
Vérone MANKOU, directeur général de VMH, concepteur du premier smartphone africain et de la première tablette tactile
La société VMK a lancé récemment, à Brazaville, son deuxième smartphone et son troisième téléphone qu’elle a conçus et assemblés en Chine. Vous projetez d’implanter prochainement des points de vente de vos produits à Kinshasa en RDC et à Douala au Cameroun. A vous suivre, on dirait que le chemin d’un jeune entrepreneur est semé de fleurs en Afrique, n’est-ce pas?
Semé de fleurs, je ne sais pas, semé d’embûches, c’est sûr. Peut-être qu’on aura pu jouir d’une vie paisible avant, mais quand on décide d’être entrepreneur en Afrique, on se prépare à un réel affrontement avec les problèmes. Il faut se battre contre les préjugés, contre ceux qui ne veulent pas le changement, ceux qui ne comprennent pas. À mon avis, être entrepreneur en Afrique est une bataille de tous les jours. Pour moi, ce qui m’aide à me battre, c’est ma passion. Ce que je fais, je le fais avec passion, de tout mon cœur, je ne me vois pas dans autre chose. Je considère que mon combat est juste, celui de mettre à la disposition des consommateurs africains toutes les nouveautés technologiques à des prix abordables. Avec mon incubateur, mon but est d’aider d’autres jeunes à réaliser leurs rêves. Donc, face aux difficultés, face à la réalité, moi je bondis avec ma passion, qu’est mon refuge. Dans ce sens, il ne faut pas non plus trop s’enfermer dans sa passion, sinon on se retrouve dans une bulle.
Comment vous est venue cette passion pour la technologie?
Je suis informaticien et technicien. Je travaillais sur un fournisseur d’accès avec les problèmes de connexion et du matériel qu’on avait. Je commençais à réfléchir comment on peut fabriquer un ordinateur non cher. Finalement, nous avons lancé une tablette en 2011 et pendant qu’on travaillait sur la tablette, on s’est rendu compte qu’avec le smartphone, la seule différence, c’était la taille. Et quand on a fait ce smartphone, à l’époque, lorsqu’on décidé d’aller en Chine, on aurait pu le faire en Afrique. On était capables, mais puisqu’on n’avait pas d’argent, on a préféré y aller là où les autres le font. Pour la petite histoire, nos produits ont parfois les mêmes fournisseurs que les produits d’Apple et de Samsung… comme j’ai toujours dit, si tout le monde part en Chine, c’est que les prix sont plus intéressants qu’en Europe, aux Etats-Unis… Mais depuis sept ans que je vais en Chine, je vois chaque jour les prix flamber. C’est-à-dire qu’on doit trouver une autre alternative.
Vous avez trouvé l’alternative?
On a décidé de rapatrier l’année prochaine la production au Congo. C’est à dire qu’on ce moment, l’usine est finie et nous avons une équipe qui est en formation en Chine. Nous avons du matériel qui est en cours d’expédition.
Donc, le Congo aujourd’hui dispose d’une usine capable de faire ce que vous devez faire en Chine?
Oui, nous sommes capables, aujourd’hui, de réaliser ce que nous devions effectuer en Chine. Bien sûr, tout ne va pas être fait en Congo, au début. Car, on doit avoir un temps d’apprentissage. Nous estimons qu’au bout de deux ans, nous aurons une production normale, mais sinon, en mars, février 2015, l’usine ouvrira.
Il s’agit d’un financement personnel?
L’usine est le résultat d’un financement entre nous et l’État congolais, et il nous faut deux ans pour activer toute la technologie aujourd’hui faite en Chine. Déjà, l’année prochaine, on va fabriquer les téléphones basiques, ensuite les smartphones puis les tablettes.
Donc, dans deux ans, on va pouvoir acheter un smartphone 100% conçu et fabriqué au Congo, made in Congo?
Oui, 100% made in Congo.
Quel est le portefeuille de ce rêve devenu réalité?
C’est top secret.
Quelle est alors votre part?
C’est encore top secret.
Et pourquoi voiler un tel projet par tant de secrets?
Vous savez, je ne veux pas donner plus de détails. Pas parce que j’ai peur, mais ce n’est pas encore terminé. Chez nous, un enfant, on lui donne un prénom quand il vient au monde, parce qu’on ne sait pas qu’est-ce qu’il va arriver au moment de la naissance. Permettez-moi de donner à l’enfant un nom lorsqu’il sera né.
