Chemise blanc de lait assortie d’une cravate bleu foncé, Ibrahima Macodou Fall, président directeur général (Pdg) de la Nouvelle société textile du Sénégal (Nsts), surveille comme du lait sur le feu le débarquement d’une machine R20 dans les locaux de la Filature textile de Thiès (Ftt). Un grand sourire balafre son visage. Il est tout joyeux comme un enfant qui vient de recevoir son premier vélo. Cet enthousiasme, Fall l’avait perdu depuis plus d’une dizaine d’années. Baron du textile sénégalais, l’homme n’a connu que des déboires sous le régime du président Abdoulaye Wade qui avait brisé son élan d’industriel. La Nsts avait fini de même mettre la clé sous le paillasson plongeant ainsi des centaines de travailleurs au chômage. Le pouvoir de Me Wade avait même voulu confisquer le vaste domaine foncier de la Nsts pour la construction d’une cité ministérielle.
A son avènement, le président Macky Sall a voulu réparer cette injustice qui a fait que la ville de Thiès soit prise en otage par les hommes politiques. Et en marge du Conseil des ministres décentralisé tenu en 2014 dans la ville, il avait procédé à la relance de la Nsts au grand bonheur des Thiessois. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, la Nsts est encore à l’agonie. L’espoir des travailleurs, en chômage technique, s’est dissipé. Volonté réelle de relancer un outil industriel jadis performant ou calcul politique pour capter les suffrages des Thiessois ?
Dans tous les cas, le chef de l’Etat, Macky Sall, à quelques mois de la présidentielle de 2019, a envoyé son ministre de l’Industrie, Moustapha Diop, pour s’enquérir des difficultés que traverse cette entreprise à l’arrêt depuis plus de 8 mois. Même si un plan de relance a été annoncé depuis 2015, la société qui tourne au ralenti est au bord du gouffre. Macky Sall a instruit le comité de restructuration des entreprises en difficulté de se pencher sur le cas de la Nsts. Pour le besoin en fonds de roulement, une réunion a été initiée avec le Pdg de la Nsts pour voir comment lever des fonds sur le marché financier permettant à la Nsts de redémarrer très rapidement ses activités. Mieux, dans le cadre du programme de restructuration, il est prévu l’entrée du Fonsis dans le capital de la Nsts. Ce qui permettrait de réaliser les investissements de la deuxième phase qui vont entrainer la création de plus de 450 emplois dans la ville de Thiès, la transformation à terme sur place de près de 4000 tonnes de coton, et la production de 10 millions de mètres de tissus par an. Ces résultats vont avoir un impact important sur notre économie en contribuant à l’accroissement des recettes d’exportation, et de la valeur ajoutée manufacturière du Sénégal.
Il s’y ajoute que la Nsts, en partenariat avec la société Sinmatex du Maroc, va lancer l’usine de confection de la Compagnie Maroco-Sénégalaise de Textile (Comaset) sur le site de la Nsts. Une usine qui va employer 300 personnes, des jeunes filles de 18 à 25 ans. La Comaset, créée depuis novembre 2016, sera spécialisée dans la fabrication d’articles maille et permettra de valoriser davantage le fil de Ftt. Aujourd’hui, les travailleurs de la Nsts nourrissent beaucoup d’espoirs après la visite du ministre de l’Industrie. Mouhamadou Wone, électronicien, porte encore les stigmates des mois sans salaire. « C’était un peu difficile au niveau des travailleurs mais le Dg n’a jamais ménagé d’efforts pour la reprise de l’entreprise. L’Etat est vraiment prêt à nous soutenir », confie-t-il. Il supervise le débarquement de la nouvelle machine R20 qui a coûté un demi-milliard de F CFA. La première machine R 20 était arrivée en 2015. Ces machines de haute technologie feront de l’usine de textile la plus moderne en Afrique. Engoncé dans un boubou caftan, Mamadou Ndiaye, attaché de direction, croit savoir que beaucoup d’usine de textile ont fermé à cause de la vétusté de leurs machines.
