Le consensus autour duquel on s’accorde aujourd’hui est que l'architecture financière internationale actuelle est à la fois injuste, mal outillée, insuffisamment responsable et préjudiciable aux frontières planétaires.
Etranglés par un service de la dette qui a capté 17% de la dépense publique en 2023, son niveau le plus élevé depuis 1999, et en hausse de plus de 50% par rapport à 2022, les pays africains exigent une réforme du système financier mondial.
En effet, l'iniquité des règles sur les marchés financiers internationaux est à la mesure des taux d'emprunt prohibitifs de 20% en moyenne qui leur sont imposés. Sur le marché des Eurobonds par exemple, les cotes de crédit faibles, les larges écarts de taux d'intérêt et les perceptions négatives des risques d'investissements, ont fini d'éroder les capacités des pays africains à faire face aux défis du développement.
Ainsi, près de 23 pays africains sont aujourd’hui en situation de crise de la dette, et trois d'entre eux ont fait défaut. Dans son dernier rapport 2024, la Banque mondiale révèle que les pays en développement ont déboursé un montant record de 1 400 milliards de dollars en 2023 au titre de la dette extérieure.
L’économiste sénégalais Daouda Sembene, ancien Conseiller à la présidence de la République du Sénégal, ancien administrateur au FMI et aujourd’hui PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, rappelait en décembre dernier que pour 2024, les pays africains devront débourser selon les estimations quelque 160 milliards de dollars, au titre du service de ladite dette extérieure. En 2023, plus d'un cinquième des recettes fiscales de 25 pays en développement ont été consacrées au service de la dette extérieure, tandis que les coûts d'emprunt extrêmement élevés ont conduit des pays comptant au total quelque 3,3 milliards d'habitants - soit environ 40 % de la population mondiale - à dépenser davantage en paiements d'intérêts qu'en initiatives dans les domaines de la santé ou de l'éducation.
Ces chiffres illustrent un déséquilibre historique qui appelle une transformation profonde de la gouvernance financière internationale, afin de la rendre plus efficace, plus équitable et mieux adaptée au monde contemporain.
Dans cette perspective, un certain nombre d'engagements ont été pris à Paris en juin 2023, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. En plus de la transformation des institutions financières internationales, il est question d’une part, de l'Optimisation des financements existants et la mobilisation davantage de financements et d’autre part, l'accélération du traitement de la dette et la mobilisation des financements privés.
Sur ces cinq (5) domaines d’action, il faut le reconnaitre, le bilan d'étape de la mise en œuvre, est plutôt mitigée. Seuls deux de ces engagements ont connu une avancée notable, seize ont enregistré des progrès encourageants mais insuffisants, douze montrent des avancées mineures, et cinq n’ont enregistré aucun progrès, et pis ont connu une régression.
Le sentiment d’urgence exprimé dans les pays en développement, notamment ceux d'Afrique, émane de l'insuffisance des efforts déployés jusqu’ici pour faire face aux enjeux liés à la nécessité d’une réforme de l'architecture financière mondiale.
Bien que les déclarations politiques semblent reconnaître l’acuité d’une action rapide et coordonnée, force est de reconnaitre que la réalité des négociations donne une impression de discours ambivalent, qui suscite des inquiétudes parmi les premiers pays confrontés à la polycrise en cours.
Insoutenable
« Aucun exemple de l'échec de l'architecture financière internationale n'est plus flagrant que sa gestion de la dette. Les dernières années n'ont été rien de moins qu'un désastre pour la dette », avait déclaré le Secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres. Quotidiennement, les pays en développement et ceux émergents sont obligés de faire le terrible choix entre lutter contre la pauvreté, éduquer les nouvelles générations, financer la santé de leur population, investir dans leur transition climatique et énergétique, ou rembourser leur dette.
L’augmentation des paiements de la dette paralyse la capacité des gouvernements à fournir des services publics essentiels. Le service de la dette, y compris les paiements de la dette intérieure et extérieure, absorbe en moyenne 38% des recettes budgétaires et 30% des dépenses dans l’ensemble des pays du Sud.
En Afrique, ces chiffres atteignent 54% des recettes et 40% des dépenses, selon un rapport de Debt Service Watch. Ces chiffres représentent plus du double des niveaux auxquels étaient confrontés les pays à faible revenu avant l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM) des années 1990.
Par conséquent, il s’agit déjà de la pire crise de la dette que le monde ait jamais connue.
De ce point de vue, une typologie des faits, à l’échelle du continent, se dégagent de l’analyse des trajectoires d’endettement.
D’abord le fait que l’endettement constitue l’un des leviers principaux pour couvrir les besoins de financement du développement, malgré les efforts entrepris pour renforcer la mobilisation des ressources domestiques. Face à l’importance et à l’urgence de ces besoins de financement du développement, le profil des dettes publiques a considérablement évolué au cours de la décennie écoulée.
