Afrique : La problématique de la formation emploi

Jeudi 17 Juillet 2014

Vincent Akue, Expert Conseil et Directeur de Vision Afrique, expose ici son point de vue sur la question de l'adéquation formation/emploi.


Vincent Akue, Expert Conseil et Directeur de Vision Afrique
Vincent Akue, Expert Conseil et Directeur de Vision Afrique
La question de l’adéquation formation emploi en Afrique fait en ce moment l’objet d’un débat constant face à la poussée du chômage, particulièrement celui des jeunes. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, le chômage touche plus de 50% de la population active. Une certaine opinion pense que la solution réside dans la formation de gestionnaires plus qualifiés capables de prendre en main les questions de création et de développement des PME, le secteur privé étant "perçu" comme le moteur de la croissance.
La question de fond me semble-il, n’est pas tant la formation des gestionnaires. A Dakar par exemple, il y a de belles choses qui se font. Mais, les entreprises ne recrutent pas pour autant.
La question fondamentale est comment impulser le développement de nos économies, comment créer un climat favorable pour le renforcement de la compétitivité de la PME plurielle, sur le marché tant local qu’international pour celles qui doivent gérer cette fonction, car il est évident que toutes les PME ne peuvent pas exporter.
Cela requiert d’abord d’avoir des "Etats promoteurs" qui donnent des orientations précises à l’économie. Cela suppose des choix stratégiques qui indiquent les secteurs structurants et les incitations que le pouvoir public compte mettre en place pour attirer et développer les entreprises privées nationales et l’investissement direct étranger.
Cela suppose des stratégies claires d’allocation des ressources publiques et de la constance dans les programmes (éviter les projets à la pelle montés selon les humeurs et les urgences du moment) avec un séquencement ou un phasage harmonieux dans le temps et un mécanisme de suivi évaluation pour mesurer la pertinence des choix et des actions. Cela implique également une grande capacité d’écoute et de décision, un travail de pédagogie, de mobilisation, de communication et de responsabilisation.
Le développement des ressources humaines ne peut se concevoir que dans ce cadre. La formation répondra alors à la question : quels métiers, expertises et compétences développer pour soutenir et accompagner le développement des secteurs stratégiques maintenant et dans le long terme. Ce travail de formation bien évidemment se fera par le secteur privé comme acteur et relais pour la pérennisation des actions, en partenariat étroit avec le secteur public.
C’est révolu le temps où on jetait la pierre à l’Etat au nom du libéralisme. C’est un leurre que de croire dans la perfection du marché. Nous sommes en Afrique les seuls à ne pas comprendre cela. Conséquence : nous avons ouvert grand nos marchés au commerce international sans être capables de l’animer.
S’il y a un besoin urgent de formation, c’est la conscientisation et la formation des décideurs publics et des planificateurs. Nos économies ploient pour l’essentiel sous le poids de contraintes institutionnelles, que ce soit la bureaucratie, l’accès au financement, l’accès à la terre et à la propriété, la sécurisation des investissements, le régime fiscal, la faiblesse des infrastructures, etc.
Tant qu’elles ne seront pas levées, nous serons toujours les derniers de la classe. Travaillons à bâtir un Etat Promoteur, mieux structuré autour d’objectifs économiques ambitieux avec une équipe bien qualifiée qui en veut.
Faire que le secteur public ne soit plus le déversoir, mais l’inducteur du développement et le facilitateur de la croissance pour la PME. Cela suppose aussi une moralisation de la vie publique pour affirmer les lignes de rupture. C’est cela, me semble-t-il, le chantier le plus urgent.
Detectemploi.com
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