APE : L’expert Alioune Niang d’ENDA CACID déplore la non prise en compte de la libre circulation des personnes

Jeudi 12 Novembre 2015

L’Accord de partenariat économique (APE) entre la CEDEAO et l’Union européenne (UE) n’a pas pris en compte un pilier substantiel qu’est la libre circulation des personnes, a déclaré mercredi à Dakar M Alioune Niang Coordonnateur de l’observatoire de la cohérence des politiques et de la libre circulation des marchandises et des personnes d’ENDA CACID.


Il intervenait en tant que panéliste lors d’un débat sur les menaces ou opportunités de l’APE organisé par la Fondation Friedrich Ebert basé à Dakar. « L’APE est un texte de 114 articles et des annexes qui ne traite que de la libre circulation des marchandises et non la libre circulation des personnes alors que la zone de libres échanges n’est rien d’autre qu’un espace constitué d’Etats qui acceptent entre eux de supprimer les obstacles à la libre circulations des marchandises et des personnes », a déploré M. Niang. Cet expert qui a pris une part active au processus de négociation de l’APE, estime que l’UE n’a pas voulu y intégrer cette clause. « Seules les considérations commerciales intéressent l’UE dans la création de cette zone de libres échanges », affirme encore M. Niang. Selon lui, c’est ce qui fait que la position de la société civile africaine ne va jamais changer tant que certaines préoccupations ne seront pas acceptées par toutes les parties notamment l’UE. Il ajoute que les citoyens de l’UE ont beaucoup plus de possibilités de venir en Afrique de l’Ouest pour voir les opportunités économiques. Ce qui n’est pas le cas pour les opérateurs économiques Africains qui buttent à la politique des visas de l’UE.
Malgré tout, M. Niang  s’est voulu équilibré dans son appréciation de l’APE. « L’APE charrie à la fois des menaces et des opportunités», avance-t-il. Les menaces sont multiformes. Sur le plan juridique,  le principe de la réciprocité est institué dans l’APE. Ce qui n’est pas le cas dans le cadre du système commercial multilatéral où, selon M. Niang, les pays du Sud avaient obtenu des acquis en raison des écarts de développement entre eux et les pays du Nord. La clause d’habilitation (à travers laquelle les pays développés accordent aux pays du Sud un régime tarifaire préférentiel) est mise en péril avec l’introduction de la clause de la Nation la plus favorisée.
Sur un autre registre M. Niang souligné les menaces de l’APE sur l’intégration africaine avec l’hypothèse que le Nigeria ne ratifie pas l’APE.  « Or, poursuit-il, ce pays qui pèse 77% du PIB régional, n’est pas encore prête à ratifier l’APE ».
D’autres menaces ont été relevées par Alioune Niang. Il en est ainsi de la baisse des droits de douane des Etats notamment les plus pauvres. Ce qui aura pour conséquence une pression fiscale beaucoup plus forte sur les entreprises.
Concernant les opportunités de l’APE, M. Niang avance que théoriquement cet accord ouvre aux pays de la CEDEAO le marché de 28 pays européens. Mais concrètement l’Afrique de l’Ouest ne commerce pas avec beaucoup de pays européens comme la Slovénie. L’APE favorisera l’industrialisation de l’Afrique de l’Ouest avec l’acquisition de biens d’équipement induite par la suppression des droits de douanes.
El Hadj Diakhaté
Actu-Economie


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