MARKET DAYS 2025 DE L’AFRICA INVESTMENT FORUM : Après 29 Md $ de promesses, l’heure du bilan réel

Mardi 25 Novembre 2025

Ce 26 novembre 2025, la Banque africaine de développement (AfDB) ouvre, pour la deuxième édition consécutive à Rabat (Maroc), les portes de l’Africa Investment Forum (AIF). Un rendez-vous désormais incontournable, qui ambitionne de rapprocher les investisseurs mondiaux des opportunités de développement en Afrique. Mais si l’édition 2024, avait engendré des chiffres impressionnants (29,2 à 29,5 milliards US$ d’intérêts exprimés), combien de ces promesses se transformeront en investissements concrets ?


Depuis son lancement en 2018, l'AIF a accumulé des annonces impressionnantes : les résultats Cumulés (2018-2023) font état d’une mobilisation de plus de 170 milliards de dollars d'intentions d'investissement à travers ses "Deal Rooms" (chambres de transaction).

La grande force de l’Africa Investment Forum (AIF 2024) fut de mobiliser une vraie audience de deal-makers. Selon la Banque Africaine de développement (BAD), initiatrice de l’évènement, les Market Days ont généré des discussions autour de 29,2 à 29,5 milliards US$ d’opportunités d’investissement, après trois jours de réunions en boardrooms.

Un résultat alors abondamment commenté par les organisateurs comme un signe d’intérêt renforcé pour des projets africains bancables. Autrement dit : un pipeline très large de projets pour lesquels des investisseurs ont manifesté de l’intérêt. Ce montant est l’une des clefs de lecture du prestige croissant de l’événement.

Les projets présentés ont porté massivement sur les infrastructures (transport, ports, logistique), l’énergie (y compris renouvelables et gaz), agri-value chain, data centres et l’économie numérique, santé et industrie. La transition verte et la finance climat figuraient en bonne place, avec des co-financements et instruments mixtes à l’ordre du jour.

Mais il convient de rappeler que ces 29 milliards ne sont pas des engagements fermes, ni des capitaux déjà déboursés. Il s’agit d’“investor interest” — un niveau de maturité très variable selon les dossiers. Certains projets sont prêts à être signés bientôt, d’autres restent à l’étude, d'autres enfin pourraient ne jamais se matérialiser. La BAD, elle-même, avait annoncé à l’issue du Forum, 37 “deals prêts”, ce qui donne une idée plus pragmatique du volume opérationnel : des transactions identifiées comme suffisamment mûres pour envisager un closing à moyen terme.

Autre indicateur : le nombre de projets présentés. Les organisateurs ont mis en avant près de 40 milliards US$ d’opportunités économiques proposées dans les sessions boardrooms. Cela montre non seulement l’ambition des porteurs de projets, mais aussi l’appétit des investisseurs pour des actifs africains diversifiés : énergie, infrastructure, industrie, numérique, santé, agro-processing.

Sur la participation, l’édition 2024 avait attiré environ 1 700 investisseurs, issus de plus de 200 institutions et provenant d’une soixantaine de pays. Cette diversité géographique et institutionnelle témoigne de la légitimité grandissante de l’AIF comme place de marché d’influence.
 
Cosmétique ou véritable catalyseur

Plusieurs annonces avaient retenu l’attention : par exemple, un co-financement entre la BAD et l’Italie (à travers la CDP) d’environ €400 millions (420 M US$), destiné à des projets climat, agriculture et éducation. Cet accord montre la capacité de l’AIF à catalyser des fonds publics et privés vers des projets à impact. (Référence : Reuters).

Mais certaines critiques pointent que l’AIF 2024 reste un événement “market sentiment plus qu’un véritable catalyseur d’investissements immédiats : la proportion d’investisseurs “intéressés” mais non encore engagée reste élevée ; le processus de “closing” réel peut prendre des mois, voire des années ; le risque, pour certains deals, est que l’intérêt exprimé ne soit qu’une “préqualification” sans engagement ferme.

En outre, certains projets présentés manquaient de garanties solides ou de structuration financière suffisamment avancée, ce qui pourrait ralentir leur conversion effective.
 
 
Le critère de succès le plus rigoureux

À l’aube de la présente édition, plusieurs enjeux pèsent : Transformer l’intérêt en capital concret : La mesure du succès de l’AIF ne sera pas tant le montant des “intentions”, mais le volume de fonds réellement décaissés, signé et mis en œuvre. Suivre les “ready deals” de 2024 sera un indicateur clé ; Focus sur les deals bancables et durables : L’AIF peut renforcer sa crédibilité en orientant davantage ses sessions boardroom vers des projets ayant des plans de financement solides, des garanties de durabilité, et un fort ancrage local.
Pour éviter que l’AIF ne devienne un salon de “promesses creuses”, la Bad et ses partenaires doivent systématiser le suivi post-forum : comité de suivi, reporting trimestriel sur les closings, transparence sur les montants réellement investis.

Le Taux de Clôture (Closing Rate) est le critère de succès le plus rigoureux. Le pourcentage de ces intentions qui se traduit effectivement par une clôture financière et un décaissement (le closing) est le véritable indicateur de l'efficacité de l'AIF. La BAD communique un taux de clôture progressif qui est généralement inférieur à 25% du montant total annoncé. Par exemple, sur les 37 milliards de dollars annoncés en 2024, seule une fraction serait effectivement injectée dans les projets dans les années suivantes.

Malgré la décote entre l'intention et la clôture, l'AIF remplit une fonction vitale : accélérateur de Projets et catalyseur de Cofinancement. 

Au-delà des gros fonds internationaux, l’édition 2025 devrait donner plus de place aux fonds souverains africains, aux banques de développement régionales et aux investisseurs africains. Cela renforcerait l’appropriation locale des projets. Après tout, l’objectif de la BAD et de ses partenaires est d’accélérer la concrétisation d’investissements à travers des sessions de présentation (“boardrooms”) où les projets sont évalués et financés.

Malick NDAW
Actu-Economie

La rédaction

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