Zone économiques spéciales : Résultats mitigés en Afrique

Mercredi 1 Juillet 2015

Contrairement à la Chine ou les enseignements tirés de l’expérience ont montré que les «zones économiques spéciales génèrent la croissance si elles exploitent les avantages des géographies naturelles et économiques, en Afrique le constat est autre. Les résultats attendus n’ont pas été au rendez-vous.


Après la mise en place des premiers programmes de ZES en Afrique dans les années 70, par exemple au Libéria (1970), à Maurice (1971) et au Sénégal (1974), le constat aujourd’hui, le résultat est à la limite plutôt mitigé. Contrairement à la Chine où les ZES ont prouvé qu’elles pouvaient favoriser le développement territorial avec une augmentation du niveau de l’investissement direct étranger (IDE) par habitant dans la zone de 112% en valeur agrégée, en Afrique, bon nombre de ZES ont du mal à reproduire la réussite des ZES chinoises orientées sur l’exportation et à forte intensité de main-d’œuvre, même s’il est encore trop tôt pour en dresser un bilan définitif. La plupart souffrent d’une lenteur au démarrage puisqu’il faut cinq à dix ans avant de se développer, et elles se heurtent à de multiples obstacles. Premièrement, de nombreuses ZES doivent faire face au coût élevé de la main-d’œuvre, des facteurs de production et du transport, associé à une faible productivité. Une enquête auprès de 91 ZES dans 20 pays d’Afrique subsaharienne révèle que ces zones totalisent environs 1millions d’emplois, soit 0,2 % de l’emploi total. La zone franche de Madagascar en constitue une parfaite illustration : au départ, elle a produit un impact macroéconomique très significatif en termes d’exportations et d’emplois, en cumulant a 100 000 emplois en 2004. Cependant, la fin des quotas sur l’habillement en 2005 a mis un terme à cette expérience.
Deuxièmement, le climat national peu propice freine l’entrée de l’investissement direct étranger  dans les ZES. De plus, d’importantes disparités de réglementation et de régimes fiscaux entre les entreprises tournées vers l’exportation et les entités locales empêchent l’instauration de relations et les retombées industrielles qui en résultent. D’ailleurs, des pays comme la Tunisie peinent à tirer de leur secteur offshore davantage d’effets bénéfiques pour la population. Troisièmement, d’autres objectifs peuvent interférer avec les considérations économiques et influencer le tracé de ces zones. Par exemple, en République-unie de Tanzanie, des impératifs politiques ont incité le gouvernement à décider d’implanter une ZES par territoire, au risque de saturer l’espace industriel, d’évincer l’investissement privé et d’entraîner des dépenses supplémentaires, par exemple des indemnisations en cas d’expropriation souligne également les risques d’une mauvaise allocation des ressources et d’un comportement de recherche de la rente dans les ZES qui ne sont pas dotées d’institutions publiques solides.
Quatrièmement, certaines ZES se heurtent à d’autres obstacles spécifiques du fait d’un tropisme trop exclusivement économique et d’un manque de coordination avec les autres politiques publiques : la nature intrinsèquement multidimensionnelle de toute action territoriale est en effet souvent négligée. Au Lesotho, où ces zones engendrent  des opportunités d’emploi relativement importantes, l’infrastructure sociale locale ne s’est pas adaptée à l’afflux massif de travailleurs.
Pathe TOURE
Economie

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