Il s’y ajoute ensuite, que sont venus s’ajouter aux bailleurs traditionnels, bilatéraux ou multilatéraux, de nouveaux créanciers issus de pays émergents ou du secteur financier privé, permettant de financer davantage de dépenses de développement. La montée en puissance de ces nouveaux créanciers contribue à modifier les structures des dettes publiques en Afrique : d’une part, en alourdissant le stock et le service de la dette et, d’autre part, en complexifiant l’analyse des déterminants des crises de la dette.
La soutenabilité de la dette de la plupart des pays d’Afrique s’est ainsi sensiblement dégradée au cours de la dernière décennie.
Le contexte actuel de vulnérabilités élevées liées à la dette, rappelle combien il est urgent d’intensifier la collaboration en tirant parti des domaines de compétences respectifs.
C’est en tout cas le constat général qui s’est dégagé, et la Banque mondiale (BM) ainsi que le Fonds Monétaire International (FMI), ont décidé d'approfondir leur soutien aux créanciers et débiteurs, qui participent à la restructuration de la dette et d'œuvrer davantage avec leurs partenaires, pour améliorer les processus de restructuration, y compris au sein du Cadre commun du désormais G21.
Vite, un traitement !
La situation implique la mise en œuvre de nouveaux modèles de financement du développement, qui atténuent l’exposition des pays emprunteurs aux chocs exogènes. C’est la condition nécessaire pour concilier les impératifs de financement du développement et de soutenabilité des dettes publiques.
Au-delà de cet ambitieux chantier, sur lequel la communauté internationale travaille depuis plusieurs années (comme en témoigne par exemple l’adoption par le G20 en 2017, de principes de financement soutenable), se pose la question du traitement des dettes publiques africaines à court terme.
Cette question est au cœur des réflexions actuelles sur l’architecture financière internationale et de ce point de vue, l’initiative de suspension du service de la dette et le cadre commun pour les traitements de la dette en sont les exemples les plus récents. L’intérêt manifesté par la Chine et la communauté des créanciers privés pour participer à ces exercices laissent penser que des progrès sont en cours. Toutefois, en l’absence de procédure formalisée, qui impliquerait un changement radical du paradigme de la coopération financière internationale, l’incertitude demeure quant à l’efficacité des solutions que propose actuellement la communauté internationale.
Tout au plus, promet-on, d’« amplifier» les travaux conjoints. Ceci afin d’éviter dit-on que les vulnérabilités liées à la dette s’accumulent, en aidant d’une part, les pays à renforcer la transparence et la gestion de la dette et les finances publiques, tout en améliorant, d’autre part, le cadre conjoint de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu, de façon à mieux tenir compte des défis du moment.
Etranglés par un service de la dette qui a capté 17% de la dépense publique en 2023, son niveau le plus élevé depuis 1999, et en hausse de plus de 50% par rapport à 2022, les pays africains exigent une réforme du système financier mondial.
En effet, l'iniquité des règles sur les marchés financiers internationaux est à la mesure des taux d'emprunt prohibitifs de 20% en moyenne qui leur sont imposés. Sur le marché des Eurobonds par exemple, les cotes de crédit faibles, les larges écarts de taux d'intérêt et les perceptions négatives des risques d'investissements, ont fini d'éroder les capacités des pays africains à faire face aux défis du développement.
Ainsi, près de 23 pays africains sont aujourd’hui en situation de crise de la dette, et trois d'entre eux ont fait défaut. Dans son dernier rapport 2024, la Banque mondiale révèle que les pays en développement ont déboursé un montant record de 1 400 milliards de dollars en 2023 au titre de la dette extérieure.
L’économiste sénégalais Daouda Sembene, ancien Conseiller à la présidence de la République du Sénégal, ancien administrateur au FMI et aujourd’hui PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, rappelait en décembre dernier que pour 2024, les pays africains devront débourser selon les estimations quelque 160 milliards de dollars, au titre du service de ladite dette extérieure. En 2023, plus d'un cinquième des recettes fiscales de 25 pays en développement ont été consacrées au service de la dette extérieure, tandis que les coûts d'emprunt extrêmement élevés ont conduit des pays comptant au total quelque 3,3 milliards d'habitants - soit environ 40 % de la population mondiale - à dépenser davantage en paiements d'intérêts qu'en initiatives dans les domaines de la santé ou de l'éducation.
Ces chiffres illustrent un déséquilibre historique qui appelle une transformation profonde de la gouvernance financière internationale, afin de la rendre plus efficace, plus équitable et mieux adaptée au monde contemporain.
Dans cette perspective, un certain nombre d'engagements ont été pris à Paris en juin 2023, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. En plus de la transformation des institutions financières internationales, il est question d’une part, de l'Optimisation des financements existants et la mobilisation davantage de financements et d’autre part, l'accélération du traitement de la dette et la mobilisation des financements privés.
Sur ces cinq (5) domaines d’action, il faut le reconnaitre, le bilan d'étape de la mise en œuvre, est plutôt mitigée. Seuls deux de ces engagements ont connu une avancée notable, seize ont enregistré des progrès encourageants mais insuffisants, douze montrent des avancées mineures, et cinq n’ont enregistré aucun progrès, et pis ont connu une régression.
