Sénégal : Les performances macroéconomiques passées à la loupe par la Bad

Mardi 4 Février 2020

La Banque africaine de développement (Bad) a publié ses perspectives économiques en Afrique 2020. Dans ce document, l’institution dirigée par Akinwumi Adesina, passe en revue les performances macroéconomiques du Sénégal.


Amadou Ba, ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Plan qui a conduit le Plan Sénégal émergent 2014–2018.
Amadou Ba, ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Plan qui a conduit le Plan Sénégal émergent 2014–2018.
Dans ses perspectives économiques en Afrique 2020, publiées la semaine dernière,  la Banque africaine de développement (Bad) souligne que  la croissance du Pib réel s’est maintenue au-dessus de 6 % depuis 2015 sous l’impulsion du Plan Sénégal émergent 2014–2018.

«La croissance, de 6,7 % en 2018, a glissé à 6 % en 2019. Les investissements publics dans les infrastructures, l’agriculture et l’énergie ont maintenu le déficit budgétaire à 3,8 % du PIB en 2018 et 2019, au-delà du seuil de convergence de l’UEMOA de 3 %. Étant donné la faiblesse de la pression fiscale (15 % du PIB) et de l’épargne intérieure, ce déficit a été financé en partie par les emprunts extérieurs, qui ont fait remonter la dette publique à 54,7 % du PIB en 2018 contre 47,7 % en 2017. L’inflation en 2019 est restée très faible, à 0,5 % en 2019 », renseigne l’institution dont le siège se trouve à Abidjan en Côte-d’Ivoire.

Elle ajoute que la détérioration des termes de l’échange, sous l’effet du renchérissement des prix du pétrole et de l’importation des biens d’équipements, a fait passer le déficit du compte courant à 8,8 % en 2018, avec des projections de 9,7 % en 2019 et 9,8 % en 2021. «La mobilisation des ressources extérieures (investissements directs étrangers et Eurobonds) et les solides transferts des migrants ont permis de couvrir les besoins de financement du compte courant. Le taux de pauvreté est passé de 57,3 % en 2001 à 46,7 % en 2011. Le taux de chômage est en hausse (14,6 % en 2018), poussé par la faible participation des femmes (21 %) et des jeunes (18,4 %) au marché du travail », lit-on dans le document.

Facteurs favorables et défavorables

Selon la Bad, la croissance du Pib réel devrait atteindre 6,3 % en 2020 et 6,8 % en 2021. Le deuxième Plan pour un Sénégal émergeant 2019–2023 prévoit la mise en œuvre de réformes visant à stabiliser le cadre macroéconomique, stimuler l’investissement privé et accélérer la transformation structurelle de l’économie. Le risque de surendettement est faible selon le Fmi. Elle a rappelé que pour renforcer la productivité et la compétitivité des entreprises ainsi que pour réduire les coûts de production, le Gouvernement a créé des pôles industriels et mis en place un vaste programme pour faire évoluer le mix énergétique vers les énergies renouvelables. Dans le secteur agricole, une stratégie de pôle de développement a été adoptée pour la création de zones de transformation agricoles au nord, centre et sud du pays. Le Gouvernement a également mis en place un programme pour l’entrepreneuriat des jeunes et un programme de professionnalisation des filières.

La Bad souligne que la mise en service en janvier 2019 du pont sur le fleuve Gambie et l’achèvement prévu du pont de Rosso connectant le Sénégal à la Mauritanie permettront de développer le commerce interrégional. La Bad estime que l’adoption d’une monnaie unique en 2020, l’Éco, par les pays membres de la Cedeao renforcera l’intégration régionale et permettra de réduire les coûts de transaction. L’économie, informe la Bad,  est confrontée à des contraintes liées notamment à la fourniture d’énergie, à la maitrise de l’eau, au développement d’infrastructures de base (surtout dans l’agriculture), et à l’accès au foncier. A son avis, celles-ci limitent la productivité et réduisent la compétitivité de l’économie.

Quant au  secteur privé, en particulier les petites et moyennes entreprises, la Bad note qu’il est entravé par le coût du crédit, les lourdeurs des procédures administratives et par un cadre juridique, fiscal et réglementaire peu concurrentiel. «L’insuffisance des compétences professionnelles (environ 70 % des travailleurs sont non qualifiés) demeure une des principales difficultés pour redynamiser le secteur public. Les contraintes budgétaires sur les deux dernières années, qui sont liées à l’accroissement des subventions énergétiques, ont entrainé une accumulation d’arriérés internes vis-à-vis des secteurs de l’énergie et des hydrocarbures et des entreprises du secteur privé », explique-t-on.
Adou FAYE
Actu-Economie


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