Idrissa Seck : « Cette relance n’était que du cinéma »
Selon M. Latyr Ndella Fall, secrétaire général du syndicat destravailleurs du textile, la Nsts est la seule usine de textile au Sénégal encore debout après la fermeture de la Sotiba, de la Sotexka, d’Icotaf etc... Il reconnait qu’elle bat de l’aile. Et si elle n’est pas assistée, elle va disparaître comme les autres usines de textile. Ndiaga Wade, président de l’association des tailleurs de Thiès, reconnait que le président Macky Sall a activé la Banque nationale de développement économique (Bnde) qui a accompagné la relance de la Nsts.
Toutefois, il estime que si la Bnde n’a pas renouvelé la ligne de crédit, c’est parce que le Pdg de la Nsts n’a pas respecté ses engagements. Car le président Sall a affiché toute sa disponibilité pour aider au redémarrage de la Nsts. Le Chemin de fer, la Nsts, le stade Lat Dior sont des priorités pour le président Macky Sall pour satisfaire les doléances que les Thiessois ne cessent de remettre sur sa table. « La victoire de Macky Sall à Thiès passera par la réhabilitation du Chemin de fer, la relance effective de la Nsts et l’aménagement de la zone économique spéciale de Thiénaba. Ces 3 projets suffiront comme bilan de campagne », soutiennent certains proches du chef de l’Etat dans la cité du Rail. Une déclaration qui pousse beaucoup d’habitants de la ville à dire que le président Macky Sall « veut encore politiser le dossier de la Nsts en prélude à la présidentielle de 2019 surtout qu’il avait procédé à un semblant de relance en 2014 à la veille des élections locales ».
L’ancien Premier ministre et président du parti Rewmi, Idrissa Seck, qui est pour l’accompagnement des champions industriels nationaux fait dans la raillerie en estimant que « la relance de la Nsts n’était que du cinéma ». A l’époque, il avait lui-même, en tant que maire de la ville de Thiès, accueilli à la Nsts le président Sall. Le président du conseil départemental de Thiès qu’il est devenu entretemps trouve que « le textile est un secteur porteur en Afrique pour un président de la République averti et qui a une vision ». Il relève l’existence d’un marché potentiel avec l’Agoa. Mais se veut, par contre, d’avis que « si c’est une production pour un marché de 10 millions d’habitants, cela n’en vaut pas la peine ». Idrissa Seck prône « une politique africaine à l’échelle continentale pour pouvoir concurrencer des pays comme la Chine et les Usa ». Un sentiment partagé par le maire de la commune de Thiès-Ouest, qui abrite ladite usine. M. Alioune Sow pense que « le président de la République a utilisé la relance de la Nsts comme un instrument politique pour capter les suffrages des Thiessois ».
Et d’indiquer : « c’est un dossier purement politique. Macky Sall n’a pas relancé les chantiers de Thiès parce que ces derniers portaient déjà l’empreinte d’Idrissa Seck. Il a préféré redémarrer la Nsts ». Le maire de la commune de Thiès-Ouest de poursuivre : « des employés, un mois après la relance, m’avaient bien dit que ce serait un échec. Parce que ce n’était que du bluff. Ils avaient raison. Depuis plus de 8 mois, l’usine ne tourne pas. Ce qui traduit tout simplement l’échec de Macky Sall. La société traverse une crise extraordinaire. Elle peine à payer ses employés et à produire du fil. Je ne pense pas qu’un seul mètre de tissu sortira de cette usine».
Estimant que « ce n’est pas du tout sérieux », M. Sow rappelle pour s’en désoler que « des milliers de jeunes Thiessois fondaient leur espoir sur cette usine. Car, en termes d’emplois, si la Nsts fonctionne, ce sera au grand bonheur des Thiessois. Quand nous étions plus jeunes, à 18 heures, à la descente des employés, c’était un flux de personnes qui sortaient de l’usine. Il y avait un petit commerce et des emplois indirects vivant de la Nsts. Aujourd’hui, les ouvriers en chômage de cette unité industrielle remplissent les grand places. Je ne crois pas que ce sera avec le président Macky Sall que la Nsts va retrouver son lustre d’antan. Le pays vit des problèmes extrêmement durs. La Nsts est le 5e problème de Macky Sall. Il faut penser à un autre président de la République pour une véritable relance de la Nsts et du Chemin de fer» soutient ce maire membre du parti Rewmi. Quoi qu’il en soit, on note qu’au service d’accueil de la Nsts, plus de 3000 demandes d’emplois ont été répertoriées. Cet espoir de trouver un emploi salarié presque anéanti, des milliers de Thiessois ont fini par prendre les pirogues au péril de leur vie pour espérer devenir des immigrants clandestins en Europe.