Le sentiment d’urgence exprimé dans les pays en développement, notamment ceux d'Afrique, émane de l'insuffisance des efforts déployés jusqu’ici pour faire face aux enjeux liés à la nécessité d’une réforme de l'architecture financière mondiale.
Bien que les déclarations politiques semblent reconnaître l’acuité d’une action rapide et coordonnée, force est de reconnaitre que la réalité des négociations donne une impression de discours ambivalent, qui suscite des inquiétudes parmi les premiers pays confrontés à la polycrise en cours.
Insoutenable
« Aucun exemple de l'échec de l'architecture financière internationale n'est plus flagrant que sa gestion de la dette. Les dernières années n'ont été rien de moins qu'un désastre pour la dette », avait déclaré le Secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres. Quotidiennement, les pays en développement et ceux émergents sont obligés de faire le terrible choix entre lutter contre la pauvreté, éduquer les nouvelles générations, financer la santé de leur population, investir dans leur transition climatique et énergétique, ou rembourser leur dette.
L’augmentation des paiements de la dette paralyse la capacité des gouvernements à fournir des services publics essentiels. Le service de la dette, y compris les paiements de la dette intérieure et extérieure, absorbe en moyenne 38% des recettes budgétaires et 30% des dépenses dans l’ensemble des pays du Sud.
En Afrique, ces chiffres atteignent 54% des recettes et 40% des dépenses, selon un rapport de Debt Service Watch. Ces chiffres représentent plus du double des niveaux auxquels étaient confrontés les pays à faible revenu avant l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM) des années 1990.
Par conséquent, il s’agit déjà de la pire crise de la dette que le monde ait jamais connue.
De ce point de vue, une typologie des faits, à l’échelle du continent, se dégagent de l’analyse des trajectoires d’endettement.
D’abord le fait que l’endettement constitue l’un des leviers principaux pour couvrir les besoins de financement du développement, malgré les efforts entrepris pour renforcer la mobilisation des ressources domestiques. Face à l’importance et à l’urgence de ces besoins de financement du développement, le profil des dettes publiques a considérablement évolué au cours de la décennie écoulée.
Il s’y ajoute ensuite, que sont venus s’ajouter aux bailleurs traditionnels, bilatéraux ou multilatéraux, de nouveaux créanciers issus de pays émergents ou du secteur financier privé, permettant de financer davantage de dépenses de développement. La montée en puissance de ces nouveaux créanciers contribue à modifier les structures des dettes publiques en Afrique : d’une part, en alourdissant le stock et le service de la dette et, d’autre part, en complexifiant l’analyse des déterminants des crises de la dette.
La soutenabilité de la dette de la plupart des pays d’Afrique s’est ainsi sensiblement dégradée au cours de la dernière décennie.
Le contexte actuel de vulnérabilités élevées liées à la dette, rappelle combien il est urgent d’intensifier la collaboration en tirant parti des domaines de compétences respectifs.
C’est en tout cas le constat général qui s’est dégagé, et la Banque mondiale (BM) ainsi que le Fonds Monétaire International (FMI), ont décidé d'approfondir leur soutien aux créanciers et débiteurs, qui participent à la restructuration de la dette et d'œuvrer davantage avec leurs partenaires, pour améliorer les processus de restructuration, y compris au sein du Cadre commun du désormais G21.
Vite, un traitement !
La situation implique la mise en œuvre de nouveaux modèles de financement du développement, qui atténuent l’exposition des pays emprunteurs aux chocs exogènes. C’est la condition nécessaire pour concilier les impératifs de financement du développement et de soutenabilité des dettes publiques.
Au-delà de cet ambitieux chantier, sur lequel la communauté internationale travaille depuis plusieurs années (comme en témoigne par exemple l’adoption par le G20 en 2017, de principes de financement soutenable), se pose la question du traitement des dettes publiques africaines à court terme.
Cette question est au cœur des réflexions actuelles sur l’architecture financière internationale et de ce point de vue, l’initiative de suspension du service de la dette et le cadre commun pour les traitements de la dette en sont les exemples les plus récents. L’intérêt manifesté par la Chine et la communauté des créanciers privés pour participer à ces exercices laissent penser que des progrès sont en cours. Toutefois, en l’absence de procédure formalisée, qui impliquerait un changement radical du paradigme de la coopération financière internationale, l’incertitude demeure quant à l’efficacité des solutions que propose actuellement la communauté internationale.
Tout au plus, promet-on, d’« amplifier» les travaux conjoints. Ceci afin d’éviter dit-on que les vulnérabilités liées à la dette s’accumulent, en aidant d’une part, les pays à renforcer la transparence et la gestion de la dette et les finances publiques, tout en améliorant, d’autre part, le cadre conjoint de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu, de façon à mieux tenir compte des défis du moment.