Par ailleurs, le smartphone «Elikia L» est commercialisé au Congo à partir du 10 novembre à 64 900 f CFA, environ 100 euros, et c’est quatre fois moins cher que vos concurrents. Votre combat contre les grands est le prix...
Le smartphone «Elikia L» est presque cinq fois moins cher que n’importe quel autre. Un smartphone coûte aujourd’hui 1 000 à 1 800 euros, nous avons observé le marché africain, on veut la qualité, mais à bas prix. Les marques ne comprennent pas l’Afrique, elles en mènent la qualité à un prix exceptionnellement haut, ou l’accessibilité avec des qualités discutables. Nous, nous avons fait le choix au départ de concilier les deux, qualité d’abord, prix ensuite. Nous ne faisons pas des téléphones abordables, mais des téléphones de qualité et nous les rendons abordables. Ensuite, lorsqu’on a lancé la tablette, elle coûtait jusqu’à dix fois moins qu’une tablette comme l’iPad. Lorsqu’on a lancé le smartphone, c’était toujours dans cette optique. Les gens avaient le même usage, la même qualité de travail. La seule différence, c’est le nom de la marque, nous on s’appelle Elikia, eux ils s’appellent Samsung, Apple… Eux ils sont mondialement connus, nous pas encore et c’est la différence fondamentale.
Vous avez une visibilité sur la quantité de production de votre future usine?
Nous allons lancer notre plan d’extension en décembre courant en Côte d’Ivoire. L’année prochaine en RDC, Cameroun et Sénégal. C’est un marché qui est en train de s’étendre.
Ces pays sont-ils des marchés réceptifs?
Bien sûr, nous sommes une entreprise africaine et partout en Afrique c’est chez nous. Dans notre continent, on a tous le même problème, on a tous besoin d’un téléphone de qualité et accessible. Le problème que rencontre un jeune Congolais est le même que rencontre un Ivoirien, un Marocain, un Sud-africain. On a tort de croire que l’Afrique c’est un marché, l’Afrique, c’est plusieurs marchés qui ont les mêmes besoins et les mêmes problèmes.
Que signifie l’appellation «Elikia»?
Espoir. Lorsqu’on travaillait sur ce projet, un mot est né : espoir. L’espoir de concevoir. «Elikia» signifie espoir en lingala, troisième langue parlée en Congo, et VMK signifie «réveillez-vous».
lesafriques.com
Semé de fleurs, je ne sais pas, semé d’embûches, c’est sûr. Peut-être qu’on aura pu jouir d’une vie paisible avant, mais quand on décide d’être entrepreneur en Afrique, on se prépare à un réel affrontement avec les problèmes. Il faut se battre contre les préjugés, contre ceux qui ne veulent pas le changement, ceux qui ne comprennent pas. À mon avis, être entrepreneur en Afrique est une bataille de tous les jours. Pour moi, ce qui m’aide à me battre, c’est ma passion. Ce que je fais, je le fais avec passion, de tout mon cœur, je ne me vois pas dans autre chose. Je considère que mon combat est juste, celui de mettre à la disposition des consommateurs africains toutes les nouveautés technologiques à des prix abordables. Avec mon incubateur, mon but est d’aider d’autres jeunes à réaliser leurs rêves. Donc, face aux difficultés, face à la réalité, moi je bondis avec ma passion, qu’est mon refuge. Dans ce sens, il ne faut pas non plus trop s’enfermer dans sa passion, sinon on se retrouve dans une bulle.
Comment vous est venue cette passion pour la technologie?
Je suis informaticien et technicien. Je travaillais sur un fournisseur d’accès avec les problèmes de connexion et du matériel qu’on avait. Je commençais à réfléchir comment on peut fabriquer un ordinateur non cher. Finalement, nous avons lancé une tablette en 2011 et pendant qu’on travaillait sur la tablette, on s’est rendu compte qu’avec le smartphone, la seule différence, c’était la taille. Et quand on a fait ce smartphone, à l’époque, lorsqu’on décidé d’aller en Chine, on aurait pu le faire en Afrique. On était capables, mais puisqu’on n’avait pas d’argent, on a préféré y aller là où les autres le font. Pour la petite histoire, nos produits ont parfois les mêmes fournisseurs que les produits d’Apple et de Samsung… comme j’ai toujours dit, si tout le monde part en Chine, c’est que les prix sont plus intéressants qu’en Europe, aux Etats-Unis… Mais depuis sept ans que je vais en Chine, je vois chaque jour les prix flamber. C’est-à-dire qu’on doit trouver une autre alternative.