http://www.seneplus.com/ -LeTemoin
A son avènement, le président Macky Sall a voulu réparer cette injustice qui a fait que la ville de Thiès soit prise en otage par les hommes politiques. Et en marge du Conseil des ministres décentralisé tenu en 2014 dans la ville, il avait procédé à la relance de la Nsts au grand bonheur des Thiessois. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, la Nsts est encore à l’agonie. L’espoir des travailleurs, en chômage technique, s’est dissipé. Volonté réelle de relancer un outil industriel jadis performant ou calcul politique pour capter les suffrages des Thiessois ?
Dans tous les cas, le chef de l’Etat, Macky Sall, à quelques mois de la présidentielle de 2019, a envoyé son ministre de l’Industrie, Moustapha Diop, pour s’enquérir des difficultés que traverse cette entreprise à l’arrêt depuis plus de 8 mois. Même si un plan de relance a été annoncé depuis 2015, la société qui tourne au ralenti est au bord du gouffre. Macky Sall a instruit le comité de restructuration des entreprises en difficulté de se pencher sur le cas de la Nsts. Pour le besoin en fonds de roulement, une réunion a été initiée avec le Pdg de la Nsts pour voir comment lever des fonds sur le marché financier permettant à la Nsts de redémarrer très rapidement ses activités. Mieux, dans le cadre du programme de restructuration, il est prévu l’entrée du Fonsis dans le capital de la Nsts. Ce qui permettrait de réaliser les investissements de la deuxième phase qui vont entrainer la création de plus de 450 emplois dans la ville de Thiès, la transformation à terme sur place de près de 4000 tonnes de coton, et la production de 10 millions de mètres de tissus par an. Ces résultats vont avoir un impact important sur notre économie en contribuant à l’accroissement des recettes d’exportation, et de la valeur ajoutée manufacturière du Sénégal.
Il s’y ajoute que la Nsts, en partenariat avec la société Sinmatex du Maroc, va lancer l’usine de confection de la Compagnie Maroco-Sénégalaise de Textile (Comaset) sur le site de la Nsts. Une usine qui va employer 300 personnes, des jeunes filles de 18 à 25 ans. La Comaset, créée depuis novembre 2016, sera spécialisée dans la fabrication d’articles maille et permettra de valoriser davantage le fil de Ftt. Aujourd’hui, les travailleurs de la Nsts nourrissent beaucoup d’espoirs après la visite du ministre de l’Industrie. Mouhamadou Wone, électronicien, porte encore les stigmates des mois sans salaire. « C’était un peu difficile au niveau des travailleurs mais le Dg n’a jamais ménagé d’efforts pour la reprise de l’entreprise. L’Etat est vraiment prêt à nous soutenir », confie-t-il. Il supervise le débarquement de la nouvelle machine R20 qui a coûté un demi-milliard de F CFA. La première machine R 20 était arrivée en 2015. Ces machines de haute technologie feront de l’usine de textile la plus moderne en Afrique. Engoncé dans un boubou caftan, Mamadou Ndiaye, attaché de direction, croit savoir que beaucoup d’usine de textile ont fermé à cause de la vétusté de leurs machines.
Idrissa Seck : « Cette relance n’était que du cinéma »
Selon M. Latyr Ndella Fall, secrétaire général du syndicat destravailleurs du textile, la Nsts est la seule usine de textile au Sénégal encore debout après la fermeture de la Sotiba, de la Sotexka, d’Icotaf etc... Il reconnait qu’elle bat de l’aile. Et si elle n’est pas assistée, elle va disparaître comme les autres usines de textile. Ndiaga Wade, président de l’association des tailleurs de Thiès, reconnait que le président Macky Sall a activé la Banque nationale de développement économique (Bnde) qui a accompagné la relance de la Nsts.
