RAPPORT ANNUEL DU POLICY CENTER FOR THE NEW SOUTH: Un cap africain face aux incertitudes mondiales

Jeudi 17 Juillet 2025

Tendances macroéconomiques, évolution des communautés économiques régionales et défis liés à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Ce sont les trois piliers autour desquels s’articule le rapport annuel 2025 du Think tank Policy Center for the New South (PCNS) sur l’économie de l’Afrique, présenté dans le cadre de la 3 ème édition du Symposium économique africain (AES) qui s’est tenu les 14 et 15 juillet derniers à Rabat (Maroc).


De gauche à droite,  M. Sampawende Tapsoba, Mohamed Mikou , Mme Mma Amara Ekeruche, Larabi Jaidi, Éric Tévoedjré et   Abdelaaziz Aït Ali
De gauche à droite, M. Sampawende Tapsoba, Mohamed Mikou , Mme Mma Amara Ekeruche, Larabi Jaidi, Éric Tévoedjré et Abdelaaziz Aït Ali
Comment la région africaine poursuit-elle l’ambition et l’accélération de l’intégration continentale en dépit des effets de la fragmentation mondiale ? Sous le prisme des Tendances macroéconomiques, l’évolution des communautés économiques régionales et les défis liés à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), la sixième édition du rapport annuel 2025 du Policy Center for the New South (PCNS) sur l’économie africaine, présenté le 15 juillet dernier à Rabat (Maroc) dans le cadre de la 3 ème édition du Symposium économique africain (AES), tente d’apporter des faisceaux d’éclairage sur les processus en cours dans la région.

Plus qu’un aperçu annuel de la trajectoire économique africaine, le rapport du Policy Center For The New South (PCNS) sur l’économie africaine est le fruit d’une collaboration à travers les continents et qui fait partie d’un vaste effort intellectuel et politique pour proposer, une fois n’est pas coutume, le récit africain afin de nuancer le regard extérieur souvent biaisé. Au cours de la session animée par Abdelaaziz Aït Ali, Chef économiste, responsable du département Recherche au PCNS, cinq experts qui ont pris part à l’élaboration du document, ont confronté leurs analyses pour dresser les priorités du continent face aux mutations mondiales et aux défis structurels.

Dans une analyse approfondie des perspectives d’industrialisation dans l’espace CEDEAO, Éric Tévoedjré, Professeur adjoint à l’Université catholique de Lille, a passé en revue les défis qui se présentent à cette communauté, parmi lesquels, les difficultés énergétiques dans la Cedeao qui ont motivé la création du West african power pool(WAPP) dont l’objectif est justement d’intégrer les systèmes énergétiques des pays membres, dans le cadre d’un marché régional de l’électricité. “L’insuffisance de coordination entre les États, conjuguée à une alimentation électrique encore instable, freine la mise en place de stratégies industrielles cohérentes à l’échelle sous-régionale », a-t-il estimé.  

La dimension financière de l’intégration régionale, point fondamental qui a été évoqué en filigrane lors de plusieurs interventions du symposium, recouvre plusieurs aspects qui se renforcent mutuellement. Mohammed Mikou, chef du service de la recherche financière à Bank Al-Maghrib, a voulu voir le verre à moitié plein en évoquant deux initiatives monétaires majeures dans la région Ecowas dont la première concerne l’Eco-devise qui, a-t-il rappelé, « a pour ambition de mettre en œuvre une devise unique pour la région afin d’améliorer la convergence macroéconomique, et de faciliter les transactions commerciales ». Il a également exposé le potentiel des monnaies numériques de banque centrale (CBDC) qui, a-t-il rappelé, vise à favoriser l’inclusion financière, réduire les coûts des transferts encore très élevés en Afrique, et renforcer la culture digitale. Cependant, s’il perçoit dans ces dispositifs un levier pour des échanges intra-africains plus fluides, il met tout de même en garde contre les risques liés à la désintermédiation bancaire.
 
Le paradoxe
 
Chercheur principal au PCNS, Larabi Jaidi, voit le même verre à moitié plein en évoquant les évolutions institutionnelles et géopolitiques en cours au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Toutefois, ce n’est pas sans rappeler la complexité des dynamiques régionales et la diversité des appartenances au sein des communautés économiques, comme la CEDEAO, même si, ajoute-t-il, « l’Afrique poursuit son engagement vers l’unité économique, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) qui incarne cette ambition à travers des protocoles sur les services, l’investissement et les marchés publics. »

M. Jaidi n’a pas manqué de souligner ce qu’il appelle « Le paradoxe de la fragmentation régionale à l’heure de l’intégration continentale » et qui fait référence à l’avenir des communautés économiques régionales au sein de la Zlecaf présentée comme le grand projet intégrateur du XXIe siècle africain. Une problématique qui évoque les tensions entre dynamiques régionales (par blocs) et continentales (comme la ZLECAf) et qui est de nature à gêner le processus d’intégration régionale.

Cette tension entre ambition continentale et logiques sous-régionales pose la question d’une cohérence économique et institutionnelle à construire, d’autant plus que l’Afrique compte 8 CER reconnues par l’Union africaine : CEDEAO, CEMAC, SADC, COMESA, UMA, EAC, IGAD avec, en toile de fond, la Communauté des États sahélo-sahariens. Or, ces blocs sont inégalement avancés dans leur processus d'intégration économique. D’où la nécessité de clarifier les rôles entre CER et ZLECAf pour éviter les doublons ou conflits de normes.
Rappelons que les cinq experts dont Mme Mma Amara Ekeruche, Chercheuse principal au Centre for the Study of the Economies of Africa basé à Abuja au Nigéria et M. Sampawende Tapsoba, Deputy chief Economist and Director of Data Management Afreximbank, sont auteurs de cinq rapports avec plus de 42 chapitres et plus de 50 contributeurs.

La publication du rapport annuel par le PCNS qui défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant ; qui définit ses propres narratifs, s’inscrit dans sa mission stratégique en tant que think tank panafricain et méditerranéen, définie autour de plusieurs axes essentiels : Contribuer à une réflexion politique fondée sur les preuves ; Placer l’Afrique au cœur du débat géopolitique ; Structurer les savoirs et renforcer la crédibilité.  
 Malick NDAW
Actu-Economie


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