Vous avez trouvé l’alternative?
On a décidé de rapatrier l’année prochaine la production au Congo. C’est à dire qu’on ce moment, l’usine est finie et nous avons une équipe qui est en formation en Chine. Nous avons du matériel qui est en cours d’expédition.
Donc, le Congo aujourd’hui dispose d’une usine capable de faire ce que vous devez faire en Chine?
Oui, nous sommes capables, aujourd’hui, de réaliser ce que nous devions effectuer en Chine. Bien sûr, tout ne va pas être fait en Congo, au début. Car, on doit avoir un temps d’apprentissage. Nous estimons qu’au bout de deux ans, nous aurons une production normale, mais sinon, en mars, février 2015, l’usine ouvrira.
Il s’agit d’un financement personnel?
L’usine est le résultat d’un financement entre nous et l’État congolais, et il nous faut deux ans pour activer toute la technologie aujourd’hui faite en Chine. Déjà, l’année prochaine, on va fabriquer les téléphones basiques, ensuite les smartphones puis les tablettes.
Donc, dans deux ans, on va pouvoir acheter un smartphone 100% conçu et fabriqué au Congo, made in Congo?
Oui, 100% made in Congo.
Quel est le portefeuille de ce rêve devenu réalité?
C’est top secret.
Quelle est alors votre part?
C’est encore top secret.
Et pourquoi voiler un tel projet par tant de secrets?
Vous savez, je ne veux pas donner plus de détails. Pas parce que j’ai peur, mais ce n’est pas encore terminé. Chez nous, un enfant, on lui donne un prénom quand il vient au monde, parce qu’on ne sait pas qu’est-ce qu’il va arriver au moment de la naissance. Permettez-moi de donner à l’enfant un nom lorsqu’il sera né.
Par ailleurs, le smartphone «Elikia L» est commercialisé au Congo à partir du 10 novembre à 64 900 f CFA, environ 100 euros, et c’est quatre fois moins cher que vos concurrents. Votre combat contre les grands est le prix...
Le smartphone «Elikia L» est presque cinq fois moins cher que n’importe quel autre. Un smartphone coûte aujourd’hui 1 000 à 1 800 euros, nous avons observé le marché africain, on veut la qualité, mais à bas prix. Les marques ne comprennent pas l’Afrique, elles en mènent la qualité à un prix exceptionnellement haut, ou l’accessibilité avec des qualités discutables. Nous, nous avons fait le choix au départ de concilier les deux, qualité d’abord, prix ensuite. Nous ne faisons pas des téléphones abordables, mais des téléphones de qualité et nous les rendons abordables. Ensuite, lorsqu’on a lancé la tablette, elle coûtait jusqu’à dix fois moins qu’une tablette comme l’iPad. Lorsqu’on a lancé le smartphone, c’était toujours dans cette optique. Les gens avaient le même usage, la même qualité de travail. La seule différence, c’est le nom de la marque, nous on s’appelle Elikia, eux ils s’appellent Samsung, Apple… Eux ils sont mondialement connus, nous pas encore et c’est la différence fondamentale.
Vous avez une visibilité sur la quantité de production de votre future usine?
Nous allons lancer notre plan d’extension en décembre courant en Côte d’Ivoire. L’année prochaine en RDC, Cameroun et Sénégal. C’est un marché qui est en train de s’étendre.
Ces pays sont-ils des marchés réceptifs?
Bien sûr, nous sommes une entreprise africaine et partout en Afrique c’est chez nous. Dans notre continent, on a tous le même problème, on a tous besoin d’un téléphone de qualité et accessible. Le problème que rencontre un jeune Congolais est le même que rencontre un Ivoirien, un Marocain, un Sud-africain. On a tort de croire que l’Afrique c’est un marché, l’Afrique, c’est plusieurs marchés qui ont les mêmes besoins et les mêmes problèmes.
Que signifie l’appellation «Elikia»?
Espoir. Lorsqu’on travaillait sur ce projet, un mot est né : espoir. L’espoir de concevoir. «Elikia» signifie espoir en lingala, troisième langue parlée en Congo, et VMK signifie «réveillez-vous».
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