La Chine libéralise son système bancaire... pas de quoi s'enflammer

Vendredi 26 Juillet 2013

La banque centrale chinoise permet depuis samedi aux banques du pays de fixer librement leurs taux en matière de crédit. Cette évolution va dans le sens d'une libéralisation du système bancaire promise par Pékin. Mais elle risque d'accentuer les déséquilibres de l'économie du pays sans pour autant avoir les effets bénéfiques escomptés.


La Chine libéralise son système bancaire... pas de quoi s'enflammer
Une révolution ? Plutôt un symbole... à haut risque. Depuis samedi, les banques ont été autorisées par la banque centrale chinoise (PBOC) à fixer librement les taux qu'elles pratiquent en matière d'emprunt. C'est un pas important vers la libéralisation d'un système bancaire sur lequel Pékin a encore largement la main. Il y a un an encore, les banques ne pouvaient pas prêter à un taux inférieur au niveau de référence fixé par l'autorité monétaire. Mais le ralentissement de la croissance du pays, qui menace d'atteindre son plus bas niveau depuis vingt ans cette année, pousse les dirigeants chinois aux réformes.
Le contrôle des taux de crédit a créé d'importants déséquilibres
En laissant les banques choisir leurs taux de crédit librement, la PBOC espère, grâce à la concurrence, faire baisser les taux pour favoriser l'investissement et permettre une meilleure allocation des ressources. Ce système qui prévalait jusqu'ici a eu pour effet de maintenir une situation de rente pour les banques qui se contentaient alors de prêter aux grosses entreprises, majoritairement détenues par l'État ou les gouvernements locaux et responsables de grands projets. Si cette stratégie a permis à la Chine de maintenir un taux de croissance élevé après la crise de 2008, elle a aussi causé de nombreux déséquilibres qui inquiètent de plus en plus investisseurs et économistes quant à la bonne santé financière de la deuxième économie mondiale. Car l'approvisionnement en crédit des entreprises publiques, en charge des projets d'infrastructures, s'est fait au détriment des entreprises privées qui auraient pu investir dans l'appareil industriel du pays pour garantir sa compétitivité.
Mais les fixer librement risque de les accentuer
Le problème, c'est qu'il n'est pas évident, selon les analystes, que cette liberté dans la fixation des taux de crédit bénéficie réellement à l'économie chinoise. L'autorisation de prêter à un taux inférieur de 30% au niveau de référence décidé il y a un an n'a eu aucun effet positif sur les taux. Selon les données fournies par la PBOC, moins de 12% des prêts actuellement accordés le sont à un taux inférieur au niveau de référence.  Et quand bien même cela serait le cas, un abaissement des taux de crédit en Chine ne pourrait avoir pour effet que de renforcer des déséquilibres déjà criants. Car les banques du pays sont réticentes à prêter aux petites entreprises et aux entreprises privées. Dans un contexte de ralentissement généralisé, elles préfèrent s'engager auprès d'entreprises publiques qui offrent la garantie de l'État, plutôt qu'à des entreprises qui présentent un risque de défaut.
L'endettement dans le pays pose question
Cette frilosité des banques peut s'expliquer, sur le plan purement financier, par une exposition au risque de défaut qui s'accroît à une vitesse très importante. Le stock de créances en cours détenu par les banques chinoises est en effet passé d'environ 120% du PIB en 2008 à environ 180% du PIB en 2012. Selon les analystes, le service de la dette total du pays représenterait plus d'un tiers du PIB chinois. Pour l'heure, le nombre des défauts n'est pas alarmant. Mais les craintes de l'éclatement d'une bulle immobilière et les surcapacités dans l'industrie ont de quoi inquiéter quant à l'avenir du secteur bancaire chinois. Selon une étude citée par le Wall Street Journal, les banques chinoises auront besoin de 100 milliards de dollars de refinancement dans les deux prochaines années rien que si les taux de crédit baissent effectivement en raison du jeu de la concurrence.
La tribune.fr
 
 
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