Algérie: Le rôle dévastateur des chaînes de télévision satellitaires

Mardi 22 Juillet 2014

Montée du radicalisme religieux dans les sociétés musulmanes et en Occident
L'an dernier, à la même période, la dernière semaine du mois de juillet, le ministère algérien des Affaires religieuses et des Wakfs avait rendu public un communiqué qui mettait en garde tous ceux qui faisaient appel aux fatwas et ouléma étrangers, notamment via les chaînes de télévision satellitaires qui ont infesté ces dernières années, avec leur discours radical, le monde audiovisuel à travers le monde. Un discours axé sur le rejet des autres religions (chrétiennes, juive, etc), l'avilissement de la femme et le djihad au nom de la défense de l'islam.


Algérie: Le rôle dévastateur des chaînes de télévision satellitaires
La télévision est la pire invention de l'humanité, avait résumé le défunt sociologue français Pierre Bourdieu, qui a consacré du temps et des écrits sur ce sujet. Et le temps a fini par lui donner raison sur cet outil, à la fois extraordinaire et fatal pour l'humanité à l'aube de ce vingt-et-unième siècle, où la guerre médiatique est déterminante dans toute bataille armée. Depuis l'invasion américaine de l'Afghanistan, en 2001, puis celle de l'Irak deux ans plus tard, sous prétexte de lutte contre le terrorisme islamiste d'Al-Qaïda, responsable présumé des attentats du 11 septembre contre les Tours jumelles de New York, le monde a vu arriver de nouvelles chaînes satellitaires thématiques sur les écrans.
Les barrières géographiques ont été brisées via des satellites qui sont devenus, en l'espace de quelques années, de véritables canaux de promotion idéologique et de formatage des masses. Les évènements actuels en Afrique et au Proche-Orient sont la meilleure illustration du désastre idéologique que ces chaînes islamistes ont causé chez les jeunes. Ces chaînes, qui constituent le tremplin des discours les plus intolérants et haineux, ont une part de responsabilité dans le départ de nombreux jeunes à ce qui est communément appelé le djihad.
Aucun pays n'y échappe, y compris en Europe et aux Etats-Unis, où les gouvernements précédents avaient accueilli, voire protégé, les plus dangereux des prédicateurs et chefs terroristes en costume-cravate, allant jusqu'à justifier leur protection par le souci du respect des droits de l'Homme et du droit d'expression. Ces chefs terroristes ont fini par se retourner contre leurs protecteurs, après avoir diffusé leur venin au sein d'une jeunesse désappointée par le chômage. Des jeunes qui ont perdu toute notion d'identité et d'appartenance à une communauté de destin, préférant se tourner vers un autre horizon qui ne fait qu'accélérer leur dépérissement. Avec la guerre civile en Syrie et la naissance du mouvement terroriste l'Etat islamique en Irak et au Levant, le monde découvre avec stupéfaction le nombre impressionnant d'étrangers qui combattent contre les régimes en place et aussi contre l'opposition armée qui est, de fait, discréditée.
Ondes négatives
Les pétrodollars ont offert une chance inouïe aux monarchies du Golfe pour passer à l'offensive dans le monde arabe et toucher, comme par un effet de domino, les pays occidentaux où vit une forte communauté musulmane. Les chaînes religieuses, censées promouvoir une image positive de l'islam, l'idée d'une religion de tolérance et du vivre-ensemble, ont versé dans le discours haineux, rejetant toute idée du respect de la différence.
Ainsi, les jeunes maghrébins en France, en Angleterre, au Canada ou aux Etats-Unis se sentent plus proches de la culture dévastatrice wahhabite que des cultures ancestrales de leurs pays d'origine. Ces mêmes jeunes maghrébins se montrent plus sensibles à ce qui se passe au Proche-Orient que dans les pays d'origine de leurs parents et grands-parents, bien que toute tragédie humaine ne devrait en aucun cas nous laisser indifférents. Certains ont carrément rejoints les zones de guerre, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Afghanistan pour défendre des causes humainement indéfendables, sous-couvert de défense de la religion musulmane. Ces choix sont le résultat des fatwas et des émissions religieuses qui sont émises à longueur de journée par des prédicateurs, devenus de véritables idoles pour des millions de musulmans, à travers le monde.
Si certains prédicateurs, dont la liste est très longue, affichent clairement leur haine des autres communautés religieuses et de l'Occident (chez qui ils vont se soigner toutefois), d'autres sont plus sournois. Derrière des propos habillés de modernité et d'esprit d'ouverture sur le monde, se cachent de violents sentiments de haine qu'ils nourrissent avec le Coran et les hadiths (les dits du prophète). L'an dernier, à la même période, la dernière semaine du mois de juillet, le ministère algérien des Affaires religieuses et des Wakfs avait rendu public un communiqué qui mettait en garde tous ceux qui faisaient appels aux fatwas et ouléma étrangers, notamment via les chaînes de télévision satellitaires qui ont infesté ces dernières années, avec leur discours radical, le monde audiovisuel à travers le monde.
«Nous mettons en garde contre ces fatwas sollicitées auprès d'Ouléma non algériens car véhiculant des messages pouvant altérer l'intérêt suprême du pays, nos référence et intégrité religieuses», avait déclaré, inquiet, l'imam Djelloul Guessoul à la mosquée d'Hydra, sur les hauteurs d'Alger, repris par l'APS. Ces propos sont amplement suffisants pour comprendre l'inquiétude suscitée par les chaînes religieuses dans un pays européen connu pour être la banque privilégiée des monarques autoproclamés des pays du Golfe. Il s'agit en effet de la Suisse dont l'Assemblée fédérale avait opté en 2010 pour l'interdiction de diffusion de certaines chaînes islamistes, à leur tête Al-Manar qui appartient au Hezbollah libanais (chiite).
Le parlement suisse avait estimé que «toute chaîne satellitaire ou sur Internet, diffusant un discours incitant à la haine ou à la violence doit être interdite», lit-on sur le site de cette institution. A noter enfin que ces chaînes propagandistes sont financées par les Etats ou les princes milliardaires qui s'adonnent, sur leur yacht amarré sur la rive nord en Méditerranée, et dans les grands palaces occidentaux, à tout ce que les prédicateurs qu'ils arrosent avec les pétrodollars interdisent leurs prêches via le petit écran. C'est dire que la lutte contre l'idéologie islamiste radicale est vouée d'avance à l'échec sur le terrain militaire.
Latribune/allafrica.com
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