Décentralisation : Arrimer la création de villes nouvelles avec des politiques d’inclusion spatiale

Vendredi 3 Juillet 2015

Plusieurs pays se sont dotés de nouvelles capitales, dont certaines comptent aujourd’hui plus d’un million d’habitants. Si cette approche peut permettre d’améliorer le développement territorial, elle ne se révèle pas toujours multidimensionnelle, participative ou inclusive .


Beaucoup de pays ont tendance à créer de nouvelles villes, mais le hic c’est qu’elles ne sont arrimées à aucune politique d’inclusion spatiale. Ce qui fait que la plupart d’entre elles sont des coquilles vides. En effet, les villes nouvelles peuvent contribuer à équilibrer les réseaux de villes, promouvoir les centres  de croissance territoriale et décongestionner les mégapoles. Dans le passé, cela a été le cas du développement urbain le long de la frontière américaine par les colons, aux Etats-Unis. Presque tous les pays africains ont mis en œuvre une planification urbaine en s’efforçant de développer des villes au sein des nouveaux quartiers. Le Togo a crée une nouvelle région, la région de la Kara, en vue d’en faire un deuxième pôle de développement qui devait remédier aux inégalités territoriales extrêmes entre les riches zones côtières du Sud et le reste du pays. Cependant, cette politique, conçue à l’échelon central, a fait des spécificités locales. Par exemple, l’industrie textile de la Kara reçu des investissements massifs, mais la production de coton est restée anecdotique.
Autre cas illustratif, l’Angola a récemment construit un vaste quartier résidentiel à Kilamba, à 30km du centre de Luanda. L’objectif était de désengorger  la capitale et de tenir  l’engagement national de construire 1 million de nouveaux logements. Ce projet ayant été imposé depuis le sommet, il ne prend pas en compte la réalité  de la demande de logements : les prix de vente compris entre 120 000 et 200 000 dollars des Etats-Unis (USD) mettaient ces logements largement hors de portée de la population. Cette localité est restée une ville fantôme jusqu’à ce que l’Etat accepte d’accorder des subventions permettant de diviser ces prix par deux. Idem pour l’Egypte. Ce pays a construit plus de 20 villes nouvelles depuis 1974 pour décongestionner sa capitale, le Caire. Ces programmes ont absorbé 22% des investissements, du ministère de l’infrastructure entre 1997 et 2011. Ils ont tout fait pour encourager les investissements, mais ont malheureusement laissé de côté les questions de l’accessibilité et des services locaux. Ces villes nouvelles n’ont pas attiré plus de 1% de la population et le Caire reste congestionné. En mars 2015, le gouvernement a fait part de son projet de bâtir une nouvelle capitale administrative sous cinq à sept ans.  En 1983, le président Houphouët-Boigny a fait de Yamoussoukro (son lieu de naissance) la nouvelle capitale de la Cote d’Ivoire, en déplaçant le parlement et l’administration depuis Abidjan. Ce projet s’est attiré des critiques car Yamoussoukro a accueilli des chantiers de construction  pharaoniques alors que le pays restait à la traîne pour les indicateurs de développement humain. Le décollage de la nouvelle capitale a été extrêmement lent.
Le bilan mitigé des villes nouvelles s’explique largement par le fait que bien souvent, ces villes n’ont pas pour objectif d’améliorer l’inclusion spatiale ou de promouvoir le développement. En réalité, il arrive même qu’elles aggravent l’exclusion spatiale, de facto ou délibérément.
Pathé TOURE
 
 
 
 
 
 
Economie

Partenaires au développement | Bailleurs de fonds | Conseil des ministres | Economie




En kiosque.














Inscription à la newsletter