Dites G21
Jusque-là, seule l’Afrique du Sud, avec un PIB de 405,9 milliards de dollars, était représentée au G20 qui regroupe les économies les plus puissantes du monde. Depuis 2023 à l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu les 9/10 septembre 2023 à New Delhi (Inde), le G20 est devenu G21 avec l’entrée de l’Union Africaine (UA) comme membre permanent du Groupe.
Une bonne nouvelle pour les pays en développement particulièrement africains. Il est permis d’espérer que les priorités de Pretoria pour sa présidence du G21, depuis décembre 2024, tourneront autour des questions relatives au renforcement de la résilience face aux catastrophes dues au changement climatique, mais aussi de la mobilisation de financements pour le passage à des énergies plus vertes et la lutte contre les niveaux insoutenables de la dette. L’entrée de l’Afrique au G20 traduit son importance au niveau des relations internationales, avec la possibilité, dans un proche avenir, qu’elle obtienne un siège permanent au conseil de sécurité.
Dans le cadre du désormais G21, l’Afrique est en droit d’espérer peser davantage sur l’agenda international, ce à quoi les pays du continent s’emploieront pour mieux faire entendre leur voix sur plusieurs sujets. Cependant, pas de quoi pavoiser.
En novembre 2025 déjà, Cyril Ramaphosa, le président Sud-Africain accueillera le sommet du Groupe et passera le témoin à Donald Trump. Certes les Etats Unis, les autres membres du G20, ont appuyé l’adhésion de l’Union africaine et lui ont accordé le statut de « membre permanent ». Seulement, le président américain est connu pour ses revirements et, depuis son retour à la tête du pays, il a très largement rompu avec les axes traditionnels de la politique américaine, bousculant les alliances historiques et les codes. Son credo : dans la pratique des relations internationales, il n’existe pas de sentiments mais que des intérêts. Qu’à cela ne tienne.
Jusque-là, seule l’Afrique du Sud, avec un PIB de 405,9 milliards de dollars, était représentée au G20 qui regroupe les économies les plus puissantes du monde. Depuis 2023 à l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu les 9/10 septembre 2023 à New Delhi (Inde), le G20 est devenu G21 avec l’entrée de l’Union Africaine (UA) comme membre permanent du Groupe.
Une bonne nouvelle pour les pays en développement particulièrement africains. Il est permis d’espérer que les priorités de Pretoria pour sa présidence du G21, depuis décembre 2024, tourneront autour des questions relatives au renforcement de la résilience face aux catastrophes dues au changement climatique, mais aussi de la mobilisation de financements pour le passage à des énergies plus vertes et la lutte contre les niveaux insoutenables de la dette. L’entrée de l’Afrique au G20 traduit son importance au niveau des relations internationales, avec la possibilité, dans un proche avenir, qu’elle obtienne un siège permanent au conseil de sécurité.
Dans le cadre du désormais G21, l’Afrique est en droit d’espérer peser davantage sur l’agenda international, ce à quoi les pays du continent s’emploieront pour mieux faire entendre leur voix sur plusieurs sujets. Cependant, pas de quoi pavoiser.
En novembre 2025 déjà, Cyril Ramaphosa, le président Sud-Africain accueillera le sommet du Groupe et passera le témoin à Donald Trump. Certes les Etats Unis, les autres membres du G20, ont appuyé l’adhésion de l’Union africaine et lui ont accordé le statut de « membre permanent ». Seulement, le président américain est connu pour ses revirements et, depuis son retour à la tête du pays, il a très largement rompu avec les axes traditionnels de la politique américaine, bousculant les alliances historiques et les codes. Son credo : dans la pratique des relations internationales, il n’existe pas de sentiments mais que des intérêts. Qu’à cela ne tienne.
Pour l’heure, l’Afrique du Sud déroule son mandat, et a d’ailleurs accueilli les 20 et 21 février 2025, la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui s’est déroulée à Johannesburg. La présidence sud-africaine du G21 a voulu marquer un tournant dans la prise en compte des enjeux africains au sein des grandes instances internationales.
Le rôle de l’expert sénégalais Daouda Sembene, PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, dans le panel organisé à cette occasion, témoigne de la reconnaissance de l’expertise sénégalaise et africaine en matière de politiques économiques et de développement. En effet, le panel visait, entre autres, à proposer des stratégies pour alléger le fardeau de la dette africaine d’une part, et d’autre part, à assurer une meilleure représentation des intérêts du continent au sein du G21, et enfin à renforcer la coordination entre l’Union Africaine et la présidence sud-africaine du G21. Pour peu, cette mobilisation africaine au sein du G21 débouchera sur des mesures concrètes pour alléger la pression de la dette et stimuler une croissance durable sur le continent...
Tous sauf commun
Sur 73 pays en développement éligibles à la procédure, seuls quatre pays ont demandé un traitement de leur dette au titre du Cadre commun, depuis 2020. Cherchez l’erreur…
Lancé en novembre 2020 pour aider les pays les plus endettés à régler les situations d’insolvabilité et les problèmes persistants de liquidité, le Cadre commun permet une coordination de tous les créanciers, du Club de Paris, du G21, ainsi que des créanciers privés.
