accroché M. Alioune Diouf, chef du bureau de la politique d’endettement à la direction de la dette publique du Sénégal, au détour du séminaire de l’agence UMOA-TITRES du 19 au 23 septembre, consacré à la gestion de la dette publique. Il rassure et explique quant à celle du Sénégal.
Entretien.


ALIOUNE DIOUF, CHEF DU BUREAU DE LA POLITIQUE D’ENDETTEMENT DU SENEGAL
ALIOUNE DIOUF, CHEF DU BUREAU DE LA POLITIQUE D’ENDETTEMENT DU SENEGAL
Il arrive que les stratégies d’endettement préalablement définies par les experts connaissent des modifications dans leur mise en œuvre. Que se passe-t-il dans pareils cas ?
 
Il faut savoir que la stratégie de gestion de la dette est une orientation préalablement définie qui recherche la satisfaction des besoins de financements, aux meilleurs coûts et risques. Maintenant, dans la mise en œuvre, nous essayons de tout faire pour respecter cette stratégie, notamment  les options qui sont déjà prises.
Dans la pratique, on reçoit des offres qui font l’objet d’une analyse d’acceptation. Elles peuvent être tout à fait conformes à la stratégie, comme elles peuvent diverger de cette dernière. En tout état de cause, les avis donnés sont motivés et, au besoin des recommandations sont faites aux partenaires financiers, pour améliorer  leurs offres.
Par rapport aux modifications qui peuvent être observées dans la mise en œuvre de la stratégie, il convient de préciser que les  interventions,  notamment sur les marchés, dérivent des poids relatifs qui sont définis pour chaque source de financement. Il faut dire que toutes les sources de financement sont préalablement prévues avec des poids propres (ressources concessionnelles, semi-concessionnelles, de marché, etc.) ; il y en a une multitude.
Maintenant, c’est au niveau de ces poids-là qu’on peut avoir des modifications dans la mise en œuvre, mais leur changement n’est en rien synonyme de chamboulement de la stratégie de gestion de la dette. D’ailleurs, les évaluations faites après exécution de la stratégie relèvent ces écarts, qui sont souvent positifs et favorisent la réalisation d’économies sur le service annuel de la dette
 
Ces modifications peuvent-elles  avoir des incidences dans la stratégie globale ?
 
Il peut y en avoir, mais en général nous faisons des analyses de sorte qu’on s’endette quand même à des conditions beaucoup plus favorables qu’on a dû le faire par le passé. Cela veut dire qu’à la réception d’une offre de financement, nous l’analysons en termes d’orientation stratégique, de coût et de risque. Si l’on juge qu’il s’agit d’une opportunité qui nous conforte dans la stratégie et qu’elle modifie un petit peu la répartition, nous prenons. L’essentiel est de suivre l’orientation de la stratégie globale définie. Il y a des objectifs de coût et de risque qui sont poursuivis dans la formulation de toute notre stratégie.
Sur le marché monétaire et financier, le même raisonnement prévaut. L’objectif de l’Etat étant d’améliorer pour chaque maturité les conditions d’emprunt.
 
Nombreux sont ceux qui déplorent la grande attirance du Sénégal pour le marché financier. Partagez-vous cette remarque ?



En fait, il faudrait comprendre le contexte dans lequel le pays se rend sur le marché financier pour lever des fonds ; je veux parler notamment de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), qui requiert un volume important de financements. Ce contexte explique relativement le niveau de la dette qui, on le sait, découle des objectifs budgétaires et de gestion de trésorerie. Ce que fait le gestionnaire de la dette, c’est d’essayer de trouver les financements au meilleur coût et risque, en explorant toutes les sources de financement possibles. Il est vrai que, aujourd’hui, comparativement au niveau observé tout juste après les initiatives PPTE-IADM le niveau de la dette est en train d’augmenter. A mon avis, il n’y a pas péril en la demeure, pour le moment, car à chaque fois nous menons des exercices de viabilité qui révèlent jusqu’ici un risque de surendettement faible, même si des vulnérabilités sont notées. La maîtrise du rythme de croissance du taux d’endettement ainsi que le maintien du risque de surendettement à des niveaux  faibles,  constituent des préoccupations. C’est dans ce cadre que rentrent les orientations déclinées en matière de politique d’endettement
Ainsi, nous avons suggéré qu’il faille mieux adapter les ressources à la dépense. En d’autres termes, pour les projets sociaux dont la rentabilité économique n’est pas tellement importante, on peut utiliser les ressources concessionnelles, des bailleurs traditionnels qui nous donnent une durée de remboursement relativement longue et  des taux préférentiels, mais pour les ressources de marché qui sont relativement chères, il faut  les consacrer à  des projets à forte rentabilité économique et financière. Sur le plan des réformes, le comité de maturation des projets et l’évaluation ex ante de projets avant leur inscription budgétaire devraient  mieux impacter sur la croissance.
Si tout cela est respecté et bien mis en œuvre, je pense que le niveau d’endettement et le risque de surendettement ne poseront pas de problème pour le Sénégal.
 
Propos recueillis par Amadou BA
 
 
 
 
 
Actu-Economie


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