Toutefois, il estime que si la Bnde n’a pas renouvelé la ligne de crédit, c’est parce que le Pdg de la Nsts n’a pas respecté ses engagements. Car le président Sall a affiché toute sa disponibilité pour aider au redémarrage de la Nsts. Le Chemin de fer, la Nsts, le stade Lat Dior sont des priorités pour le président Macky Sall pour satisfaire les doléances que les Thiessois ne cessent de remettre sur sa table. « La victoire de Macky Sall à Thiès passera par la réhabilitation du Chemin de fer, la relance effective de la Nsts et l’aménagement de la zone économique spéciale de Thiénaba. Ces 3 projets suffiront comme bilan de campagne », soutiennent certains proches du chef de l’Etat dans la cité du Rail. Une déclaration qui pousse beaucoup d’habitants de la ville à dire que le président Macky Sall « veut encore politiser le dossier de la Nsts en prélude à la présidentielle de 2019 surtout qu’il avait procédé à un semblant de relance en 2014 à la veille des élections locales ».
L’ancien Premier ministre et président du parti Rewmi, Idrissa Seck, qui est pour l’accompagnement des champions industriels nationaux fait dans la raillerie en estimant que « la relance de la Nsts n’était que du cinéma ». A l’époque, il avait lui-même, en tant que maire de la ville de Thiès, accueilli à la Nsts le président Sall. Le président du conseil départemental de Thiès qu’il est devenu entretemps trouve que « le textile est un secteur porteur en Afrique pour un président de la République averti et qui a une vision ». Il relève l’existence d’un marché potentiel avec l’Agoa. Mais se veut, par contre, d’avis que « si c’est une production pour un marché de 10 millions d’habitants, cela n’en vaut pas la peine ». Idrissa Seck prône « une politique africaine à l’échelle continentale pour pouvoir concurrencer des pays comme la Chine et les Usa ». Un sentiment partagé par le maire de la commune de Thiès-Ouest, qui abrite ladite usine. M. Alioune Sow pense que « le président de la République a utilisé la relance de la Nsts comme un instrument politique pour capter les suffrages des Thiessois ».
Et d’indiquer : « c’est un dossier purement politique. Macky Sall n’a pas relancé les chantiers de Thiès parce que ces derniers portaient déjà l’empreinte d’Idrissa Seck. Il a préféré redémarrer la Nsts ». Le maire de la commune de Thiès-Ouest de poursuivre : « des employés, un mois après la relance, m’avaient bien dit que ce serait un échec. Parce que ce n’était que du bluff. Ils avaient raison. Depuis plus de 8 mois, l’usine ne tourne pas. Ce qui traduit tout simplement l’échec de Macky Sall. La société traverse une crise extraordinaire. Elle peine à payer ses employés et à produire du fil. Je ne pense pas qu’un seul mètre de tissu sortira de cette usine».
Estimant que « ce n’est pas du tout sérieux », M. Sow rappelle pour s’en désoler que « des milliers de jeunes Thiessois fondaient leur espoir sur cette usine. Car, en termes d’emplois, si la Nsts fonctionne, ce sera au grand bonheur des Thiessois. Quand nous étions plus jeunes, à 18 heures, à la descente des employés, c’était un flux de personnes qui sortaient de l’usine. Il y avait un petit commerce et des emplois indirects vivant de la Nsts. Aujourd’hui, les ouvriers en chômage de cette unité industrielle remplissent les grand places. Je ne crois pas que ce sera avec le président Macky Sall que la Nsts va retrouver son lustre d’antan. Le pays vit des problèmes extrêmement durs. La Nsts est le 5e problème de Macky Sall. Il faut penser à un autre président de la République pour une véritable relance de la Nsts et du Chemin de fer» soutient ce maire membre du parti Rewmi. Quoi qu’il en soit, on note qu’au service d’accueil de la Nsts, plus de 3000 demandes d’emplois ont été répertoriées. Cet espoir de trouver un emploi salarié presque anéanti, des milliers de Thiessois ont fini par prendre les pirogues au péril de leur vie pour espérer devenir des immigrants clandestins en Europe.
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