Au total , outre le Tchad qui s’est par la suite retiré en novembre 2022, la Zambie, après l’annonce, lors du Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial en 2023, a depuis concrétisé un accord sur la restructuration de sa dette avec ses créditeurs, en signant un Memorandum of Understanding pour la restructuration d’environ 6,3 milliards de dollars de dette ; en août de la même année. Par ailleurs, la Chine a accepté de suspendre le remboursement de la dette éthiopienne jusqu’en juillet 2024, et les négociations pour un traitement de sa dette sont toujours en cours. En revanche s’agissant du Ghana, les négociations entre le comité des créanciers officiels et les autorités ghanéennes pour parvenir à un accord sur les modalités de la restructuration de sa dette ont abouti. Mais à quel prix !
Comme le rappelle Daouda Sembene, Expert et PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, « Cinq ans après, le bilan du Cadre commun est plutôt mitigé et depuis sa mise sur pied, seulement trois pays africains, la Zambie, le Ghana et l’Ethiopie, ont eu à solliciter une restructuration de dette dans ce cadre » (lire l’interview avec Daouda Sembene Px ).
Le problème avec le cadre commun, toujours selon M. Sembene, « est relatif à la lenteur du processus. Par exemple, si on prend le cas de la Zambie, ce pays a dû attendre quatre ans pour compléter ses efforts de restructuration de sa dette. Ça c’est un véritable problème pour un pays confronté à des difficultés pour satisfaire ses besoins prioritaires », analyse-t-il. Fort heureusement, un certain progrès est noté à ce niveau depuis la table ronde mondiale sur la dette souveraine, lancée en février 2023 et qui a rassemblé des créanciers publics, privés, multilatéraux, et des pays emprunteurs. Les délais seraient légèrement raccourcis et les processus auraient été un peu plus fluidifiés.
En réalité, le peu d’intérêt accordé au Cadre commun serait dû à certaines exigences notamment l’obligation du pays demandeur de satisfaire le principe d’un traitement équitable des créanciers officiels et privés et bien sûr, cela complique les choses. Qu’en est-il alors des pays non éligibles au Cadre commun mais dont la situation d’endettement requiert un traitement, tels que le Suriname ou le Sri Lanka ? Ce dernier a, en tout cas, pu restructurer complètement sa dette en dehors du cadre commun. C’est dire…
Clairement, pour un système plus juste, il s’agit concrètement d’apporter à court et moyen termes, des solutions pour répondre aux besoins en matière de liquidités, par exemple via un rééchelonnement des maturités car, il est reconnu que ce sont les coûts de financement actuels qui rendent le service de la dette difficilement soutenable pour de nombreux pays, entraînant des problèmes de liquidité, avec un pic attendu en 2024-2025. Il convient en outre d’améliorer les contrats de dette, en mettant en place des instruments financiers, qui établissent un lien entre le service de la dette et les conditions économiques dans lesquelles les chocs non économiques pourraient réduire la probabilité de crises futures. De plus, les prêteurs devraient systématiquement prévoir des clauses de force majeure et des clauses conditionnelles, qui déclenchent l’allégement du service de la dette en cas de chocs extérieurs, tels qu’une catastrophe ou une pandémie.
Réformes cosmétiques
La représentation des pays en développement est demeurée généralement inchangée ces dernières années au sein des institutions financières internationales, des banques régionales de développement et des organismes de normalisation. Les gouvernements des plus grands pays développés continuent de détenir un droit de veto dans les organes de décision de ces institutions et les modifications concernant le droit de vote dans les institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international figurent parmi les réformes du dispositif de gouvernance mondial les plus âprement contestées.
Tout au moins, le G20 a-t-il accueilli l’Union africaine en tant que nouveau membre permanent ; le FMI a proposé de créer un 25e siège au sein de son Conseil d’administration, en accordant ainsi un troisième au continent africain. Cependant, l’accès aux ressources du FMI reste lié aux quotes-parts. Or, la proportion des quotes-parts des économies émergentes et en développement est de moins en moins représentative de leur place dans l’économie mondiale. Le Conseil d’administration du FMI a proposé au Conseil des gouverneurs une augmentation des quotes-parts de 50 %, répartie entre les membres au prorata de leurs quotes-parts actuels. Les discussions sur une éventuelle révision de la distribution des quotes-parts sont d'ailleurs prévues cette année 2025, lors de la 17e révision générale des quotes-parts. Ces réformes cosmétiques réveillent les voix africaines qui plaident pour la dissociation des quotes-parts de l’accès aux ressources, pour faire en sorte que l’accès aux ressources soit déterminé à la fois en fonction des revenus et des vulnérabilités, au moyen d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel ou d’indicateurs allant au-delà du Produit intérieur brut (PIB).
Ce PIB, justement, devrait constituer un des chantiers de la réforme en intégrant les richesses naturelles dans le calcul du PIB des États africains, ainsi qu’en avait appelé le président de la Banque africaine de développement (BAD), Dr. Akinwumi Adesina, soutenu par le président du Kenya, William Ruto, à la tribune des Assemblées annuelles de la Bad tenue l’année dernière à Naïrobi (Kenya). Le président kenyan soutenait alors que « Cela entraînerait pour 20% à 30% de plus de PIB et nous permettrait d'aller sur les marchés internationaux avec un autre profil ».
Davantage de ressources
Le défi de mobilisation de ressources financières additionnelles pour les pays en développement est un impératif pour l’Afrique, qui en manque « cruellement » notamment pour pouvoir faire face à toutes sortes d’autres défis. En témoigne celui de la « Covid long » pendant laquelle le continent n’avait pu mobiliser que 83 milliards de dollars (3% de son Pib) pour aider son économie à se relever de ce choc, là où les pays riches ont pu mobiliser 19 000 milliards de dollars soit 18% du Pib mondial.
L'approbation récente par le Conseil d'administration du Fonds Monétaire International d’une proposition développée conjointement par la BAD et la Banque Inter-américaine de Développement, en faveur de l'utilisation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) comme capital hybride, est certes, un progrès. Toutefois, les politiques du FMI en matière de DTS (Droits de tirage spéciaux) devraient être moins discrétionnaires et davantage fondées sur des règles et des analyses. En tout cas, « Si la limite approuvée de 20 milliards de DTS est acheminée vers les banques multilatérales de développement comme la nôtre, nous pourrons fournir au moins 80 milliards de dollars de nouveaux soutiens financiers", avait déclaré Dr. Akinwumi Adesina, président de la BAD, appelant tous les actionnaires à soutenir cette vision.
Par ailleurs, l’horizon de prêt et les perspectives du FMI concernant les « problèmes de balance des paiements » devraient donner la priorité au long terme.
Troisièmement, le FMI doit travailler plus assidûment pour corriger les inégalités structurelles dans l’architecture financière mondiale, en accordant une plus grande représentation aux pays à revenu faible et moyen et en s’attaquant de manière plus proactive aux problèmes qui les affectent.
Enfin, le FMI devrait harmoniser l’ensemble de son engagement, y compris ses instruments de politique et de prêt. Il doit pouvoir catalyser la mobilisation de sources de financement supplémentaires, et favoriser une collaboration plus étroite avec la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement (BMD). C’est tout ce que demandent les parents pauvres du système dont le plaidoyer, par la voix du président de la Banque Africaine de développement, Dr. Akinwumi ADESINA, lors des dernières Assemblées annuelles de l’institution, en mai 2024 à Naïrobi (Kenya), déclarait : « Pour que l'architecture financière multilatérale soit plus efficace, il est nécessaire de mobiliser davantage de financements privés pour le développement et de s'attaquer de manière décisive au changement climatique.»
La promesse de Paris
« Le 4P offre une occasion historique à la communauté internationale de travailler ensemble dans une approche consensuelle pour relever les défis du développement, dans l’équité et l'inclusion, y compris par la réforme de l'architecture financière internationale, tout en protégeant notre planète », dixit Macky Sall, alors président de la République du Sénégal et Envoyé Spécial 4P à partir de janvier 2024. Comme son nom l'indique, le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), fondé en juin 2023 lors du Sommet de Paris pour un Nouveau Pacte financier mondial, est un acte consensuel qui comporte une série d'engagements de la communauté internationale visant à réformer, en profondeur, l’architecture financière internationale, pour plus d’équité dans la mobilisation et la répartition des ressources. Les enjeux sont tels qu'en décembre 2023, déjà, quelque 42 États l'avaient formellement endossé et se sont mobilisés en faveur des réformes identifiées six mois auparavant, à Paris. En février 2025, ils étaient 69 pays aux profils variés (économies développées, grands émergents, pays en développement ou très exposés au risque climatique) à rallier le Pacte. La mise en œuvre des actions concrètes a suscité la mise en place d'un comité de suivi institutionnel, constitué pour rendre compte et accélérer l’opérationnalisation des différents engagements inscrits dans le «4P». Finalement, parmi ces engagements identifiés, deux ont connu une avancée notable, seize ont enregistré des progrès encourageants mais insuffisants, douze montrent des avancées mineures, et cinq n’ont enregistré aucun progrès, voire ont connu une régression. L'année 2025 constitue un bilan d'étape.
Sources : Banque Africaine de développement (BAD) ; Le Monde ; European Network on Debt and Development (EURODAD) ; https://www.africainvestmentforum.com/
Lejecos Magazine (Mai 2025)
Le rôle de l’expert sénégalais Daouda Sembene, PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, dans le panel organisé à cette occasion, témoigne de la reconnaissance de l’expertise sénégalaise et africaine en matière de politiques économiques et de développement. En effet, le panel visait, entre autres, à proposer des stratégies pour alléger le fardeau de la dette africaine d’une part, et d’autre part, à assurer une meilleure représentation des intérêts du continent au sein du G21, et enfin à renforcer la coordination entre l’Union Africaine et la présidence sud-africaine du G21. Pour peu, cette mobilisation africaine au sein du G21 débouchera sur des mesures concrètes pour alléger la pression de la dette et stimuler une croissance durable sur le continent...
Tous sauf commun
Sur 73 pays en développement éligibles à la procédure, seuls quatre pays ont demandé un traitement de leur dette au titre du Cadre commun, depuis 2020. Cherchez l’erreur…
Lancé en novembre 2020 pour aider les pays les plus endettés à régler les situations d’insolvabilité et les problèmes persistants de liquidité, le Cadre commun permet une coordination de tous les créanciers, du Club de Paris, du G21, ainsi que des créanciers privés.
Au total , outre le Tchad qui s’est par la suite retiré en novembre 2022, la Zambie, après l’annonce, lors du Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial en 2023, a depuis concrétisé un accord sur la restructuration de sa dette avec ses créditeurs, en signant un Memorandum of Understanding pour la restructuration d’environ 6,3 milliards de dollars de dette ; en août de la même année. Par ailleurs, la Chine a accepté de suspendre le remboursement de la dette éthiopienne jusqu’en juillet 2024, et les négociations pour un traitement de sa dette sont toujours en cours. En revanche s’agissant du Ghana, les négociations entre le comité des créanciers officiels et les autorités ghanéennes pour parvenir à un accord sur les modalités de la restructuration de sa dette ont abouti. Mais à quel prix !
Comme le rappelle Daouda Sembene, Expert et PDG d’Africatalyst Global Development Advisory, « Cinq ans après, le bilan du Cadre commun est plutôt mitigé et depuis sa mise sur pied, seulement trois pays africains, la Zambie, le Ghana et l’Ethiopie, ont eu à solliciter une restructuration de dette dans ce cadre » (lire l’interview avec Daouda Sembene Px ).
Le problème avec le cadre commun, toujours selon M. Sembene, « est relatif à la lenteur du processus. Par exemple, si on prend le cas de la Zambie, ce pays a dû attendre quatre ans pour compléter ses efforts de restructuration de sa dette. Ça c’est un véritable problème pour un pays confronté à des difficultés pour satisfaire ses besoins prioritaires », analyse-t-il. Fort heureusement, un certain progrès est noté à ce niveau depuis la table ronde mondiale sur la dette souveraine, lancée en février 2023 et qui a rassemblé des créanciers publics, privés, multilatéraux, et des pays emprunteurs. Les délais seraient légèrement raccourcis et les processus auraient été un peu plus fluidifiés.
En réalité, le peu d’intérêt accordé au Cadre commun serait dû à certaines exigences notamment l’obligation du pays demandeur de satisfaire le principe d’un traitement équitable des créanciers officiels et privés et bien sûr, cela complique les choses. Qu’en est-il alors des pays non éligibles au Cadre commun mais dont la situation d’endettement requiert un traitement, tels que le Suriname ou le Sri Lanka ? Ce dernier a, en tout cas, pu restructurer complètement sa dette en dehors du cadre commun. C’est dire…
Clairement, pour un système plus juste, il s’agit concrètement d’apporter à court et moyen termes, des solutions pour répondre aux besoins en matière de liquidités, par exemple via un rééchelonnement des maturités car, il est reconnu que ce sont les coûts de financement actuels qui rendent le service de la dette difficilement soutenable pour de nombreux pays, entraînant des problèmes de liquidité, avec un pic attendu en 2024-2025. Il convient en outre d’améliorer les contrats de dette, en mettant en place des instruments financiers, qui établissent un lien entre le service de la dette et les conditions économiques dans lesquelles les chocs non économiques pourraient réduire la probabilité de crises futures. De plus, les prêteurs devraient systématiquement prévoir des clauses de force majeure et des clauses conditionnelles, qui déclenchent l’allégement du service de la dette en cas de chocs extérieurs, tels qu’une catastrophe ou une pandémie.
Réformes cosmétiques
La représentation des pays en développement est demeurée généralement inchangée ces dernières années au sein des institutions financières internationales, des banques régionales de développement et des organismes de normalisation. Les gouvernements des plus grands pays développés continuent de détenir un droit de veto dans les organes de décision de ces institutions et les modifications concernant le droit de vote dans les institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international figurent parmi les réformes du dispositif de gouvernance mondial les plus âprement contestées.
Tout au moins, le G20 a-t-il accueilli l’Union africaine en tant que nouveau membre permanent ; le FMI a proposé de créer un 25e siège au sein de son Conseil d’administration, en accordant ainsi un troisième au continent africain. Cependant, l’accès aux ressources du FMI reste lié aux quotes-parts. Or, la proportion des quotes-parts des économies émergentes et en développement est de moins en moins représentative de leur place dans l’économie mondiale. Le Conseil d’administration du FMI a proposé au Conseil des gouverneurs une augmentation des quotes-parts de 50 %, répartie entre les membres au prorata de leurs quotes-parts actuels. Les discussions sur une éventuelle révision de la distribution des quotes-parts sont d'ailleurs prévues cette année 2025, lors de la 17e révision générale des quotes-parts. Ces réformes cosmétiques réveillent les voix africaines qui plaident pour la dissociation des quotes-parts de l’accès aux ressources, pour faire en sorte que l’accès aux ressources soit déterminé à la fois en fonction des revenus et des vulnérabilités, au moyen d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel ou d’indicateurs allant au-delà du Produit intérieur brut (PIB).
Ce PIB, justement, devrait constituer un des chantiers de la réforme en intégrant les richesses naturelles dans le calcul du PIB des États africains, ainsi qu’en avait appelé le président de la Banque africaine de développement (BAD), Dr. Akinwumi Adesina, soutenu par le président du Kenya, William Ruto, à la tribune des Assemblées annuelles de la Bad tenue l’année dernière à Naïrobi (Kenya). Le président kenyan soutenait alors que « Cela entraînerait pour 20% à 30% de plus de PIB et nous permettrait d'aller sur les marchés internationaux avec un autre profil ».
Davantage de ressources
Le défi de mobilisation de ressources financières additionnelles pour les pays en développement est un impératif pour l’Afrique, qui en manque « cruellement » notamment pour pouvoir faire face à toutes sortes d’autres défis. En témoigne celui de la « Covid long » pendant laquelle le continent n’avait pu mobiliser que 83 milliards de dollars (3% de son Pib) pour aider son économie à se relever de ce choc, là où les pays riches ont pu mobiliser 19 000 milliards de dollars soit 18% du Pib mondial.
L'approbation récente par le Conseil d'administration du Fonds Monétaire International d’une proposition développée conjointement par la BAD et la Banque Inter-américaine de Développement, en faveur de l'utilisation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) comme capital hybride, est certes, un progrès. Toutefois, les politiques du FMI en matière de DTS (Droits de tirage spéciaux) devraient être moins discrétionnaires et davantage fondées sur des règles et des analyses. En tout cas, « Si la limite approuvée de 20 milliards de DTS est acheminée vers les banques multilatérales de développement comme la nôtre, nous pourrons fournir au moins 80 milliards de dollars de nouveaux soutiens financiers", avait déclaré Dr. Akinwumi Adesina, président de la BAD, appelant tous les actionnaires à soutenir cette vision.
Par ailleurs, l’horizon de prêt et les perspectives du FMI concernant les « problèmes de balance des paiements » devraient donner la priorité au long terme.
Troisièmement, le FMI doit travailler plus assidûment pour corriger les inégalités structurelles dans l’architecture financière mondiale, en accordant une plus grande représentation aux pays à revenu faible et moyen et en s’attaquant de manière plus proactive aux problèmes qui les affectent.
Enfin, le FMI devrait harmoniser l’ensemble de son engagement, y compris ses instruments de politique et de prêt. Il doit pouvoir catalyser la mobilisation de sources de financement supplémentaires, et favoriser une collaboration plus étroite avec la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement (BMD). C’est tout ce que demandent les parents pauvres du système dont le plaidoyer, par la voix du président de la Banque Africaine de développement, Dr. Akinwumi ADESINA, lors des dernières Assemblées annuelles de l’institution, en mai 2024 à Naïrobi (Kenya), déclarait : « Pour que l'architecture financière multilatérale soit plus efficace, il est nécessaire de mobiliser davantage de financements privés pour le développement et de s'attaquer de manière décisive au changement climatique.»
La promesse de Paris
« Le 4P offre une occasion historique à la communauté internationale de travailler ensemble dans une approche consensuelle pour relever les défis du développement, dans l’équité et l'inclusion, y compris par la réforme de l'architecture financière internationale, tout en protégeant notre planète », dixit Macky Sall, alors président de la République du Sénégal et Envoyé Spécial 4P à partir de janvier 2024. Comme son nom l'indique, le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), fondé en juin 2023 lors du Sommet de Paris pour un Nouveau Pacte financier mondial, est un acte consensuel qui comporte une série d'engagements de la communauté internationale visant à réformer, en profondeur, l’architecture financière internationale, pour plus d’équité dans la mobilisation et la répartition des ressources. Les enjeux sont tels qu'en décembre 2023, déjà, quelque 42 États l'avaient formellement endossé et se sont mobilisés en faveur des réformes identifiées six mois auparavant, à Paris. En février 2025, ils étaient 69 pays aux profils variés (économies développées, grands émergents, pays en développement ou très exposés au risque climatique) à rallier le Pacte. La mise en œuvre des actions concrètes a suscité la mise en place d'un comité de suivi institutionnel, constitué pour rendre compte et accélérer l’opérationnalisation des différents engagements inscrits dans le «4P». Finalement, parmi ces engagements identifiés, deux ont connu une avancée notable, seize ont enregistré des progrès encourageants mais insuffisants, douze montrent des avancées mineures, et cinq n’ont enregistré aucun progrès, voire ont connu une régression. L'année 2025 constitue un bilan d'étape.
Sources : Banque Africaine de développement (BAD) ; Le Monde ; European Network on Debt and Development (EURODAD) ; https://www.africainvestmentforum.com/
Lejecos Magazine (Mai 2025)